Wade À Dakar
Ulysse Sans Pénélope
Ni Télémaque
Moins que pour Wade, l'accueil mouvementé du 25 avril dernier est destiné à Macky Sall.
Me Abdoulaye Wade est attendu à Versailles dans quelques semaines, après son odyssée en terre africaine. Revenu au pays natal après deux ans consacrés à mettre son vainqueur â l'aise, Ulysse n'a pas trouvé Pénélope et Télémaque à l'accueil. Comme dans la légende d'Homère, l'ancien président est resté sourd à l'appel des sirènes officielles qui voulaient lui rendre les honneurs, pour avoir été pris en otage par le cyclope qui l'a mis en quarantaine au Maroc.
Dans le film, Kirk Douglas s'est fait reconnaître par son fils Télémaque pour avoir réussi à bander son arc, ce qu'il était le seul à pouvoir ce faire. Plus prosaïquement, en l'espèce, Me Wade a subi l'influence de certains de voler au secours de son fils, le président Macky Sall étant resté sourd aux suppliques, sollicitations et autres invites sénégalaises et étrangères.
Depuis un an en effet, le père souffre en silence de la privation de liberté de son fils, poussant quelques soupirs parfois, comme souffle de vie ; jamais cependantl'idée de revenir un Sénégal ne l'a hanté depuis les poursuites enclenchées contre l'ancien ministre d'État Karim Wade : le renouvellement de son passeport, début avril 2013, visait à faciliter ses déplacements vers ailleurs que le Sénégal. Ainsi donc, Me Wade aurait d'autres motifs que son fils, à titre principal ; en analyste achevé, il a compris que le moment était venu de se manifester, deux ans après, avec une situation intérieure des plus préoccupantes.
C'est que le jugement de Karim Wade prévu en juin était déjà une erreur de casting : la campagne pour les locales, même écourtée, subira l'influence du tribunal ; l'hivernage qui aura débuté dans les zones à isohètes fortes pourrait réduire le taux de participation, d'où une autre interrogation, après ce qui a semblé être le boycott des législatives de juillet 2012, enfin, la présence prolongée et calculée de Me Wade au Sénégal pourrait également avoir quelque effet sur la situation socio-politique.
Il faut cependant préciser que la famille Wade n'est pas le problème du Sénégal actuel, mais un élément des difficultés actuelles du pouvoir en place : la pénible et lancinante question de la gestion de l'espace et du temps, chez la majorité des Sénégalais, trouve sa source dans l'espoir démesuré nourri avec le choix du président actuel et des atermoiements du gouvernement dans la solution des axes de survie honorable des populations. Ce même peuple a donc décidé, par l'accueiĺ exceptionnel réservé à Me Wade, de transmettre au pouvoir quelques signes d'impatience.
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