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Sam, Nov

INONDATION HORS SAISON AU QUARTIER MEDINA GANA SARR DE KEUR MASSAR, Les populations menacent de détruire le canal de drainage des eaux pluviales

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Situé à une dizaine de mètre de Mbeubeuss, le quartier de Madina Gana Sarr sis à Keur Massar est encore partiellement englouti par les eaux de pluie de la saison dernière. Aujourd'hui alors que l'hivernage s'annonce, la plupart des maisons sont toujours dans les eaux, obligeant ainsi bon nombre de voisins, ceux qui ont des moyens notamment, à faire leurs bagages. Les populations, fustigeant l'indifférence des autorités étatiques et communales à leur le sort, brandissent la menace de détruire le canal de drainage des eaux pluviales reliant le Lac Woui au Lac Mbeubeuss considéré comme la source du mal.

 

Des maisons en chantier abandonnées, des terrains entièrement submergés, des rues et des ruelles complètement inondées… tel est le décor qu’offre le quartier de Médina Gana Sarr de Keur Massar à ses visiteurs. Situé à une dizaine de mètres de Mbeubeuss, la plus grande décharge d’ordures au Sénégal, ce quartier aménagé sur le titre foncier 11900 en 2003 par l’ancien régime libéral de Me Abdoulaye Wade pour accueillir des sinistrés d’inondations d’époque, est aujourd’hui au bord du précipice. 
 
Le plus grand nombre des 1500 parcelles qui composent le quartier baignent dans les eaux sales. De loin, les images des maisons, prises au piège de part et d’autre par ces eaux aux couleurs verdâtres laissent penser à la présence d’îlots. Devant les habitations, des briques superposées les unes sur les autres servent de passerelles à quelques résidents encore présents sur les lieux en dépit des innombrables risques sanitaires que ces eaux nauséabondes font peser sur eux. Même la mosquée du quartier n’a pas échappé à cette situation d’inondation hors saison. A l’intérieur de ce lieu de prière, en lieu et place des nattes et tapis, ce sont les eaux stagnantes qui sont devenues maitresses des lieux, occasionnant ainsi la fermeture du bâtiment. 
 
«Des déménagements en catastrophe»
 
A cause de cette situation liée à la présence des eaux de pluie du dernier hivernage, la plupart des habitants, notamment ceux qui ont des moyens pour trouver refuge ailleurs, ont déjà plié bagages pour trouver refuge ailleurs, renseignent les membres du collectif chargé de la défense des intérêts des riverains. «Pas un seul jour qui passe sans qu’on ne croise une charrette ou une camionnette avec des bagages».
 
Le plan feendi mise en cause
 
A en croire la population locale cette situation est une première. «J’habite ici depuis 2003 mais, je n’ai jamais assisté à une situation pareille. Après la pluie on ne voyait pas trainer les eaux. Elles coulaient aussitôt après les averses vers le lac de Mbeubeuss qui se trouve à plus de deux kilomètres des habitations», témoigne Amadou Dia, délégué de quartier Médina Gana Sarr. Sur un même ton, Pape Guéye, riverain assène :  «Nous vivons une situation inédite. Les eaux du Lac n’ont jamais franchi leur limite habituelle.  Jamais, le lit du Lac n’a franchi son périmètre qui se trouve à près d’un kilomètre de nos habitations». Très en colère à cause de cette situation de cohabitation forcée avec ces eaux stagnantes hors saison de pluie qu’elle dit, «importées» des autres quartiers, Ndèye Khady Diop, une dame âgée d’une quarantaine d’années,  fait ainsi allusion au non raccordement de ce quartier, aussi bien au réseau de la Sénégalaise des Eaux (Sde) qu'à la Société nationale d’électricité (Senelec). Elle dénonce un manque de considération totale des autorités étatiques et communales vis-à-vis des habitants de ce quartier. Sa maison, un immeuble R+2 , est entièrement prise au piège de part et d’autre par ces eaux aux couleurs verdâtres. 
 
