L’OBS – Après 2 ans d’absence sur la scène politique, l’ancien Premier ministre, Souleymane Ndendé Ndiaye, enfile sa robe d’opposant. En conférence de presse, Jules Ndéné est largement revenu sur son choix de militer à Kaolack.
Le choix de Kaolack au détriment de Guinguinéo
«Je suis Kaolackois. Cela ne doit surprendre personne. Je suis né et j’ai grandi à Kaolack. Donc, j’ai le plein droit d’y militer. A Guinguinéo où je militais, j’ai laissé un bilan défendable à mes adjoints qui peut leur permettre de gagner cette collectivité locale. J’ai tout donné à Guinguinéo, j’ai été élu maire 2 fois de suite et depuis 1993, je me suis consacré à cette terre que j’aime bien. Mon père est enterré ici. J’ai été là-bas en mission pour massifier et fixer le Parti démocratique sénégalais dans cette zone. Une mission que j’ai bien menée. Aujourd’hui, Guinguinéo est le fief du libéralisme, donc il est grand temps pour moi d’apporter ma pierre à l’édifice de la reconstruction de ma terre natale. Autrefois grenier du Sénégal, Kaolack est devenu, au fil du temps, la ville la plus salle du Sénégal avec des politiciens qui ne tiennent jamais leurs promesses. Je suis revenu à la source de mon existence. Cette ville m’a tout donné. C’est à mon tour de la rendre ce qu’elle m’a offert. Kaolack est mon nouvel eldorado. Je suis là pour fédérer les forces du parti, qui s’étaient dispersées lors de notre défaite du 25 mars dernier.»
La crise universitaire, un signe…
«C’est une situation que je déplore avec la dernière énergie. Ce sont nos frères, nos sœurs, nos nièces, nos neveux et nos enfants qui sont dans ces universités. Quand je vois la violence jusqu’à l’intérieur du campus universitaire, c’est désolant. Macky Sall doit agir avec tact et déchiffrer le message. Il doit mettre la pédale douce et discuter avec ces étudiants. La violence n’a jamais rien résolu. Il connaît cette situation pour y avoir vécu. Sur l’approche, il s’est trompé. Je suis certain que s’il avait les bonnes informations, il n’allait pas permettre aux forces de sécurité d’entrer à l’intérieur de l’espace universitaire. Je condamne la violence exercée aussi bien par les étudiants que celle exercée sur elle. Macky Sall doit savoir que Mary Teuw Niane n’a pas vécu à l’Université Cheikh Anta Diop. Il ne connaît pas les réalités de nos universités. Il était tellement brillant que lorsqu’il a eu son Baccalauréat, il est allé étudier dans les grandes universités européennes. On ne gère pas un pays par des menaces, encore moins par la violence. Dès aujourd’hui, je vais porter ma robe d’avocat pour les défendre, car la place d’un étudiant est dans un amphithéâtre, mais pas en prison.»
Les 2 ans de Macky Sall, médiocre
«C’est un constat amer que nous tous avons vu et vécu ensemble. Pour preuve, l’accueil triomphal de Wade. Les populations sont spontanément sorties pour marquer, soit leur mépris, soit leurs regrets d’avoir chassé Wade. La campagne agricole de l’année dernière est un désastre. Et cela est dû à la mauvaise qualité des intrants, tardivement distribués en plus. Les bons impayés sont encore là. Nous vivons tous ce désastre économique avec les errements du nouveau régime qui tâtonne sur tout. En 2012, un Conseil des ministres décentralisé s’est tenu à Kaolack. Des milliards de FCfa ont été promis, mais jusque-là rien. Que du vent. A part la police de proximité qu’il a mise sur pied, rien de concret. Je le félicite pour cette initiative. Je ne suis pas d’accord avec les gens qui la taxent de milice. C’est une bonne chose d’avoir permis à 10 000 jeunes de retrouver leur dignité en travaillant dans cette agence. Il faut juste la renforcer et l’encadrer. A part cette agence, le reste est médiocre. Sur 100 points, il en est à 1. Le trajet est encore long pour lui et le temps trop court.»
Relation Wade-Macky, une panne
«Je suis désolé de constater que les relations Wade-Macky ne sont pas au beau fixe. Macky Sall doit savoir et reconnaître que tout ce qu’il est devenu aujourd’hui, c’est grâce à Me Wade. Je serais heureux de les revoir ensemble, car ils partagent des idéaux et une histoire. Si Macky veut du changement, il ne doit plus être entouré de ces gens trop anciens. Ils ne seront jamais ses amis. C’est la politique qui est ainsi. Moi, je suis au Pds et pourtant, je ne suis pas d’accord avec certaines pratiques de mes frères de parti. C’est la raison pour laquelle je ne me rends plus au Comité directeur du parti. A mon avis, cela ressemble plus à des assemblées générales. Je ne suis pas d’accord avec la démarche et je le manifeste.»
Acte III de la décentralisation, une catastrophe
«En ce qui concerne l’Acte III de la décentralisation, c’est une catastrophe. Voilà une réforme qui a été votée sans l’avis des vrais acteurs. Les populations n’ont pas été suffisamment impliquées. C’est une réforme précipitée qui va aboutir à l’augmentation du taux de chômage. Les collectivités locales ne fonctionnent que sur des fonds de dotation que l’Etat les allouent annuellement. Maintenant que nous avons 45 conseils départementaux, quel sera le dispatching ? Avec quels fonds ces conseils départementaux vont-ils faire leur travail quand on sait que, même avec les 14 régions, c’était difficile pour les conseils régionaux de faire correctement leur travail ?»
MARIE BERNADETTE SENE
source:http://www.gfm.sn/sur-100-points-macky-sall-en-est-encore-a-un/