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  A l’heure des grands projets d’infrastructure, comme l’autoroute Thiès-Touba, les grandes tours et le Projet de Pôle Urbain de Diamniadio, un autre défi plus urgent attend, quelque part dans les terroirs intérieurs du pays, le Président de la République Macky Sall: la réhabilitation du ranch de Dolly. Terre d’élevage, d’agriculture et de cueillette par certains endroits, une visite du Président de la République, le 26 novembre 2013, l’avait ramené à la vie, le temps d’une journée. 

 

Plus de deux ans après, que se passe-t-il réellement sur le terrain ? Macky Sall tiendra-t-il sa promesse de remettre en état le ranch le plus célèbre du pays ? Retour sur la vie de ce paradis des pâturages qui pourraient devenir demain,  une aire de propagation du génie sénégalais en matière d’élevage.  

 

 

Avec un réseau hydraulique seulement constitué de deux forages équipés, un château d’eau de 150m3, quelque 8 réservoirs d’eau d’une capacité totale de 1350m3, et enfin 42 abreuvoirs, le ranch de Dolly vit encore mal l’abandon dont il est l’objet depuis le début des années 1990. Depuis la destruction de la clôture qui le protégeait des prédateurs, il vit un certain malaise, envahi en son cœur par des champs de mil, d’arachide et de niébé.  Là où les transhumants ne pouvaient s’installer que pendant un délai maximum de quatre mois, se sont retrouvés de plus en plus de petits hameaux devenus des villages au cœur même de la zone tampon du ranch. Le regret des spécialistes est que la multiplication des occupations tout autour de cet espace, n’a pas tenu compte de l’ancienne organisation. Et, conséquence, les hameaux ont été formés au gré des alliances et au détriment de l’intégrité de cet espace de vie pour le bétail et le berger. 
 
Annoncé comme une activité comme une autre, Dolly sonne comme la mort programmée du pastoralisme au Sénégal. Et c’est contre cela que le Président de la République, répondant à l’appel de détresse des éleveurs et de leurs partenaires, a voulu se battre à partir de sa visite de novembre 2013. Mais, entre urgences et priorités, Macky Sall et son gouvernement cherchent, sur les voies sinueuses du développement, où donner de la tête en essayant également de parer à toutes formes d’éventualité. Toujours  plus pressantes. Encore plus ténues. Etre président d’un pays pauvre qui veut émerger, comme pour paraphraser le Président Mitterrand. Difficile. Mais, ici, au Sénégal, les choix se dessinent; et au moment où se termine l’année 2015, certains souvenirs de promesses faites il y a peu, se font jour et reviennent. Un parmi ces souvenirs: la réhabilitation du ranch de Dolly.
 
Si de la bouche du Président ne sortent souvent que des mots qui font rêver comme les pôles urbains, les grandes tours de l’émergence, les chemins de fer modernes, les autoroutes, les universités ultra sophistiquées, l’on cherche encore d’autres plus urgents comme la protection des terroirs pastoraux destinés à l’élevage moderne ou encore, la conservation des réserves foncières riches en ressources naturelles et en pâturages. 
 
Où donner de la tête finalement face à tant d’urgences pour un président qui court aussi contre la durée trop rapide d’un mandat ? L’Afrique toute entière doit se mettre au travail et face au temps qui passe, il est devenu presque impossible de perdre du temps. Le Président Sall, dès son arrivée au pouvoir, en mars 2012, et dans le contexte qui l’a fait élire, semblait l’avoir compris. L’homme a tout de suite situé l’ampleur du travail et la nature des difficultés qui l’attendait. C’est ainsi que parmi ces actes, sa visite à Dolly a été presque saluée de partout par les peuples qui se battent autour de la terre. 
 
LA VISITE DE MACKY SUSCITE ESPOIR, ET APRES…
 
Le 26 novembre 2013 qui vient après le forum tenu le 26 novembre 2011 avec comme seul objectif, la sécurisation de la vocation pastorale du ranch, organisé par le Cerfla et les organisations d’éleveurs dont Nanondiral, a été nul doute un des jours les plus mémorables dans la vie des éleveurs sénégalais du Djoloff et de toute la région sylvo-pastorale autour de Linguère, Dahra, le petit village de Dolly et son ex. de Grand ranch, Ogo, Diaga, Gnathie, Thiabouli, Thièl etc. Le Président de la République devant le peuple des éleveurs, disait à l’époque: «Notre rencontre d’aujourd’hui, que je souhaite périodique, constitue un moment privilégié d’échanges qui doit nous permettre d’évaluer les avancées du secteur de l’élevage,  qui est une de mes priorités, donc un pilier de la Stratégie nationale de développement économique et social.»
 
