Par ailleurs, cette étude met en évidence que ces chocs constituent l’un des facteurs majeurs de basculement dans la pauvreté. Les conclusions de cette recherche réalisée par le Laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales (Lartes) de l’Ifan, en collaboration avec l’Unicef et le ministère du Plan, ont été restituées vendredi dernier. S’appuyant sur des données issues d’enquêtes biographiques portant sur les générations 1918-1928 à celle de 1989-1998, cette étude, d’après le directeur du Lartes, le Pr Abdou Salam Fall, s’inscrit dans le cadre de la promotion de l’utilisation de l’approche longitudinale dans l’analyse des changements climatiques et son incidence sur la pauvreté à l’enfance.
Le Lartes note que cette différence entre les générations s’explique par l’évolution du contexte marqué par 20 ans de plans d’ajustement structurel qui « ont fortement contribué à l’essoufflement des solidarités verticales ». Au même moment, « les solidarités horizontales qui ont pris le relais n’ont pas suffisamment de ressources pour faire face à la multitude de demandes dans leur environnement immédiat. Et pis, la génération la plus jeune ne bénéficie pas de filets de sécurité qui permettent d’anticiper et de gérer les effets de ces chocs ». Toutefois, en dépit de cet environnement fragile et sans moyens de prévention et de gestion des chocs, cette étude montre que les jeunes générations développent davantage de résiliences. Ce qui les conduit à trouver des ressources même précaires pour se remettre des chocs plus rapidement que les générations les plus anciennes. « Les jeunes ne sont pas inhibés par les effets irréversibles des chocs au même titre que leurs aînés qui récupèrent plus lentement des chocs et qui s’inscrivent dans des trajectoires de pauvres chroniques et finissent par la transmettre aux descendants », fait observer le document. Si pour le Pr Abdou Salam Fall, cette étude ouvre de nouvelles perspectives quant à la connaissance des facteurs de basculement dans la pauvreté ainsi que les formes de résilience développées par les acteurs, notamment les jeunes, il est toutefois nécessaire, pour son éradication, que tous les acteurs de divers secteurs collaborent pour aider à identifier très tôt les risques et de casser le cercle vicieux
Le directeur de cabinet du ministre du Plan s’est félicité de la réalisation de cette étude qui revêt, selon lui, une importance capitale pour la mise en place de stratégies de lutte contre la pauvreté. « Des évènements fâcheux comme les inondations, les pertes de récoltes ou les incendies provoquent souvent un basculement dans la pauvreté où il est parfois difficile de s’extirper. Pour mettre en œuvre notre stratégie de réduction de la pauvreté, l’une des solutions est donc de comprendre la transmission de la pauvreté entre les générations. Car, il s’agit de trouver des stratégies pour éviter aux enfants issus des ménages pauvres à la suite d’une calamité d’être condamnés à leur tour », a déclaré Souleymane Diallo. Pour lui, sans nul doute que cette étude du Lartes incitera le gouvernement à mettre en place des moyens alternatifs pour faire face à la pauvreté intergénérationnelle.
Elhadji Ibrahima THIAM
SOURCE:http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=39861:impacts-intergenerationnels-des-chocs-sur-la-pauvrete-des-menages-au-senegal--la-nouvelle-generation-plus-exposee-aux-inondations-incendies-pertes-de-recolte&catid=140:actualites