L’actualité de ces dernières semaines aura été un déclic obligeant à s’interroger sur les meilleurs voies et moyens de conduire, à bon port, nos ambitions de développement économique et social.
C’est d’abord la levée de boucliers autour de la signature du contrat de concession du terminal vraquier du Port (Môle 8) au français Necotrans, pour une durée de 25 ans et avec des investissements prévus de polémique avait accompagné l’attribution du terminal roulier (Môle 2) à un autre groupe français, Bolloré, pour également 25 ans, avec un engagement d’investissements de 64 milliards.
Sous Wade, le terminal à conteneurs avait été adjugé à l’émirati, Dubaï Ports Word, qui l’a complètement modernisé avec des installations et équipements d’une valeur de +70 milliards FCFA.
Dans le même temps, nos compatriotes ayant investi dans la distribution du gaz et du pétrole, regroupés au sein de l’Association sénégalaise des professionnels du pétrole (ASPP), ont rué dans les brancards pour dénoncer le double contrat franco-français entre TOTAL et ses partenaires Orange et Eiffage. Ils accusent ces Français de procéder à de la concurrence déloyale et de vouloir maintenir la mainmise de l’ancien colonisateur sur l’économie sénégalaise.
Surtout qu’ils ne pardonnent pas (du tout !) à notre compatriote, Mbacké Séye, d’avoir vendu (ou loué sur la longue durée ?), ses stations de Touba Oil à TOTAL, fragilisant ainsi davantage les positions sénégalaises dans ce secteur.
Soit exactement le contraire de l’opération de cession du navire amiral national, ELTON, vendue par ses propriétaires (SIFI), à d’autres investisseurs nationaux, évoluant dans la banque d’affaires (Impaxis Capital). Une décision plébiscitée comme le modèle de référence pour tous les adeptes du patriotisme économique.
Toutes choses étant égales par ailleurs, la question en toile de fond de tout ce vaste mouvement, c’est quelle place pour nos opérateurs économiques dans cette reconfiguration géographique des tours de table qui vont dicter le destin de notre économie ? Sont-ils suffisamment conscients des enjeux stratégiques ? Ont-ils les moyens de leurs ambitions ? Et le rôle de l’Etat dans tout ça ?
Il est vrai qu’il n’y a pas de réponses tranchées sur ces questions très ouvertes. Il s’agit plutôt d’accompagner tout ce processus de constitution de ce qu’il faudra appeler «un capitalisme sénégalais» à travers l’émergence d’une véritable classe d’entrepreneurs qui ont déjà fait leurs preuves par leur sens de l’initiative, leurs capacités managériales, leur esprit d’innovation et d’anticipation, leur éveil sur les mutations géostratégiques en rapport avec la mondialisation de l’économie.
D’où le rôle de l’Etat à mettre en place un cadre d’accueil, d’écoute, de conseil, de formation et de facilitations administratives pour créer les conditions les plus favorables pour entreprendre, créer des emplois et des richesses, aspirer à un mieux-être individuel et collectif.
C’est le lieu de saluer tout le travail de fourmi, qui est en train d’être réalisé par l’Administration pour répondre aux exigences de compétitivité et de modernisation de notre environnement des affaires, en droite ligne des recommandations du Doing Business.
Le mauvais classement du Sénégal dans la dernière édition, après la polémique, aura été l’effet déclencheur de toute une série de réformes-clés, en train d’être mises en œuvre et qui impactent directement la bonne marche des affaires.
A commencer par les formalités de création d’entreprise qui peuvent se faire, en une journée, avec un capital social de seulement 100 000 FCFA. La délivrance du permis de construire, qui était un véritable casse-tête chinois, est aujourd’hui un mauvais souvenir avec la procédure de dématérialisation, devenue effective.
Aussi, pour faciliter aux investisseurs l’accès à l’eau, l’électricité, le téléphone et l’assainissement, l’APIX a signé une série de conventions avec les entreprises concessionnaires (SDE, SENELEC, SONATEL, ONAS). Désormais, on peut faire la demande de raccordement à tous ces réseaux avec un seul document, en un seul lieu (APIX).
C’est comme qui dirait que le Sénégal est en route vers l’Emergence !
SOURCE:http://www.seneplus.com/article/un-capitalisme-et-des-capitalistes-s%C3%A9n%C3%A9galais