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Le cas de fraudes des 690 élèves-maîtres décelés par le ministère de l'Education nationale qui a soulevé l'ire des syndicats d'enseignants constitue l'arbre qui cache la forêt d'un secteur toujours à l'agonie. Le système éducatif sénégalais fonctionne à l'envers. Il croule toujours sous le poids d'un manque criard de professeurs, des violences en milieu scolaire, les failles du mirador entre autres paramètres sur fond de résultats catastrophiques au baccalauréat et au Bfem (Brevet de fin d'études moyennes).
Décidément le système éducatif sénégalais ne tient plus sur ses deux pieds. A peine sortie d’une décennie mouvementée marquée par des grèves répétitives des enseignants, des élèves, l’éducation nationale est en passe de devenir un secteur à nombreux dysfonctionnements.
Le protocole d’accord entre enseignants et autorités étatiques souffre toujours dans son application, les failles annoncées du système Mirador, l’introduction du nouveau curricula, le démarrage timide du Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet), les violences dans les écoles, le déficit de professeurs dans certaines matières. Bref, tout un cocktail de dysfonctionnements qui plombe ce secteur.
Le dernier en date est l’annulation de l’admission des 690 élèves-maîtres ayant bénéficié de notes falsifiées à l’occasion du concours de recrutement, session 2013-2014.
C’est le ministre de l’Education nationale qui est monté au créneau en déposant une plainte afin de situer les responsabilités et de sanctionner sévèrement les coupables.
En attendant d’y voir plus claire dans cette affaire, Serigne Mbaye Thiam a décidé, «pour faire justice aux candidats méritants qui auraient dû être déclarés admis et pour répondre aux besoins en enseignants des écoles, de procéder à leur remplacement par les candidats les mieux classés de la liste d’attente».
Dans un communiqué parvenu à notre Rédaction, il a souligné que «ce remplacement se fera après une vérification minutieuse des notes réellement obtenues, à partir d’une confrontation entre les notes saisies dans la base de données et celles manuscrites des correcteurs ; ainsi, 49 candidats de l’option «arabe» et 641 de l’option «français» dont les notes n’ont pas été modifiées, seront retenus».
Le communique précise que «les candidats nouvellement retenus bénéficieront d’un plan de rattrapage dans leur formation pour leur permettre d’être opérationnels à leur sortie».
Cette sortie du ministre qui met à nu les irrégularités notées dans le recrutement des élèves maitres n’agrée guère les syndicats d’enseignants. Ils ne sont pas allés par quatre chemins pour fustiger l’attitude de Sérigne Mbaye Thiam.
Le Coordonnateur du Cadre unitaire des syndicats d’enseignants (Cuse) exige la démission de son ministre de tutelle. Pour Oumar Waly Zoumarou, «M. Thiam ne maîtrise pas le système qui lui est confié. Le problème se situe au niveau central».
Le réseau des enseignants de l’Alliance pour la République (Apr) rejoint la position de leurs camarades enseignants en s’interrogeant sur le temps qu’a pris le ministre pour dénoncer ces pratiques. Les enseignants apéristes trouvent leur réponse sur le fait que leur tutelle n’a plus de mainmise sur ce concours et qui a mis à nu des cas de fraude.
«C'est pourquoi, il a attendu aujourd'hui pour mettre à nu ce cas de fraude mais ce n'est pas la première fois», explique Amath Suzanne Camara.
En tout cas, les syndicats estiment que ce sont des manquements graves intervenus sous son magistère. Quoi qu’il en soit, tout le monde s’accorde à dire que ces genres de recrutement ont fini par discréditer le système éducatif.
Certains observateurs avancent que cette situation a précipité le départ du responsable de la direction de la Formation et de la Communication du ministère de l’Education nationale, Abdoulaye Diatta.
Le scandale de fraude au concours de recrutement des élèves maitres est l’arbre qui cache la forêt d’un secteur qui est entrain d’être passé au peigne fin à travers les Assises nationales sur l’Education et la Formation.