«C’est pourquoi, après vous avoir écouté dans la diversité de vos filières et des préoccupations spécifiques à chacune d’elles, avait dit Macky Sall, je me réjouis de la pertinence du travail réalisé et de la générosité des ambitions, qui cadrent parfaitement avec ma vision déclinée dans le programme ‘Yoonu Yokkuté’. En réalité, l’élevage est l’un des tous premiers métiers de l’homme. Il fait, par conséquent, partie des plus nobles que les populations puissent exercer.  C’est pourquoi, nous avons le devoir de développer l’ensemble des systèmes d’élevage (pastoral, agro-pastoral et périurbain), afin de contribuer convenablement à l’alimentation et à la nutrition de nos populations.»
 
A relire le discours du Président Macky Sall, l’on comprend mieux la nature de l’engagement de l’Etat dans ce défi plein de charme. Le Président qui disait: «S’agissant particulièrement du Ranch de Dolli, une mission technique pluridisciplinaire, composée de l’ensemble des départements ministériels impliqués, a été dépêchée sur le site, au mois de juillet 2012, pour faire l’état des lieux et proposer un plan de relance et de modernisation du Ranch, qui se chiffre à près de Deux milliards deux cent  cinquante millions (2.250.000.000) F Cfa, que j’ai, du reste, validé. Sur ce point, le budget 2014 du ministère de l’Elevage prévoit, notamment, la réalisation de la clôture des 120 kilomètres de périmètre. De plus, le Projet d’appui aux filières agricoles-extension (Pafa-E), en cours de négociation avec le Fonds International de Développement Agricole (Fida), devrait prendre en charge une bonne partie du financement pour la relance des activités du Ranch, avec l’installation d’unités pastorales.»
 
UN MUR, C’EST ENCORE BIEN PEU
 
A ce jour, les populations d’éleveurs semblent attendre la réalisation du programme gigantesque qui concerne ce Ranch. Mais sur le terrain, il semble que les choses tardent aussi face à un gouvernement pris par les urgences et les effets d’annonces. L’une des rares révélations faites par les autorités sénégalaise est encore une annonce concernant le prochain lancement des travaux de construction du mur de clôture du Ranch de Dolly qui devraient bientôt démarrer. Le président Sall l’avait promis lors de sa dernière visite dans la zone, mais deux ans sont déjà passés sans presque rien sur le terrain.
 
Cette révélation faite par le ministre de l’Elevage, Mme Aminata Mbengue Ndiaye, lors d’un Comité régional de développement tenu récemment à Linguère, en présence de nombreuses personnalités administratives, municipales et politiques, marque-t-il définitivement le lancement du chantier de réhabilitation du Ranch de Dolly ? La réponse n’est pas sûre, mais l’environnement international, au sortir de la petite révolution climat de Paris, devrait aider à l’accélérer.
 
Imminent, tout sur Dolly, relevait de l’urgence quand le Président Sall annonçait, dans son discours,  «le démarrage prochain du Projet d’Appui à la Sécurité Alimentaire dans les régions de Louga-Matam-Kaffrine (Pasa Lou-Ma-Kaf), et du Projet d’Appui au Développement Agricole et à l’Entreprenariat Rural (Padaer) dont leurs volets élevage concernent pour l’essentiel la sécurisation de l’élevage pastoral, avec l’implantation d’ouvrages hydrauliques, la lutte contre les feux de brousse et la réalisation de pistes rurales et de pare-feux.» Le Président avait alors ajouté des mesures comme la réalisation de 300 forages en cours au niveau du ministère de l’Hydraulique et pour lequel, disait-il, «j’ai particulièrement insisté pour qu’une bonne partie (75) soit réservée à des forages pastoraux.» S’ajoute à cette mesure, le projet de construction des pistes rurales au niveau du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement qui devrait faciliter l’accès aux zones à haut potentiel d’élevage.
 
