L’OBS-People Le «puncheur» de l’écurie Walo sous ses airs de loup avide, est un cœur tendre. Sa vie est parsemée de galères, d’obstacles et d’écueils. Cela n’a pas toujours été facile pour le lutteur de tirer son épingle du jeu. Aujourd’hui symbole vivant de la réussite de l’arène, il retrace quelques dates qui ont jalonné son parcours…
Octobre 2010 : «Le jour qui m’a le plus marqué, c’est lorsque j’ai acheté une maison. C’était après mon combat contre Modou Lô. Depuis le début de ma carrière, j’avais l’habitude de mettre de l’argent de côté. Un jour, j’ai dit à mon père que je voulais une voiture avec cet argent que j’épargnais dans mon compte. Il m’a conseillé de ne pas acheter de véhicule, mais plutôt de chercher une maison. Il m’a alors dit une vérité qui m’a beaucoup fait réfléchir. «Une voiture, c’est comme une femme, il faut lui donner la dépense quotidienne. Alors que dans ta maison, tu garde ton intégrité», m’avait-il dit. A ce moment, nous étions en location. J’ai suivi les conseils de mon papa et j’ai donc acheté une maison. Ma première voiture, je l’ai achetée après mon combat contre Eumeu Sène.»
20 juin 2009 : «C’était une journée sombre pour moi, car j’ai perdu un être cher, Mama Bâ, mon mentor. Je ne veux même pas m’attarder là-dessus, car c’est encore une plaie ouverte. J’ai appris la nouvelle en revenant des entraînements. Dès le matin, c’est comme si j’avais senti les choses venir, je n’étais pas dans mon assiette comme d’habitude. J’étais perturbé et je ne tenais plus sur mes jambes. Au même instant, mon portable s’est mis à sonner et c’est un numéro inconnu qui s’est affiché. J’ai décroché et c’était tonton Alpha Mbaye, habitant à Fith-Mith (Guédiawaye) qui m’appelait pour me dire que Mama et les autres ont eu un accident. Aussitôt, j’ai composé le numéro de Mama, pensant qu’il a juste eu un petit accident et c’est au même moment que mon père a retenu ma main pour m’empêcher d’émettre cet appel. Il m’annonça ainsi que Mama a eu un accident mortel et qu’il n’a pas survécu.»
1992 : «Je fréquentais des amis qui n’étaient pas du tout net, c’étaient des délinquants et des voleurs. A cette époque, j’ai aussi fait la connaissance d’une fille avec qui j’entretenais une relation amoureuse. Cette dernière, qui n’aimait pas trop mes fréquentations, m’avait dissuadé de m’accompagner avec mes amis d’un genre particulier. Seulement, ils n’ont pas vu d’un si bon œil le fait que je m’écarte d’eux tout d’un coup. Ils me disaient alors que j’étais un poltron de la pire espèce. Ils m’en voulaient de les avoir laissés en rade et d’avoir pris le droit chemin sous les conseils de ma petite amie. Autant dire que ces conseils m’ont été d’un grand secours et m’ont poussé a retourné ma veste de bandit. Aujourd’hui, elle est mariée, raison pour laquelle, je ne peux pas citer son nom, mais elle m’a beaucoup marqué et je ne regrette pas de l’avoir connue.»
25 Mars 2005 : «C’est la date de mon combat contre Khadim Diallo. C’était un combat difficile où mon bras s’est fracturé. Par crainte de perdre le combat, parce que je savais que la victoire allait être donnée à mon adversaire, si j’en parlais, j’ai gardé le silence. J’ai ainsi continué à lutter avec cette blessure jusqu’à l’obtention de la victoire.»
2002 : «C’était avant que je ne fasse carrière dans la lutte. Je me souviens, un jour alors que j’étais avec ma bande de copains en train de discuter de tout et de rien, l’un d’eux m’a fait une réflexion pertinente. Il m’a dit, pourquoi je n’allais pas investir l’arène avec ma masse corporelle. Les autres m’ont alors tous regardé en me disant que c’était bien possible. Après tout, j’étais le plus grand de tous mes copains. Au début, je l’ai mal pris et je les ai tous insultés. Une fois à la maison, l’idée a encore trotté dans ma tête. J’y ai pensé et repensé avant de me demander, pourquoi pas ? A ce moment-là, il y avait Tyson, Yékini et autres qui étaient au top. J’y ai beaucoup réfléchi. Après j’ai commencé à aller aux entraînements. C’est comme ça que j’ai intégré le milieu de la lutte.»
IDRISSA SANÉ