Le rapport national 2013 sur la situation du système de la direction de la Planification et de la Réforme de l’Education (Dpre) relatif aux effectifs scolaires, aux personnels, aux infrastructures, au mobilier, au matériel didactique entre autres, en dit long sur un système à l’agonie.
Sans occulter, l’absence d’électricité, de l’eau, des latrines, le problème de la surcharge dans les tables-bancs (90 places assises pour 100 élèves).
A l’heure de la promotion de la qualité de l’offre éducative, le rapport constate un manque criard de manuels scolaires considérés comme un intrant de qualité. Le Sénégal est loin d’atteindre le ratio de deux (2) livres par élève.
Manque de professeurs
En sus des fraudes relevées dans le recrutement des élèves-maitres, force est de constater que le manque criad des professeurs dans l’enseignement moyen et secondaire persiste toujours.
Les professeurs de Mathématiques, Philosophie, Espagnol, Sciences physiques, Sciences de la vie et de la terre entre autres, sont devenus une denrée rare au moment où on note un surplus de 1287 enseignants dans 16 disciplines dont 522 en Lettres Histoires-Géographie et 166 en Lettre-Anglais.
Résultat : pour la plupart de ces matières-là, les candidats de l’édition 2014 du concours général n’ont pas pu décrocher le premier prix.
Violence en milieu scolaire
L’année académique 2013-2014 a été aussi marquée par des scènes de violence notées dans le milieu scolaire. Un professeur de mathématiques du lycée Faidherbe a été poignardé par son élève au moment où un surveillant à Kaffrine a été menacé par deux élèves. Pour le Secrétaire général du Men, Ousseynou Baba Ly, «cette violence où qu’elle s’exerce, on doit la déplorer en milieu scolaire, social ou d’entreprises ».
Mirador, le logiciel à problèmes
Dans son utilisation, le nouveau système de Management intégré des ressources axées sur une dotation rationnelle (Mirador) pose un problème de connexion pour les enseignants. Créé pour une gestion professionnelle et équitable des ressources humaines, afin de permettre aux enseignants d’exprimer leurs vœux de réaffectation en ligne, le Mirador, souligne Oumar Waly Zoumarou, a posé «d’énormes difficultés de connexion dans sa phase test».
C’est ainsi qu’il invite les autorités à l’application de l’ancienne méthode pour la gestion des ressources humaines. Ceci en attendant un certain nombre de réglages.
Des résultats catastrophiques au BAC
Qui sème le vent, récolte la tempête. Cet adage pourrait bien s’appliquer dans ce cas de figure. Ces dysfonctionnements relevés dans le système scolaire ont certainement eu d’énormes impacts sur les résultats des examens de baccalauréat, du Brevet de fin d’étude moyennes (Bfem) et du Certificat de fin d’étude élémentaire (Cfee). Ils ont été catastrophiques. Au Bac, les résultats ont été décevants. Sur 119.518 candidats à avoir subi les épreuves, seuls 37.381 (31,3%) ont pu décrocher le premier diplôme universitaire.
Les premières tendances aussi du Bfem affichées au niveau des différents centres confirment cette thèse. Entre 2012 et 2013, le taux de réussite au BFEM chute à 18,4 points et s’établit à 41,2%. Cette situation découle de la baisse des scores dans toutes les académies.
Le rapport de la Dpre a fait savoir le taux de redoublement et d’abandon dans les cycles élémentaires et moyen secondaire élevés. Il revient ainsi sur l’ampleur du redoublement dans les régions de Sédhiou (3,5%), Diourbel et Thiès (3,3%), Dakar (3,2%), Louga (3,0%), Ziguinchor et Kaolack (2,9%).
Selon le rapport, ces régions ont un taux de redoublement supérieur à celui du niveau national (2,8%) dans l’élémentaire. Le taux de redoublement global au niveau du secondaire général est de 19,5% contre 20,9% en 2010/2011. Soit une diminution de 1,4 point de pourcentage.
Il est de 20,6 % chez les garçons et de 18,1 % pour les filles. Le plus fort taux est enregistré à Sédhiou (27,8%) et le plus faible à Saint Louis (12,0)%.
source :http://www.sudonline.sn/un-systeme-educatif-a-lagonie_a_20196.html