ZOOM SUR... Un statut juridique qui a été longtemps compliqué
 
Une histoire compliquée pour un domaine à protéger. Ainsi pourrait-on résumer, à la fin de cette année 2015, ce qu’on peut qualifier comme la fin d’une longue traversée du désert pour les éleveurs. Lorsqu’en 1968, l’Etat a voulu utiliser l’immense superficie que constitue l’actuel Ranch de Dolly pour en faire une zone de repli des éleveurs, les populations qui y habitaient ont été indemnisées avant qu’elles ne soient déplacées vers d’autres endroits. Une fois cette population déplacée, des barbelés ont ceinturé cet espace en guise de clôture du Ranch, afin de permettre la mise en place de toutes les infrastructures qui étaient prévues. Environ deux cent (200) familles ont été indemnisées avant l’aménagement du Ranch
 
Les premiers habitants de la zone ont été, selon les témoignages recueillis sur place, des Peuls Jeguelbé et Habobé qui se sont installés au début des années 1951, en provenance de la Guinée Conakry. Ils étaient apparemment des puisatiers (d’où la forte présence de séanes au moment de la délimitation du Ranch). L’inauguration du Ranch par le Président Senghor a eu lieu en 1969. Pour assurer la gestion et l’exploitation du domaine, l’Etat a signé une convention avec la Société d’Exploitation des Ressources Animales du Sénégal (Seras). La Seras procédait à l’achat de veaux mâles à leur sevrage. Ces animaux acquis auprès des coopératives d’éleveurs de la zone sylvo-pastorale étaient engraissés sur les pâturages du Ranch de Dolly. Après un séjour de deux ans dans le Ranch, ils atteignaient un poids vif de 300 à 400 kg. C’est à ce stade de croissance pondérale que la Seras envoyait les animaux aux abattoirs de Dakar.
 
A la fin de la convention entre l’Etat et la Seras en 1976, la gestion a été assurée de façon intérimaire par la Direction de l’Elevage jusqu’en 1979 date à laquelle le Gouvernement a signé une nouvelle convention avec la Société de Développement de l’Elevage dans la Zone Sylvo-Pastorale (Sodesp). La suite a été moins glorieuse depuis 1993, moment où le système de gestion du Ranch est passé à une forme de location du parcage pour une période répartie comme suit: 400 F Cfa par bovin, 75 F Cfa pour les petits ruminants pour les bergers en transhumance. Les éleveurs avaient ainsi un accès direct au Ranch et cette situation a pris fin avec l’abandon du Ranch et l’installation des Asufor (Association des Usagers des Forages Ruraux). La mobilisation autour de l’avenir de Dolly viendra de la volonté des associations d’éleveurs encadrée par le Centre d’Etudes, de Recherche, de Formation en Langues Africaines (Cerfla) et les élus de la région de reconfigurer la vocation pastorale des lieux.
 
Aujourd’hui encore, le Ranch dépend administrativement de la Commune (rurale) de Thièl mais une partie de la population s’identifie à la Commune (rurale) de Gassane. En effet, selon les populations rencontrées, les deux communes rurales que sont Thièl et Gassane se tiraillent (se disputent) la gestion administrative du Ranch qui est dévolu à Gassane, selon le président de l’Asufor de Dolly. Le Ranch est historiquement subdivisé en deux parties distantes de 13 kilomètres: Dolly Centre et le village de Gnathie. Au niveau de chacune de ces deux zones est implanté un forage. Mais, le forage de Gnathie est considéré comme un ouvrage de  secours.
 
FOCUS SUR...UNE TERRA MADRE AU CŒUR DU PAYS : Un garde-manger et un espace vital
 
Situé à l’extrême Sud du département de Linguère, le Ranch de Dolly couvre une superficie de 87.500 ha. C’est en 1963 que l’Etat a conféré à la zone de Dolly le statut de réserve sylvo-pastorale, avant d’y réaliser des aménagements pastoraux en 1968. La création du Ranch, pour son époque, répondait à un double objectif: celui de promouvoir l’élevage de ruminants domestiques, en vue d’assurer l’approvisionnement en viande des grands centres urbains du pays; et dans le but de favoriser la préservation de la diversité biologique dans la zone. Le Ranch a fonctionné pendant une trentaine d’années comme une zone d’engraissement des bovins que les sociétés d’appui à l’élevage y faisaient paître. L’attractivité du site s’y prêtait. Car la biomasse du Ranch est faite, pour l’essentiel, de graminées, de dicotylédones, d’arbustes et d’espèces fourragères  avec même des écotypes qui pouvaient varier selon les sols. Avec cette diversité des sols, Dolly disposait de pâturages abondants avec une strate herbacée variée et une biomasse aérienne qui pouvait être disponibles toute l’année et pendant les dures périodes de soudure en saison sèche. 
 
