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L'OBS - Comment analysez-vous ce long silence et cette longue absence d’Idrissa Seck ?
Il faut reconnaître qu’Idrissa Seck est un fin stratège. Il a compris qu’il doit changer de fusil d’épaule. Au lieu de perdre son temps à fomenter des tirs groupés contre l’actuel régime, il fait mieux de se taire d’abord et de mettre en place une stratégie qui lui permet dans un premier temps de faire un maillage territorial, pour mieux implanter son parti et pour marquer sa présence sur l’ensemble de l’espace sénégalais. Je pense que c’est ce qu’il est en train de faire avec ses lieutenants. Ce qu’il doit faire, c’est continuer son maillage territorial et ensuite attendre le moment opportun pour rebondir sur le champ politique. Le fait de se taire est une bonne opportunité qui lui permet d’avoir une bonne lecture de la situation sociale, politique, économique… du pays.
Et lorsqu’il aura les coudées franches à partir d’une bonne vision, il pourra faire une incursion dans le champ politique et revenir en force. Parce que c’est ce qu’il veut, revenir en force sur la scène politique. Il a raté 2007 et 2012, il n’a pas le droit de rater 2017. Voilà pourquoi il a tout intérêt à mettre en place une stratégie qui lui permettra de mieux asseoir son parti. Il est en train de le faire de manière intelligente. Il s’est terré, on ne l’entend plus, les gens s’inquiètent, on ne sait même pas où il se trouve. Il n’y a que ses lieutenants qui parlent actuellement et qui essaient d’occuper l’espace politico-médiatique. C’est bien, mais à un moment donné, lorsque le parti au pouvoir réalise des résultats importants, comme le Groupe consultatif avec le Plan Sénégal Emergent, il faudrait de manière diplomatique encourager la mise en place de ce programme qui est utile pour tout le pays. Et lorsque le gouvernement travaille mal aussi, il peut donner des points négatifs qui n’entravent pas sa crédibilité. A mon avis, Idrissa Seck a un challenge actuellement, parce qu’il n’y a plus d’opposition, il doit marquer son territoire et montrer qu’il est capable de s’opposer intelligemment au Président Macky Sall. Dans ces conditions, il a son mot à dire, parce qu’il est avant tout un ancien Premier ministre qui connaît les rouages étatiques et qui connaît le Sénégal également. Cependant, il y a des moments pour parler et d’autres où il faut se taire. Pour le moment, je crois qu’il faut qu’il se taise et qu’il attende le moment opportun pour rebondir.
Mais à ce rythme, est-ce qu’il ne risque pas de se faire oublier par les populations ?
A l’heure actuelle, il a intérêt à ne pas trop envahir l’espace public. Parce que s’il envahit trop l’espace communicationnel, il risque de s’attirer encore des ennemis, alors qu’il se considère comme une réserve de la République. Donc sa position est très confortable, il attend le bon moment. Mais s’il attend trop aussi, il risque de passer à côté comme il l’a déjà fait. En politique, il faut distribuer les bons comme les mauvais points, au bon moment, et ne pas être nihiliste. Les gens ont tendance à penser qu’il faut détruire l’autre parce qu’on veut prendre sa place. Si l’on travaille pour l’intérêt général, il faut savoir reconnaître ce qui est bon. Idy ne doit pas gâcher les points positifs qu’il a pour le futur par des critiques acerbes et tous azimuts contre le régime en place tout simplement parce qu’il veut devenir le 5e Président de la République.
Est-ce que cette stratégie n’est pas risquée pour lui, sera-t-elle payante à la longue ?
Pour le moment, c’est payant. Son silence est assourdissant et personne ne connaît sa position. Mais il est en train de bien préparer sa rentrée politique et il va choisir le moment opportun. C’est d’ailleurs ce que faisait le Président Wade à l’époque. Je crois que présentement, Macky Sall n’a pas d’opposition. Le Pds qui pouvait être un parti d’opposition réel et crédible est en difficultés, la seule alternative qui reste, c’est Idy. Mais, il faudrait que les militants de Rewmi puissent expliquer pourquoi leur leader ne parle pas. C’est peut-être une bonne stratégie pour lui. Il ne trouve peut-être pas l’opportunité de sauter dans la mare au risque d’être discrédité.
ADAMA DIENG
SOURCE: http://www.gfm.sn/actualites/item/11779-pr-ibou-sane-analyste-politique-il-ny-a-plus-dopposition-idy-est-la-seule-alternative.html
PR IBOU SANE, ANALYSTE POLITIQUE - «Il n’y a plus d’opposition, Idy est la seule alternative»
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