DAKARACTU.COM Pourquoi nos dirigeants africains entretiennent-ils d’indulgentes amitiés avec certains « hommes d’affaires », aux guillemets chargés de sombres scandales financiers et judiciaires, et se permettent même de leur ouvrir l’espace économique national ?
L’affaire dévoilée par le très sérieux et indépendant quotidien français « Le Monde », au terme d’une rigoureuse enquête qui éclabousse le tout nouveau Président malien, IBK, pose le crucial problème de leur parrainage politico-financier par des hommes qui ne sont en fait que les « Chevaux de Troie » d’intérêts stratégiques et économiques, qui mettent notre continent sous coupe réglée.
Voilà un monsieur, qui se proclame fièrement plus africain que corse, et qui se sent chez nous comme un poisson dans l’eau.
Michel Toumi, c’est son nom, a grandi sous l’aile protectrice du magnat des casinos français, Jean Dominique Fratoni, condamné dans l’affaire du Casino Ruhl. Il quitte la France à la déchéance de ce dernier et s’établit en Afrique où sa connaissance du monde des jeux, va le porter à être le bélier des casinos en Afrique, comme des Sociétés nationales de Loteries.
Michel Toumi vit entre le Maroc, le Gabon et le Mali, où il aurait tissé des liens étroits avec Ibrahima Boubacar Keïta, aujourd’hui chef de l’Etat Malien. C’est embarrassant… Mais, sachant cela, pourquoi cet homme est-il chez nous dans une telle odeur de sainteté, au point que même son fils élise résidence à Dakar, dans un somptueux complexe immobilier de la Corniche Ouest ?
Nos autorités n’ignorent rien des questions que la Justice Française tient à poser à Michel Toumi. Au Sénégal, il a quelques assurances de protections, il a contribué à la mise sur orbite de quelques sociétés, et avait en son temps été repéré dans le montage des fameux « Fortune’s Clubs » qui avaient fleuri sur les artères dakaroises avant d’être démantelés, suite à une plainte et une sérieuse enquête de notre confrère Pape Samba Kane, à travers les pages de son livre « Casinos et Machines à sous au Sénégal ».
Pourquoi un tel homme, pour le moins sulfureux, peut-il côtoyer aisément nos plus hautes autorités politiques ? N‘ayant pas pu monter des affaires d’une telle envergure structurelle et financière sans de solides appuis, comment ces autorités gèrent-elles un tel personnage ayant maille avec la justice de son pays ?
Michel Toumi et son fils Jean Baptiste ont en fait des relais d’affaires bien huilés qui servent de confortables paravents à leurs activités au Sénégal. Le clan a basé sa société à Genève, le Groupe Anfa lequel possède les casinos du Cap-Vert et de Saint Louis, l’hôtel de la Madrague, le Café de Rome de Dakar et son tout récent petit frère d’Abidjan. Et la fine équipe a l’habilité de mettre en avant des managers locaux, au premier rang desquels on trouve Georges Diouf, un très élégant Maitre d’Hôtel Sénégalais, formé dans les plus grands groupes hôteliers qui soient, mais il y a aussi l’emblématique Samba Ba, ancien diplomate du président Diouf et président du conseil d’administration du café de Rome. Mais aux commandes, demeure Maurice Raineri, l’inamovible directeur général du Casino du Cap-Vert et du Café de Rome.
Il est vrai qu’avec un tel organigramme, Michel Tomi pouvait naviguer tranquille dans ses eaux troubles, eaux dans lesquelles viennent de plonger profondément des hauts magistrats français, ramenant dans leurs filets quelques pièces rapportées, qui se sentaient à l‘abri et qui sont projetés violement sous les feux d’une actualité judiciaire soutenue… Le souci réside en ce que le menu fretin des juges français, nous sert ici de chefs d’états, ou de puissants dirigeants politiques…
Et là, il y a comme un problème…
source: http://www.dakaractu.com/Senegal-terre-d-asile-de-sulfureux-personnages-Michel-Tomi-et-son-fils-adoptes-par-nos-dirigeants_a63006.html