Depuis 1999, il a été laissé à l’abandon par les pouvoirs publics et les infrastructures pastorales mises en place se sont progressivement détériorées. Malgré le caractère vétuste de ses infrastructures, le Ranch constitue un espace vital pour le bétail des éleveurs autochtones et celui des groupes de transhumants qui ont coutume d’y séjourner, en particulier les agropasteurs originaires du bassin arachidier et des régions situées au Sud-est du pays, ainsi que les éleveurs provenant du Diéri, du Waalo et même parfois de la Mauritanie. En effet, il est clair que: d’une part, le Ranch constitue le dernier espace de repli pour les troupeaux du bassin arachidier qui sont obligés, en hivernage, de quitter des terroirs complètement saturés et pour les animaux de la zone Nord qui sont pris en tenaille entre aménagements hydro-agricoles dans la vallée du fleuve Sénégal et l’avancée du front de colonisation agricole dans le département de Linguère; d’autre part, le Ranch constitue une zone vitale pour la survie des troupeaux provenant de la quasi-totalité des régions du Sénégal, lors des années de sécheresse. 
 
La préservation de la vocation pastorale du Ranch est un enjeu crucial pour l’élevage sénégalais, pour les autorités sénégalaises, dans le cadre l’objectif d’aller vers une meilleure sécurité alimentaire.  Et, le Président Sall disait lors de sa visite, comme pour camper le décor: «Ma présence à Dolly, symbole du renouveau de l’Elevage national, m’offre l’opportunité de sceller, avec vous, un pacte pour une mobilisation autour d’autres objectifs stratégiques, indispensables à notre autonomie en termes de sécurité alimentaire.
 
Il s’agit de : - l’autosuffisance en moutons de Tabaski à travers le Programme national d’autosuffisance en moutons; - l’augmentation de notre production laitière à travers le Programme de développement de la filière laitière, avec la mise en place d’équipement de soutiens liés à la collecte, au transport, à la conservation et la transformation, acquis dans le cadre de la coopération avec le Brésil pour près de 7 milliards de F Cfa  et l’acquisition de 150 génisses Guzéra pour près de 500 millions de F Cfa en cours d’exécution. J’accorde également une attention particulière à la prévention et la lutte contre le vol de bétail.» 
 
 Le Président de conclure, sur ce volet, en ajoutant que «déjà, lors de la cérémonie de lancement de la Campagne de vaccination du cheptel 2013, j’avais réaffirmé ma volonté de lutter contre ce fléau, qu’est le vol de bétail, devenu un facteur limitant pour la modernisation des systèmes d’élevage et le développement du sous-secteur.» Ces deux fonctions de régulation (lors des années normales) et d’assurance (lors des mauvaises années) sont essentielles pour la sécurisation des systèmes pastoraux et agropastoraux du pays. La prise de contrôle du Ranch par l’agriculture risque d’engendrer, pour les spécialistes, une exacerbation du potentiel de conflits entre les agriculteurs et les éleveurs dans plusieurs régions du pays où le bétail ne peut plus être maintenu sur place pendant toute l’année. Ces conflits seront d’autant plus difficiles à maîtriser qu’ils entraîneront des incidences économiques importantes pour toutes les parties prenantes (manque à gagner, pour les agriculteurs, résultant des dégâts causés par le bétail dans les parcelles cultivées et pertes économiques pour les éleveurs occasionnées par le paiement des amendes et le règlement des différends devant les tribunaux).
 
L’ESPOIR NE DU PAFA-EXTENSION : Un peuple de bergers dans l’attente
 
L’objectif global du Projet d’Appui aux Filières Agricoles-Extension,  connu sous le sigle de Pafa-Extension, est de contribuer à améliorer durablement les moyens d’existence des exploitations familiales du bassin arachidier (Centre  et Nord) et de la zone sylvo-pastorale (Ouest), à travers leur insertion dans des filières diversifiées et porteuses. L’objectif spécifique du projet est double en ce qu’il s’agit d’améliorer durablement la sécurité alimentaire et les revenus des petits producteurs (agriculteurs et éleveurs) et créer des emplois durables et rémunérateurs pour les ruraux, en particulier les jeunes et les femmes.  Face à ce phénomène, le temps est plus à l’action, une action coercitive et répressive, avait averti le Président de la République. Et, c’est dans ce contexte qu’est né le Projet d’Appui aux Filières Agricoles (Pafa) qui est orienté vers des appuis à la mise en marché des produits agricoles dans le cadre de partenariats entre les organisations de producteurs et les opérateurs économiques. 
 