Un pont de fortune fait de briques superposées les unes sur les autres sur une dizaine de mètres lui sert de voie d’accès. Cette technique de survie visiblement adaptée à ce contexte est par ailleurs reprise par la plupart des riverains se trouvant dans la même situation. «A défaut d’eau potable et d’électricité, les autorités n’ont pas trouvé mieux pour nous que cette eau sale. C’est un manque de considération à notre égard. Elles veulent nous obliger  à quitter nos maisons pour ensuite revendre nos terrains, mais qu’elles sachent que c’est peine perdue. Depuis 2003, nous faisons des pieds et des mains pour être branchés sur le réseau de la Sde mais toujours sans résultats. Pourtant, on est des citoyens à part entière comme tout le monde dans ce pays. Mais en lieu et place de l’eau potable, ils n’ont pas trouvé mieux que de nous amener cette eau sale. Nos maisons sont devenues en quelque sorte des prisons pour nos enfants. Nos enfants ne s’amusent plus. Ils sont constamment fermés à l’intérieur des maisons. On est à quelques jours de l’hivernage, l’Etat et la commune dont le maire est totalement absent, doivent prendre toutes leurs responsabilités. On a été même trop patients envers eux mais qu’ils sachent tout de même qu’il existe une issue à toute difficulté», avertit-t-elle. 
 
Pour sa part Khalifa Manga, un autre habitant du quartier , très amer, dénonce cette «situation désastreuse en plus de la cohabitation difficile avec la décharge de Mbeubeuss».  Sa voisine Ndèye Khady Diop elle,  indexe l’Etat comme étant le seul et l’unique responsable du débordement des eaux du Lac Mbeubeuss qui ont fini par engloutir des centaines de parcelles dont certaines sont déjà en chantier et des maisons obligeant leurs propriétaires à faire bagage pour trouver refuge quelque part ailleurs. 
 
Pour elle donc, il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures : le déluge causé par le débordement du lit du Lac Mbeubeuss ne relève pas d’une fatalité mais de la main des gouvernants notamment des autorités en charge de la gestion des inondations. Une situation à laquelle elles auraient dû trouver une solution en collaboration avec les autorités communes «Dans le cadre du programme de lutte contre les inondations, l’Etat avait entamé des travaux de construction d’une canalisation pour l’évacuation de toutes les eaux pluviales de Keur Massar vers l’Océan. Mais à cause de la décharge de Mbeubeuss, les travaux n’ont pas pu aboutir du fait de l’obstacle que constitue cette décharge à la poursuite des travaux de cette conduite», explique-t-il tout en ajoutant. «Nonobstant cet arrêt des travaux, les autorités ont tout de même continué, dans le cadre de l’opération «Fendi», à déverser les eaux importées des autres quartiers comme Médina Gounass dans le Lac Wouiqui refoule le surplus d’eaux dans le Lac Mbeubeuss». 
 
Silence coupable des autorités 
 
Affirmant avoir pris langue avec les autorités compétentes à travers des correspondances adressées, entre autres, au maire de Keur Massar, au sous-préfet, au commandant des sapeurs-pompiers de Guédiawaye et au commandant de la gendarmerie nationale de Mbao sur les problèmes que ce canal risque de créer pour les habitants de Médina Gana Sarr et ses environs, le délégué de quartier souligne que «les lotissements de Bassirou Cissé, Karanta Dia, de la députée Fatou Sow, El hadj Bâ, Médoune Dia, Samba Dia, Saliou Séne, sont tous engloutis par les eaux avec leurs milliers de parcelles déjà cédées à des particuliers».
 
La destruction du Canal décrétée si rien n’est fait dans les jours à venir

Devant cette remontée continuelle des eaux du Lac Mbeubeuss avec son lot de conséquences, les porte-paroles du jour des populations locales annoncent la destruction prochaine du canal à l’origine de leur mal si rien n’est fait pour redonner à leur localité son lustre d’antan. Estimant être devant le dilemme de rester passifs et  de regarder l’eau envahir leurs habitations ou de prendre leurs responsabilités  et obstruer le «canal du mal», pour préserver ainsi leur cadre de vie, les membres de ce collectif optent pour la dernière solution. Ils promettent de détruire purement et simplement cette conduite qui relie le Lac Woui à celui de Mbeubeuss. 
 
