Par Anthony Nugan le samedi 11 février 2012
Catégorie: Politique

TABLEAUX D’AFFICHAGE DE LA PRÉSIDENTIELLE -Wade Doit «Enlever le Bas»

Les candidats à la présidentielle du 26 février commencent à s’afficher, au troisième jour de la campagne électorale ; dans ce concours de la plus belle image, Wade bon dernier doit franchir le Rubicon en « enlevant le bas ».

Si l’élection présidentielle se limitait aujourd’hui à un concours de beauté, le candidat Wade serait bon dernier ; à ce jeu en effet, il est battu d’avance, malgré ou justement à cause d’un lifting maladroit et outrancier, avec un maquillage qui dépasse même celui de l’ancienne égérie de Nicolas Sarkozy, Rama Yade. Il faut saluer le professionnalisme des conseillers des candidats de la coalition «Gadio Président», du Dr Cheikh Tidiane Gadio,  surtout de «Macky 2012»,  de l’ancien premier ministre Macky Sall et de Benno ak Tanor, Ousmane Tanor Dieng, à tout le moins : les efforts de conceptualisation et le professionnalisme avérés des créateurs ont permis à l’enfant de Fatick de sortir premier de la classe, suivi de l’ancien ministre des affaires étrangères, cependant que Tanor remporte la palme de la sobriété : ici les encadreurs ont compris que la simplicité était réellement un art.

Par contre, le candidat de la coalition Bennoo Siggil Senegaal (Bss), Moustapha Niasse, a une affiche très lourde et encombrée. Le champion de la coalition «Idy4President» joue trop sur lui-même et fait allusion à un appel à l’insurrection avec son slogan «Rewmi Jogna». Aussi, on dirait qu’il se donne un pouvoir qu’il n’a pas encore, perdu entre des gadgets qui font le délice d’une jeunesse folle des lambris, des jolies filles et des vidéo-clips à la Akon.

Au niveau visuel, la meilleure image est celle de Macky Sall oùl’écriture est réduite et où il ne se prend pas la tête ; la couleur beige qui domine donne une tonalité qui repose. Toutefois, l’image où il met une main à la poche renvoie à une certaine suffisance.  Gadio fait appel à ses tréfonds « Yankees » pour rappeler que sa grande armée cherche à recruter ; ailleurs, quand les autres candidats se plaisent à scruter l’avenir, Abdoulaye Wade renvoie à un visuel absent. C’est ainsi que là où il est attendu sur ses réalisations et sur son programme, le président sortant insiste sur un visuel qu’on ne voit pas (« Weddi Guis Bok ci » ou encore « Li nu guis doy nanu) : l’occurrence du visuel (ne trouve pas d’appui sur les dix ans qu’il s’est donnés pour changer le Sénégal avec des réalisations appréciables :le bilan, c’est de lui qu’on l’attend devant la modestie de propositions affichée par les autres qui ne peuvent que raser gratis. Là, c’est au niveau des affiches moyennes. La grande affiche, elle,  est d’un ratage inexplicable : on a l’impression d’un imam dirigeant une prière sans aucun fidèle derrière lui.

La tradition publiciste repose cependant sur une méthode évolutive qui devrait aider à rectifier dans la dernière ligne droite menant à la consultation du 26 février. Chaque candidat devrait ainsi donner l’impression d’être bien assis, de manière à inonder le paysage d’affiches, constamment renouvelées et rénovées. Au fond, il faut avoir le courage «d’enlever le bas». Cette expression est d’une publicité connue et courue des années 80 où une femme sans soutien-gorge offre sa nuque et sa ligne au public et promet de le faire demain pour le reste en enlevant sa petite culotte.

Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue
Parcelles assainies, Unité 10, Villa N° 276, Dakar, Sénégal, tél (00 221) 76 681 64 06
sites : www.pathembodj.com ; blog : http ://koccbarmafall.skyrock.com
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