L’impressionnant dispositif sécuritaire mis en place par les forces de l’ordre a radicalement changé le décor habituel du tribunal de Dakar hier, lundi 23 mars. De longues files d’attente se sont formées ainsi à la maison de justice très tôt envahie, certes par de simples usagers du tribunal, mais aussi et surtout par des Karimistes. Ce qui n’a pas manqué de perturber la quiétude des lieux, non sans handicaper ceux qui étaient venus pour régler autre chose au Palais de justice
Casques bien vissées au niveau des têtes, habillement anti-émeute aux normes, grenades lacrymogènes et matraques bien fournies, barrières visibles partout au niveau des carrefours qui mènent vers le Tribunal de Dakar, ainsi que des pickups remplis d’éléments des forces de police. Tel a été le décor hier, lundi 23 mars, aux abords du Tribunal de Dakar. Le Palais de justice a renoué en effet avec son décor des premiers jours de procès contre Karim Wade et co-prévenus, poursuivis pour enrichissement illicite par la Crei. Les forces de l’ordre étaient bien visibles partout autour du lieu où se tenait le délibéré du procès le plus médiatisé de l’histoire de la justice sénégalaise. Comme si leur vocabulaire se limitait à «dégagez», «poussez», ou encore «circulez», les policiers étaient intraitables hier. Pour accéder jusqu’au hall de la bâtisse, il fallait passer au moins 3 barrages de policiers et de gendarmes. Cela, après avoir montré carte blanche sur les motifs de la présence sur les lieux. Un dispositif sécuritaire qui n’a pas été sans conséquence.
En effet, l’entrée au tribunal a été un casse-tête chinois, que se soit pour les militants et sympathisants du Parti démocratique sénégalais (Pds) comme pour les autres usagers des lieux, venus répondre à des rendez-vous, ou pour chercher des papiers administratifs. De très longues files ont été ainsi formées au niveau des barrières, tout comme devant la porte principale du Palais de Justice. Le scénario était le même à l’intérieur de la Cour, avant d’accéder au hall où était installé un détecteur de métaux. Une situation qui a occasionné de longues minutes d’attentes sous un chaud soleil et sous le regard vigilant des éléments du Groupement Mobile d’Intervention (Gmi) qui filtraient toutes les entrées. Les usagers, mécontents de ce traitement, ont préféré prendre leur mal en patience, pour ne pas se faire expulser des rangs. Aucune personne n’a voulu broncher à cause de la présence des forces de l’ordre. Toutefois, on pouvait lire sur les visages la fatigue, la colère, ainsi qu’une impatience débordante.
Cependant, certains usagers venus vers les coups de 11h ont tout simplement rebroussé chemin. Pour cause, l’accès au tribunal leur a été tout simplement refusé, sans aucune explication. Même dans l’amertume et la colère, ils n’ont toutefois pipé mot devant les forces de l’ordre. La forte mobilisation de ces dernières a dissuadé même les plus audacieux.
ABORDS DE LA GARE ROUTIERE LAT DIOR : Le militant Apr, déclaré persona non grata
Un fait hors du commun s’est passé hier au tribunal de Dakar, lors du verdict contre Karim Wade et co-prévenus. En effet, du côté de la gare routière Lat Dior, la barrière a enregistré beaucoup plus de monde, ce qui a attiré l’attention de plus d’un. La presque totalité des personnes se trouvant dans ce secteur étaient soit des Karimistes, soit des militants du Pds, ou même de simples curieux.
Dans ledit secteur, aucun militant Apr n’était accepté. Les jeunes présents dans la zone proféraient des menaces contre toute personne qui s’aventurerait à se réclamer du parti au pouvoir. Un jeune a même failli en faire les frais en disant que le fils de l’ancien chef de l’Etat devait être condamné une bonne fois pour tout et qu’on en finisse. Des propos mal vus par les pro-Karim, qui ont voulu se payer la tête de ce dernier. Le jeune a dû son salut aux mécaniciens qui squattent les lieux. Ces derniers lui ont conseillé de vider les lieux au plus vite. Ce qu’il a fait illico presto, sans demander ses restes.
Cependant, le côté de la gare enregistrant beaucoup plus de monde se réclamant Karimistes a été quelque peu mouvementé par l’arrestation d’un des leurs, pour des propos déplacés à l’endroit des forces de l’ordre. La foule composée de jeunes filles et garçons, de femmes ainsi que de personnes d’un âge avancé, scandaient des slogans hostiles au régime du genre «Libérez Karim», «Karim président», ou encore «Procès politique». Du coup, les forces de l’ordre ont renforcé leur dispositif dans le secteur, non sans repousser les barrières jusqu’au niveau de la gare.
source: http://www.sudonline.sn/le-tribunal-blinde-et-verouille_a_23717.html