«Avec l’hivernage qui pointe à l’horizon, on est obligé d’agir sinon l’eau va prendre toutes nos maisons. La plupart de nos voisins ont déjà fait leurs valises pour trouver refuge ailleurs. Il ne reste que quelques personnes dans le quartier et pendant ce temps, l’Etat continue de faire la sourde oreille face à notre cri de désespoir. Nous avons fait ce qu’il fallait en saisissant toutes les autorités compétentes concernant ce problème. Nous avons même remis au préfet de Pikine un mémorandum adressé au ministre des Collectivités locales. Nous avons aussi adressé une correspondance à l’ancien ministre de l’environnement, Ali Aïdar. Ce dernier nous avait même reçu mais, jusque-là, je peux vous assurer que nous n’avons reçu aucune suite », informe Khalifa Manga. 
 
Affirmant ignorer totalement les raisons du mutisme des autorités publiques, pourtant à l’origine de ce calvaire, Amadou Dia délégué du quartier Médina Gana Sarr relate, «Tout le monde est au courant de ce nous vivons ici, le maire est même venu  jusqu’ici pour constater de ses propres yeux notre calvaire. Mais après il n’a rien entrepris pour trouver une solution. Lui et  le sous-préfet n’ont donné des paroles en l’air, don aucun effet positif. Le maire nous a dit qu’il ne peut rien faire pour nous, nous demandant même d’adresser au sous-préfet et ce dernier qui, à son tour n’hésite pas aussi à nous renvoyer vers le ministère en charge des inondations».  
 
Lassé par les interminables va-et-vient, lui qui se dit contre toute radicalisation, martèle : «Je crois qu’on a  fait tout ce qui était de notre devoir sur cette affaire. On a écrit à tout le monde y compris le nouveau ministre en charge des inondations, mais toujours rien. Je crois que la seule chose qui reste à faire pour moi, indique le délégué, c’est de donner suite à la demande des jeunes du quartier qui sont prêts à engager les travaux visant à boucher la canalisation».
 
Manifestement en phase avec cette position de leur délégué de quartier, Pape Guaye assure : «nous avons utilisé toutes les cartes qui étaient à notre disposition. Nous avons écrit et parlé mais personne ne veut prendre au sérieux notre plainte. Il n’est pas question qu’on perde nos maisons à cause des eaux qui nous ont été importées d’ailleurs. Je sais que cela va certainement occasionner une confrontation avec les riverains du Lac Xeureub Keur du fait que l’obstruction de la conduite va causer les inondations dans leur localité. Mais, on n’a pas d’autre solution, presque plus de la moitié des habitants de notre quartier ont abandonné leurs maisons à cause des eaux. On va donc passer à la vitesse supérieure dans les  prochains jours. L’Etat est le seul responsable. Si toutefois, ces populations venaient à joindre l’acte à la parole en détruisant ce canal de drainage des eaux pluviales vers le Lac Mbeubeuss puis de ce dernier vers la mer, ça va occasionner un sérieux coup au programme décennal de lutte contre les inondations 2012-2022 cadre de lutte contre les inondations mis en œuvre par le gouvernement.
 
Mbacké Diop, maire de Keur Massar  
 
Interpellé aussi sur ce calvaire que vivent les habitants du quartier Medina Gana Sarr, Mbacké Diop, maire de Keur Massar,  « confirme que les eaux qui envahissent aujourd'hui ce quartier ont été importées d'ailleurs. Le canal a été réalisé par l'Etat pour drainer les eaux des Parcelles assainies (Keur massar) de l'unité 14 en passant par les unités 13, 12 et 11 vers le Lac de Mbeubeuss. C'est ça l'objectif de ce canal qui passe par la route des Parcelles assainies en contournant la route de Malika par l'Unité 10, la zone de recasement et Mbeubeuss". 
 
L'inconvénient, dit-il, "c'est qu'aujourd'hui, il y a des ordures qui viennent de la décharge de Mbeubeuss obstruer le canal le drainage des eaux. Cette année-ci, nous avons reçu une quantité plus importante d'eau du fait de l'existence d'une connexion avec le réseau routier. Il y a donc un trop plein d'eau qui est drainé vers ce canal provoquant ainsi sa surcharge et le retour d'eau dans la zone où se trouve ce quartier. Ces eaux viennent du trop-plein du Lac, ça c'est la réalité ». 
 
