Une fois devenu célèbre, le père de l'AK-47 rappelle, certes, qu'il avait préféré contribuer à la restauration des églises plutôt que de financer un musée consacré à sa gloire d'inventeur. «Mais le Mal ne diminue pas pour autant», constate ce dernier. Celui-ci «cohabite avec le Bien, tous deux se combattent et finissent par s'annihiler dans l'âme des gens… Est-ce le Tout-Puissant qui a ainsi organisé les choses? L'humanité est-elle condamnée à croupir dans cette équivalence?» demande le pécheur.
Un homme qui «symbolise le patriotisme»
Mikhaïl Kalachnikov trouve néanmoins une justification dans son invention maléfique. Il avoue son incompréhension devant le fait qu'en 1941, après l'invasion allemande de l'Union soviétique, lui et ses «camarades de front n'avaient aucun pistolet automatique pour se défendre». Il ne créera son «arme miracle» - ainsi qu'il la définit dans sa lettre au patriarche - qu'en 1947, avant qu'elle ne soit vendue à près de 100 millions d'exemplaires sur tous les continents. Jusqu'à présent, aucun historien sérieux n'a attribué les revers militaires soviétiques du deuxième semestre 1941 à l'absence de fusils automatiques dans les rangs de l'Armée rouge.
L'argument a séduit néanmoins le chef de l'Église russe. «Mikhaïl Kalachnikov a inventé son arme pour défendre sa patrie et pas pour qu'elle soit utilisée par les terroristes de l'Arabie saoudite», a commenté le diacre Alexandre Volkov, attaché de presse de Cyrille. Ce dernier fait part de la joie du patriarche d'avoir reçu cette lettre - à une époque où l'Église était «attaquée» - de la main d'un homme qui «symbolise le patriotisme». Ce qui équivaut à une absolution.
Mikhaïl Kalachnikov avait eu droit à des funérailles officielles en présence de Vladimir Poutine.
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