La conquête des 552 collectivités administratives du Sénégal (communes urbaines ou rurales) et 45 départements est partie pour être le temps d’élections locales qui seront certainement les plus ouvertes dans l’histoire politique du Sénégal. Pour cause, des centaines de coalitions et de mouvements politiques porteurs de quelque 2707 listes de candidats ont entrepris d’aller à la quête des suffrages des citoyens pour renouveler le leadership à la tête des villes, communes et conseils départementaux (une innovation introduite par la nouvelle réforme de l’administration territoriale dite Acte III de la décentralisation).
Par la pléthore des listes de candidats en lice, les Locales de 2014 annoncent de fait des joutes où les pronostics ne sont pas donnés d’avance, et cela pratiquement dans toutes les circonscriptions électorales. Les raisons sont à rechercher à ce niveau aussi bien dans les césures enregistrées au sein de la mouvance présidentielle qui a quasiment éclatée à l’épreuve des ambitions nationales de ses principaux leaders et de ses responsables à la base, que dans les alliances contre nature foisonnant avec les schémas les plus inattendus (des partis de la majorité n’ayant pas hésité à contracter avec des membres de l’opposition pour ces Locales).
Qui plus est, les grands bastions électoraux sont devenus, avec ces joutes de juin, l’objet de guéguerres « fratricides » et de duels sans merci entre chefs de parti en passe de se positionner pour la présidentielle de 2017. Dakar, Pikine, Guédiéwaye, Rufisque, Thiès, Saint-Louis et autre Podor n’échappent pas à ces oppositions ouvertes où des alliés au second tour de la présidentielle et membres de la majorité vont devoir guerroyer, les uns contre les autres, pour conserver leur…espace vital dans cette nouvelle réorganisation de l’administration territoriale.
Particulièrement marquant, le cas de la capitale sénégalaise où le maire sortant
Khalifa Sall du Ps (un allié de taille du Chef de l’Etat Macky Sall) est court-circuité par le parti au pouvoir, en l’occurrence l’Apr qui est décidée à s’emparer de son fauteuil, certainement au profit de l’actuel Premier ministre Aminata Touré, comme l’annoncent les moindres supputations. D’ailleurs, le parti au pouvoir semble avoir trouvé, selon beaucoup d’analystes politiques, un stratagème efficace pour débouter
Khalifa Sall de son trône.
L’Acte III de la décentralisation a ainsi supprimé le scrutin de ville et les listes de ville pour corréler le choix du maire de la capitale à un autre mode d’élection. Désormais, le maire est élu par un conseil municipal « désigné » à la proportionnelle et au scrutin majoritaire (55/45).
Khalifa Sall se retrouve obligé d’aller en croisade déjà dans sa commune de Grand Yoff, en compétition avec Aminata Touré, avant de pouvoir réclamer la direction de la mairie de Dakar. Le même mode d’élection est d’ailleurs étendu aux villes de Pikine, Guédiéwaye, Rufisque, Thiès (le fief de Idrissa Seck). Une option du pouvoir, dit-on, pour mettre la main sur ces bastions électoraux, en perspective de la présidentielle de 2017.
De l’autre côté, l’opposition
politique malmenée lors des dernières joutes présidentielle et législatives semble vivre, elle, une seconde jeunesse avec le retour d’exil de son leader historique, Me Abdoulaye Wade qui entend battre campagne nationale contre l’Apr pour ces Locales à venir. Son retour annoncé d’hier, vendredi, après quelques jours passés en France, présage déjà d’une implication active dans cette campagne du « Pape du Sopi » qui n’a pas hésité à exhorter ses militants à tout faire pour gagner les Locales. Quitte à s’allier « avec le diable même pour battre Macky ». Bennoo Bokk Yaakaar pratiquement en mille morceaux et en guerre contre lui-même, l’opposition tant soit peu revigorée, voire la profusion des listes de candidats écartelant les intentions de vote, les Locales du 29 juin prochain semblent de fait bien parties pour annoncer une compétition où les pronostics ne semblent écarter aucun verdict.
SOURCE:http://www.sudonline.sn/les-paris-sont-ouverts_a_19392.html