D’une durée d’intervention de six ans et son coût global évalué à 24,4 milliards de F Cfa, le Pafa-Extension a est articulé autour de trois composantes qui sont d’une part: l’appui à l’amélioration de l’offre de produits agricoles, à leur valorisation et mise en marché (y compris la création et la réhabilitation de 9 unités pastorales d’une superficie unitaire comprise entre 70.000 et 100.000 ha); et, d’autre part, la structuration des filières et la professionnalisation des acteurs; et la gestion des savoirs, la coordination et le suivi-évaluation du projet. Le Ranch de Dolly a également fait l’objet d’une requête spécifique du Gouvernement pour sa réhabilitation par le Pafa-Extension. 
La philosophie de cette approche Fida-gouvernement du Sénégal, porte sur un large partenariat accompagné d’échanges d’expériences qui aideraient à pérenniser l’activité pastorale au Sénégal. Le document de formulation a retenu cette requête qui renvoie au résultat 2 du Projet. Toutefois, cette acceptation est assujettie à des conditions qui ont été clairement explicitées dans le rapport de conception détaillée du Pafa-Extension. Ces conditions portent, entre autres, sur la confirmation du statut juridique du Ranch (Décret); l’établissement par le Gouvernement d’un état des lieux actualisé tant en ce qui concerne l’occupation, l’exploitation actuelles des terres et les droits fonciers correspondants. S’y ajoutent l’état réel des infrastructures,  l’engagement écrit des autorités compétentes sur le foncier et les modalités de gestion y afférents.  
 
Autre grand chantier, pour assurer l’avenir de Dolly, le désenclavement du Ranch par la réalisation du tronçon reliant Dolly à Taïf (long de 65 km). Cette mesure a été encouragée par les autorités administratives locales et les communautés d’éleveurs comme prioritaire et indispensable à la bonne fonctionnalité du Ranch. «Notre objectif, avaient dit les éleveurs, dans leur Mémorandum rendu au chef de l’Etat et aux parlementaires à la suite du Forum de novembre 2011, «est d’amener les pouvoirs publics à clarifier le statut conféré au Ranch et à définir des orientations stratégiques susceptibles de concourir à la préservation de la vocation pastorale de cet espace, en y associant de façon étroite les collectivités locales et des populations de la zone, au travers de leurs organisations. A cet effet, nous exhortons les pouvoirs publics à abroger les multiples actes réglementaires se rapportant au Ranch qui contribuent à créer la confusion.»
En venant sur place annoncer la relance du Ranch, au mois de novembre 2013, juste un an après son élection, le Président de la République  avait répondu à leur appel. Il reste aujourd’hui, pour l’avenir de cette vaste région, de concrétiser toutes ces promesses en actes. Pour les éleveurs, si ériger un mur est une bonne avancée, il reste que l’absence d’un bon système de gardiennage pourrait rendre cet effort nul et inefficace dans le cadre de la lutte contre des fléaux comme le vol de bétail. Autre question à résoudre, pour poursuivre les efforts notés dans le domaine de la sécurisation de la vocation pastorale du Ranch, les associations d’éleveurs comme les organisations et collectivités locales autour souhaitent une écoute plus attentive des autorités, à commencer par le ministère de l’Elevage. 
 
L’absence d’un bon système de gestion conjointe piloté par le même ministère et les organisations connues sur le site serait aussi une manière de résoudre cette autre équation. Il reste maintenant à l’Etat d’organiser tous ces appétits autour du Ranch pour les privés et le développement d’activités qui risqueraient de faire fuir les éleveurs. Donc autant de problèmes et d’urgences qui attendent encore dans les tiroirs de l’Etat et qui risquent de bloquer la relance de Dolly, le Ranch le plus célèbre du Sénégal.
 
SOURCE: http://www.sudonline.sn/le-president-sall-a-t-il-oublie-_a_27707.html