L'OBS - Avocat au barreau de Dakar et maire de la ville de Podor, Me Aïssata Tall Sall est aujourd’hui accusée de vouloir faire main basse sur la part d’héritage d’Angélique Sadio et de ses trois enfants, qui l’avaient engagée pour la défense de leurs intérêts lors du jugement d’hérédité de leur époux et papa.
«Nous croyons qu’elle a utilisé notre argent et pour récupérer cet argent, nous sommes prêts à donner notre vie. Je me sens un peu complice, puisque c’est moi qui ai conseillé à ma sœur de l’engager.» Ignace Galbert Badji est amer. «Trahi», «déçu», selon ses propres mots, par Me Aïssata Tall Sall, qu’il soupçonne de vouloir détourner l’héritage de sa sœur, Mme Sadio née Angélique Seck, et trois de ses neveux (Alain Ines, Phillipe Gérald et Ludmille Louise Marie Cécile), dont elle défendait les intérêts dans le partage de l’actif du patrimoine du défunt Albert Sadio avec quatre autres de ses enfants (Georges François, Jean Charles, Prosper Edgar et Antoine Maurice) nés d’une première union.
L’AFFAIRE. Juste après le décès d’Albert Sadio, ses enfants nés d’une première union ont demandé à procéder au partage de l’actif de son patrimoine, qu’il partageait avec Mme Sadio née Angélique seck, qu’il avait épousée sous le régime de la communauté de biens. Me Aïssata Tall est donc intervenue à la demande de Mme Sadio pour les représenter dans la vente des biens immobiliers constituant le patrimoine à hériter. Le terrain sis à Ziguinchor-Kandé Santhiaba a été évalué à 4 millions FCFA et les valeurs vénales de la villa sise à Amitié 3 (Dakar) sont estimées à 103 690 805 FCFA, selon Ngoné Tall Diop, expert près les Tribunaux.
Dans le procès verbal de partage amiable d’indivision communautaire et successorale, signé par les avocats des deux parties, les héritiers ont décidé d’un commun accord de procéder à un partage amiable partiel du patrimoine communautaire et successoral. «Au moyen des présentes, les héritiers se considèrent totalement et entièrement remplis de leurs droits dans la liquidation de la communauté et dans la succession, lit-on dans le document. En nature, les parties conviennent par ailleurs d’affecter le terrain sis à Ziguinchor-Kandé Santhiaba à messieurs Georges François, Jean Charles, Prosper Edgar et Antoine Maurice Sadio, à titre de récompense, et ce, pour venir en compensation des loyers qui auraient pu être générés par l’occupation de la villa Sicap Amitié 3 par la veuve Angélique Sadio», lit-on dans le procès verbal.
Sur le montant de la villa, le notaire a prélevé les frais d’un montant de 7 069 379 F CFA. En conséquence, le montant à partager porte sur le solde de 96 621 426 F CFA. La part communautaire de madame Angélique Sadio est de 48 310 713 F CFA (la moitié). La part des héritiers est de (48 310 713 F CFA divisés par 8) 6 038 839,12 F CFA. Et toute cette belle somme d’argent, qui doit revenir à sa sœur et ses neveux, serait entre les mains de Me Aïssata Tall Sall qui, selon Ignace Galbert Badji, rechigne à Mme Sadio née Angelique Seck.
PLAINTE. La requête de succession a été introduite le 30 juin 2005 par Mme Sadio. Mais le tribunal départemental hors classe de Dakar n’a envoyé les héritiers en possession de la succession du de cujus (défunt) que le 16 janvier 2007. Quelques années après, dans une lettre datée du 17 juillet 2011, Madame Sadio avait déjà saisi le bâtonnier de l’ordre des avocats pour se plaindre de l’attitude de son avocate. «La maison a été vendue en avril 2008. Depuis cette date, nous attendons que Me Aissata Tall Sall procède au règlement de la part de la vente qui nous revient. Contactée à ce sujet à plusieurs reprises, Me Aissata Tall Sall nous a constamment demandé de patienter, invoquant différents contretemps : le déménagement du tribunal, des congés, la production de divers documents etc.», écrivait la veuve, déboussolée. Lasse de jouer à cache-cache avec Me Tall, Mme Sadio a porté plainte devant le Procureur général contre son avocate.
CHIMERE JUNIOR LOPY
ME AISSATA TALL SALL
«C’est faux !»
Me Aissata Tall Sall a rejeté en bloc les accusations d’Ignace Galbert Badji, qu’elle dit ne pas connaître ni d’Adam ni d’Eve. « Tout ça, c’est faux. Le procès se déroule normalement devant le tribunal départemental hors classe de Dakar. L’affaire est renvoyée au 15 mai 2014. Je ne connais pas Ignace Galbert Badji. Le représentant de Mme Sadio, c’est un certain Monsieur Diémé. Je connais Angélique Seck et ses enfants qui vivent en France. J’ai des documents que je pourrai mettre à votre disposition à mon retour de Podor le week-end prochain», a-t-elle indiqué au bout du fil. On attend Me…
C. J. LOPY
source: http://www.gfm.sn/actualites/item/14050-me-aissata-tall-sall-accusee-de-vouloir-detourner-lheritage-de-la-veuve-angelique-sadio-et-de-ses-trois-enfants.html