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L’Union européenne et l’Afrique se sont rencontrées pendant deux jours à Bruxelles (les 2 et 3 avril) pour passer en revue leur coopération autour du thème « investir sur les personnes, la prospérité et la paix » et plancher sur des sujets tels que l’éducation et l’apprentissage, les femmes et la jeunesse, la migration légale et illégale entre les deux continents, les moyens de stimuler la croissance et la création d’emplois, la paix ou encore l’amélioration du soutien européen en Afrique pour les questions de sécurité.
La crise en Centrafrique a d’ailleurs ouvert le Sommet qui a réuni 80 dirigeants européens et africains qui, face aux risques de déstabilisation de l’Afrique centrale, ont décidé, par l’envoi d’une force européenne de 800 hommes, viendront renforcer les contingents africains et français déjà sur le terrain.
La sécurité est devenue, avec les menaces djihadistes sur l’Afrique, un sujet de préoccupation car l’Europe a senti qu’elle était également directement concernée, par sa proximité avec le continent et les intérêts qu’elle y entretient.
En dehors du volet sécuritaire, les enjeux de ce face à face entre l’Europe et l’Afrique sont à chercher ailleurs. Sans ordre de priorité, commençons par les migrations. Aujourd’hui, malgré des législations de plus en plus restrictives pour contrer l’immigration illégale, l’Europe est envahie par des vagues d’immigrants africains (et d’ailleurs) fuyant la pauvreté dans leur pays d’origine et décidés à atteindre « l’eldorado européen » par tous les moyens. Les naufrages fréquents de bateaux et d’embarcations bondés d’immigrants dans le détroit de Gibraltar, nous rappellent tous les jours cette triste réalité. Qui plus est, avec la crise économique qui frappe les pays de l’Europe du Sud, une autre vague d’immigration de ressortissants non européens vers les pays les moins touchés de l’Europe du Nord est en train de s’opérer. Face à la xénophobie qui se développe dans beaucoup de pays européens à la faveur de la crise économique, les dirigeants de l’Ue dont certains jouent leur survie politique, essaient de donner des gages à leur opinion publique.
Même si les parties européenne et africaine ont reconnu, dans une déclaration, « que la migration et la mobilité entre et au sein de nos continents constituent à la fois une opportunité ainsi qu'un défi » et « l’importance de s’attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière entre l’Afrique et l’Europe et tenant compte de l’importance de trouver des alternatives à ce problème, y compris en fournissant des possibilités d’emploi régional pour la jeunesse ». Toutefois, il n’en demeure pas moins, l’Europe ne veut plus accueillir la pauvreté du monde et demande aux dirigeants africains de faire en sorte que les jeunes de leur pays puissent trouver les moyens de vivre dignement sur place sans éprouver le besoin d’aller voir ailleurs.
Protéger les intérêts stratégiques de l’Afrique
L’autre grand enjeu, pour ne pas dire le principal, c’est la coopération économique entre les deux continents. Pendant longtemps, celle-ci a pris le visage de l’aide souvent liée et qui, au bout d’une cinquantaine d’années, n’a pas produit les résultats escomptés. L’Afrique ne s’en est pas portée mieux, mais aujourd’hui, elle a muri et d’autres dirigeants plus soucieux de l’avenir du continent et du bonheur de leur peuple sont arrivés au pouvoir ces dernières années. A la place de l’aide, ils réclament un partenariat et des investissements. C’est ce qui explique la mise en place du Nepad, réceptacle autour d’un partenariat gagnant-gagnant des grands projets sur lesquels l’Afrique appelle ses partenaires à investir. Au Sénégal, nous avons une déclinaison nationale qui est le Pse, un programme de développement sur 20 ans proposé par le président Macky Sall, avec la réalisation de grands projets pour mener notre pays vers l’émergence.
Voulant saisir toutes les opportunités offertes par la mondialisation, l’Afrique dont les matières premières suscitent des convoitises, a décidé de diversifier ses partenaires économiques. C’est pourquoi, ces dernières années, on a noté la présence grandissante de la Chine (avec d’autres nations comme l’Inde, le Brésil…) qui a réussi à se hisser au rang de premier partenaire économique du continent avec un volume d’échanges qui avoisinent les 200 milliards de dollars. Ouvrant largement son portefeuille, l’Empire du Milieu finance, par des prêts, de multiples projets d’infrastructures en Afrique. Face à cette concurrence chinoise, l’Europe cherche à se replacer et à sécuriser ses marchés en Afrique. C’est ce qui explique les Accords de partenariat économique qui doivent donner naissance à une zone de libre échange, proposés aux différentes régions africaines. Pour la zone Cedeao, le président Macky Sall a été chargé, par les autres chefs d’Etat, de finaliser les négociations avec l’Ue sur les Ape. Ce qui a été fait, mais la signature des accords a été repoussée pour un complément d’examen de certaines questions techniques lors du Sommet de Yamoussoukro (28 et 29 avril dernier) par les Ouest-Africains.
Besoins d’investissements
Beaucoup d’Africains ne comprennent pas le refus de l’Ue de négocier avec l’Union africaine pour ce faire, au lieu de préférer négocier des accords séparés avec cinq régions africaines. Ce qui constitue une menace pour l’intégration africaine. D’ailleurs, lors du Sommet de Bruxelles, on a pu voir des manifestants déployer une banderole sur laquelle on pouvait lire « Non aux Ape car c’est la mort programmée de l’Afrique ». Il faut que l’Europe écoute l’Afrique, un continent dont les économies sont encore fragiles et de ce fait, ont besoin d’être protégées contre une ouverture brutale et sans garde-fous au libre échange.
A Bruxelles, le président Macky Sall a été chargé, par ses pairs africains, de faire un discours sur la prospérité. Dans la déclaration finale, Européens et Africains se disent « convaincus que la croissance sur nos deux continents sera mutuellement bénéfique: nos économies restent étroitement liées et nous ferons en sorte que la croissance de l'une contribuera à celle de l'autre. Nous sommes également convaincus que le commerce et l'investissement, ainsi qu'une intégration économique plus étroite sur chacun de nos continents permettra d'accélérer cette croissance ». Aux Africains de se donner les moyens de concrétiser cette déclaration de principe et de sauvegarder les intérêts stratégiques du continent.
De notre envoyé spécial à Bruxelles Ibrahima MBODJ
source: http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=38141:4eme-sommet-ueafrique-de-bruxelles-retour-sur-les-veritables-enjeux-dune-rencontre&catid=78:a-la-une&Itemid=255