Dans son document, fruit d’une recherche bien fouillée sur les manuscrits d’érudits sénégalais, comme Khaly Madiakhaté Kala, Serigne Mbacké Bousso, El hadji Malick Sy ou encore Serigne Touba…, il a démontré que des hommes religieux sénégalais, bien que n’étant pas les précurseurs, ont effectivement écrit sur cette école théologique islamique. « Le jury était émerveillé d’apprendre que des érudits sénégalais ont écrit sur l’acharisme. C’est ce qui m’a valu la mention Très Honorable avec les félicitations du jury », a expliqué M. Dièye de passage au quotidien national le « Soleil ». Pour lui, l’Islam pratiqué au Sénégal est copié du Maroc. Et les Marocains sont des Acharites. Toutefois, il a soutenu que cette doctrine est peu connue par les Sénégalais. « J’ai parcouru des kilomètres, jusqu’aux coins et recoins du Sénégal, dans les familles religieuses, pour chercher les manuscrits que j’ai exploités dans ma thèse. Dans le document, j’ai cité les érudits sénégalais qui ont écrit sur la question. Ils n’ont pas créé cette philosophie islamique, mais ils ont repris et commenté dans les détails des livres que des Marocains et autres Arabes ont théorisé sur le sujet », a avancé le chercheur. A l’en croire, il voulait montrer aux Marocains que les Sénégalais ont écrit sur tous, y compris sur l’acharisme. « J’ai constaté que dans les bibliothèques arabes, on trouve des écrits d’érudits Marocains, Yéménites et même Mauritaniens, mais jamais des œuvres de Sénégalais sur cette école de pensée », a-t-il souligné. Avec cette thèse, a indiqué Mouhamed Bouchra Dièye, toute la Oumah islamique comprendra que des religieux sénégalais ont travaillé sur la philosophie acharite.
M. Dièye espère que cette thèse va pousser les chercheurs arabes qui ne savaient rien sur l’Afrique noire à s’intéresser davantage au continent. « C’est un début de recherche, mais nous avons voulu aussi inciter les jeunes générations de chercheurs sénégalais sur l’Islam à s’intéresser à cette école de pensée. Il y avait Amath Samb de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) qui avait écrit sur les érudits sénégalais, mais sous l’angle littéraire », a défendu le chercheur, qui a aussi révélé qu’un certain Mohamed Bâ avait présenté sa thèse à Sorbonne sur les érudits peuls. Mohamed Diouf de Bargny a aussi effleuré la question. Mais sa thèse, a-t-il estimé, semble être plus exhaustive. Elle touche presque toutes les familles religieuses du Sénégal.
Mouhamed Bouchra Dièye a invité aussi les étudiants qui s’intéressaient plus aux érudits marocains, libanais et autres à se réorienter au Sénégal, d’autant plus qu’il y a matière à la recherche. « C’est vraiment une porte d’entrée pour les étudiants sénégalais qui veulent faire des recherches sur nos hommes religieux », a-t-conseillé. L'acharisme, une école théologique de l'Islam, est fondée par Abû Al-Hasan Al-Acharî (873-935), descendant d'Abu Musa al-Achari, compagnon du Prophète Mohamed (Psl) et issu de la tribu yéménite des acharites.
Ndiol Maka SECK
source: http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=35833:these-mouhamed-bouchra-dieye-pose-les-premiers-jalons-dune-recherche-sur-lacharisme&catid=140:actualites
-
0
-
0
-
0
-
0
-
0
-
0