L’OBS – Macky Sall a formé un nouveau gouvernement avec un nouveau Premier ministre, Mahammad Dionne. Quelles doivent être, selon vous, les priorités de cette nouvelle équipe ?
Il y a trois grosses priorités sur lesquelles le nouveau Premier ministre doit travailler. D’abord, se mettre au travail, il faut qu’il évite de tomber dans le piège du bavardage et des slogans qu’on avait connus. Cela est d’autant plus important que le temps n’est pas le meilleur allié du régime actuel. Il leur reste trois ans et le challenge est très important et trois ans, c’est très court. Mais, vous ne pouvez pas vous mettre au travail si vous n’avez pas les moyens de contrôler l’action des ministres.
A l’image du Rwanda, le Premier ministre devra s’atteler à mettre en place des outils d’évaluation périodiques et se séparer de ceux qui ne sont pas performants. Ensuite, il faut relire le Plan Sénégal émergent (Pse) qui est en réalité un ensemble de programmes sans cohérence globale. Il n’y a pas de honte à reconnaître qu’on s’est trompé. Il faut mettre l’accent sur les projets réalistes et réalisables en fonction des moyens de financement disponibles. Avec les accords de partenariat économique, des pans entiers du Pse vont sauter. Tout ce qui est du volet agricole va être fortement remis en question. Enfin, il faut engager le dialogue permanent avec le secteur privé pour stopper la descente aux enfers de notre économie. On ne peut pas distribuer des richesses sans les avoir créées. Dans tous les pays du monde, le secteur privé est le principal vecteur de création de richesses. Donc, le nouveau Premier ministre devra instaurer un dialogue avec tous les acteurs du secteur privé pour arrêter la désindustrialisation du pays.
Vous demandez à ce qu’on relise le Pse, est-ce à dire qu’il y a des manquements ?
Le Pse n’est pas un plan, mais un ensemble de programmes sans cohérence de base. Qu’est-ce qu’on peut faire dans deux ans ? On l’a inscrit dans dix ans, donc on ne peut rien faire. Je pense qu’il n’y a pas de honte à dire que nous nous sommes trompés. Ils doivent relire le Pse, voir ce qui est faisable et le mettre en place. Mais s’ils veulent mettre tout le Pse en branle, ils n’arriveront à rien du tout.
Est-ce que le pouvoir a le temps pour faire tout cela ?
Il a trois ans et c’est trois axes. Il doit juste éviter de se disperser et de rentrer dans le bavardage. On ne gère pas un pays avec des slogans. Ce qui peut prendre du temps, c’est renouer le dialogue avec le secteur privé. Mais tout le reste, c’est très faisable dans des délais raisonnables.
SOURCE:http://www.gfm.sn/sils-veulent-mettre-tout-le-pse-en-branle-ils-narriveront-a-rien-du-tout/