Il s’y ajoute également que je suis un député qui préside la commission des lois. Au regard de toutes ces qualités, c’est normal que je vienne le voir comme j’ai vu d’autres détenus. Nous préparons les visites hivernales pour voir comment vivent les détenus.
Dans quel état d’esprit l’avez-vous trouvé et quels ont été les temps forts de votre discussion?
Je l’ai trouvé très serein, jovial. On s’est taquiné un peu. J’ai mis à l’épreuve ses nerfs et j’ai vu qu’il a de fortes réserves. Nous avons parlé de tout. Nous avons parlé des choses de la vie. Nous avons parlé du dossier de la traque des biens mal acquis. Il a dit qu’il n’a rien à se reprocher, que la procédure de la Crei n’avait pas sa raison d’être. Les retrouvailles de la famille libérale se sont invitées dans la discussion. Macky Sall avait parlé, en son temps, de compromis historique, mais moi, je vais plus loin. C’est plutôt un compromis biologique de survie de la famille libérale et la continuation du pouvoir entre les mains des libéraux comme le père Wade l’avait théorisé. Cela doit être une réalité. Les socialistes ont montré leurs limites, n’en déplaise même dans mon propre camp. Macky Sall est un libéral qui a été formé à la bonne école avec comme professeur, l’éminent Abdoulaye Wade. On ne peut pas l’occulter. Macky Sall a montré qu’il est un pur produit de la famille libérale en étant, dans tous les postes qu’il a occupés, le meilleur de sa génération. Aujourd’hui, on ne doit pas freiner cette dynamique. L’idéal qui nous unit transcende même les contingences politiques. Aujourd’hui, les alliances se font au gré des opportunités. Je n’ai rien contre, mais que des socialistes nous donnent la leçon en brandissant des menaces, cela me fait rire.
Après cette visite, envisagez-vous de rencontrer le Président Macky Sall pour lui parler du cas Karim Wade ?
Je n’ai pas besoin de rencontrer Macky Sall pour lui dire ce que je pense. Je suis libéral, formé à la bonne école. J’ai ma liberté de pensée et d’opinion et c’est cela qui fait un homme d’état. Ce que je disais à Wade, c’est cela que je dirai à Macky Sall. Si je vois une démarche qui risque de lui priver le pouvoir comme cela est arrivé à mes frères libéraux à l’époque qui me traitaient de fou philosophe, mais ils ont vu quand les tuiles sont tombées. Aujourd’hui, nous sommes dans cette dynamique.
SOPHIE BARRO