« Les entrepreneurs africains sont des héros »
Septième invité de la grande interview réalisée conjointement par RFI etJeune Afrique, Jean-Michel Severino a tout du surdoué. Vice-président de la Banque mondiale à l’âge de 40 ans, patron de l’Agence française de développement deux ans plus tard, il investit désormais dans les PME africaines. Un parcours qu’il s’amuse à comparer à « l’évolution même de l’Afrique », des besoins de restructuration à la naissance d’un véritable esprit entrepreneurial.
Pour télécharger l’interview en audio de Jean-Michel SEVERINO :
Verbatim de l’émission diffusée demain à 12h30
Sur le recul de la France en Afrique
Jean-Michel Severino : « Les chiffres sont terrifiants : dans la décennie qui vient de s’écouler, les exportations africaines ont cru d’environ 16% par an. Au cours de la même période, la part de marché de la France a été divisée par deux, passant d’environ 10% à un peu moins de 4%. En même temps, les Français ont été meilleurs investisseurs qu’exportateurs, avec des investissements français en Afrique multipliés par quatre. »
La question de l’aide
Jean-Michel Severino : « Au cours de la dernière décennie, on a vu les opinions publiques et les élites africaines évoluer très fortement d’une demande d’aide vers une demande de commerce et d’investissements. Il y a d’ailleurs eu des ouvrages spectaculaires sur ce sujet comme celui de Dambisa Moyo, quoi qu’on pense du fond. Je trouve d’ailleurs que c’est un très mauvais livre mais il exprime quelque chose de très ressenti sur le continent. L’Afrique a encore besoin d’aide au développement. »
Les Français et l’Afrique
Jean-Michel Severino : « La perception de l’impact de la croissance africaine sur les économies européennes est très faible donc ce regard n’a changé que très partiellement. De quoi parle-t-on aujourd’hui ? De la crise en Centrafrique, de la tentative de coup d’Etat en RD Congo… »
Le renversement du rapport de force économique
Jean-Michel Severino : « C’est presque une fatalité. L’Afrique dépassera les deux milliards d’habitants au cours de ce siècle. Sur la base des rythmes de croissance actuels, la taille de l’économie africaine sera celle de la Chine aujourd’hui. Economiquement, la transformation sera très profonde. Dans notre portefeuille d’entreprises actuel, nous avons une famille espagnole qui a fait le choix de s’investir avec une famille africaine au Sénégal. On verra de plus en plus d’exemples de ce type. »
La question des visas
Jean-Michel Severino : « Il y a déjà eu un assouplissement ces dernières années concernant l’octroi des visas à caractère économique mais nous ne sommes pas encore au bout de chemin. S’il y a bien un thème que tout le monde soulève, c’est le caractère pathétique de la politique des visas. Si on ne règle pas ce problème, rien du reste n’en bougera. »
240 000 emplois en France
Jean-Michel Severino : « Ce chiffre est même timide. Si on estime que le commerce extérieur africain va continuer à croître de 15% à 20% par an pendant la prochaine décennie, 400 000 emplois seraient créés en France grâce aux relations commerciales avec le continent. »
Les entrepreneurs africains
Jean-Michel Severino : « Ils sont des héros pas simplement en raison des défaillances du système fiscal et institutionnel ou de la corruption. C’est bien d’avoir une usine mais si la route est inondée six mois par an, si l’électricité ne fonctionne que quelques heures par jour. »
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