La gestion des inondations relève de l'Etat central
 
Sur le rôle et la responsabilité de l'Institution municipale dans la gestion de cette situation, le maire précise : «La mairie représente l'Etat mais vous comprenez aisément que les inondations, c'est un problème de l'Etat. La mairie peut donner une motopompe mais où est-ce qu'on va drainer ces eaux ? Ce Lac est une zone de réceptacle de l'eau et si on doit drainer les eaux, elles doivent aller au-delà du Lac. Je ne vois pas la commune qui a les moyens de prendre ses eaux et de les amener à la mer. Même si nous assumons toute la responsabilité du fait que nous représentons l'Etat, je précise encore, ce n'est pas un problème de la mairie". 
 
Médina Gana Sarr, quartier non aedificandi ?
 
Là aussi, Mbacké Diop dégage en touche. Il dit ne pas partager l'avis du sous-préfet. Mieux, il assure que ce quartier est bel et bien légal. «Je confirme que ce quartier de Médina Gana Sarr est bien un lotissement de la ville de Pikine : le Tf 11900. Je suis à l'aise en tant que maire mais aussi en tant que adjoint au maire de la ville de Pikine chargé de l'urbanisme et de  l'habitat de cette collectivité de Pikine", a-t-il assuré. 
 
 
LE SOUS-PREFET DE KEUR MASSAR   - «..Des dispositions ont été déjà prises dans ce sens-là»
 
Sur la présence de eaux de pluie dans cette zone, Abdou Aziz Diop, sous-préfet de Keur Massar rassur : «J’ai eu à visiter cette zone pour constater la situation. La présence des eaux est due à la conduite qu’on appelle le canal de Mbeubeuss. Réalisé à 50% par le ministère en charge des inondations dont le reste est constitué d’une canalisation naturelle, ce canal déverse les eaux vers le Lac de Mbeubeuss. Seulement, à force d’être traversé par des camions de sable, une bonne partie de sa construction s’est aplatie. Nous avons saisi le ministère des Inondations pour rendre le opérationnel ce canal. Et je crois que des dispositions ont été déjà prises dans ce sens". 
 
«Ce sont les populations qui sont allées habiter dans une zone non aedificandi»
 
Abdou Aziz Diop rejette en bloc les accusations des populations sur la provenance des eaux sales. «Maintenant, un canal est un canal, il est fait pour laisser passer des eaux. Si ce canal était normalement opérationnel, fonctionnel, les eaux ne déborderaient pas. Je ne sais pas ce qu’ils entendent par eaux importées par contre, je peux vous dire que ce canal est construit sur un site ou existait déjà une canalisation naturelle qui évacuait les eaux pluviales vers ce Lac qui se trouve être le point bas», a-t-il indiqué. 
 
Poursuivant, il lâche, «Ce sont eux qui sont allés habiter dans une zone non aedificandi, il faut le dire. "Cette zone n’est pas un lotissement administratif régulier. Comme un peu partout à Pikine, les gens ne se conforment pas à la légalité et après, ils viennent crier. Tous ces quartiers ne sont pas des logements viabilisés. Personne parmi eux ne détient un titre de propriété légal. Si vous leur demandez aujourd’hui de vous présenter leur titre de propriété, vous ne verrez pas quelqu’un en sortir un, ça n’existe pas. Le seul document qu’ils peuvent vous montrer, c’est l’acte de vente délivré par le délégué de quartier qui n’est pas un document administratif», ajoute-t-il. «Cependant, malgré cette situation d’irrégularité dans laquelle ils se trouvent, l’Etat, conformément à son rôle de venir en aide à tout citoyen en détresse, a pris ses dispositions pour essayer de les sortir de cette situation. Le canal va être refait dans les jours à venir », ajoute-t-il. 

 

source:http://www.sudonline.sn/les-populations-menacent-de-detruire-le-canal-de-drainage-des-eaux-pluviales_a_18976.html