Le Nigéria, comme le Mali l’est pour la France, un enjeu stratégique pour les grandes puissances occidentales, comme étant la première puissance économique de l’Afrique et le pivot de la réussite d’une intégration ouest africaine, pour en faire le moteur de l’unité africaine afin que le continent compte dans la gestion des affaires du monde.
Le Nord du Mali est devenu vital pour les gouvernants de la France pour sécuriser l’approvisionnement de leur pays en énergie bon marché, dont l’uranium du Niger qui fournit déjà 40% de l’électricité de France.
Le Nigéria est perçu par les puissances occidentales comme un obstacle à lever pour empêcher l’unité ouest africaine, comme prélude à l’émergence d’une Afrique unie, puissante et indépendante, mais aussi, comme une opportunité à la Chine pour faire face à ses problèmes d’énergie pour soutenir sa place acquise de première puissance économique mondiale.
Cet obstacle devrait être levé le plus rapidement possible dans le contexte actuel de baisse drastique des cours du pétrole, qui est une nouvelle opportunité pour la Chine pour mieux régler ses problèmes d’approvisionnent en pétrole, tout en proposant au Nigéria des prix qui réduisent significativement son manque à gagner qui résulte de cette forte baisse des cours, perçue comme une stratégie de fragiliser la Russie, l’Iran et le Nigéria par les USA et l’Arabie Saoudite.
C’est ainsi comme au Mali, les grandes puissances occidentales comptent sur les groupes terroristes (MNLA, et Boko Haram) et sur l’électoralisme des couches moyennes intellectuelles et économiques de ces pays, pour arriver à leur fin.
C’est pourquoi, malgré l’irrédentisme du MNLA au Mali, et son agression contre l’armée malienne et ses exactions contre les populations, la France, soutenue par les USA, est parvenue à imposer au Président Malien de l’époque, la continuation du processus électoral à la place de la mobilisation générale du peuple malien pour barrer la route aux terroristes, libérer le Nord et restaurer l’intégrité du territoire de ce peuple.
Même quand l’armée malienne s’était rebellée et avait destitué ce Président apatride pour tenter de mobiliser le peuple malien pour faire face aux terroristes, une bonne partie des organisations politiques et de la société civile, puissamment appuyées par la France et les USA, s’étaient mobilisées contre elle, au prétexte de défendre la démocratie et de restaurer le processus électoral.
Au résultat, ces forces victimes de « l’électoralisme » ont créé les conditions de mise sous tutelle du peuple malien, et de partition de son Etat que les négociations encours à alger ne feront qu’entériner sous telle ou telle forme.
Au Nigéria, malgré les avancées de Boko Haram, c’est la poursuite du processus électoral au détriment d’une mobilisation nationale pour restaurer la souveraineté de l’Etat sur la totalité du territoire du peuple du Nigéria, qui est privilégiée, fragilisant davantage la capacité défensive et offensive de l’Armée et des forces de sécurité de ce pays.
Aujourd’hui, avec l’implication de l’UA et sa requête projetée au Conseil de Sécurité de l’ONU, les conditions vont être réunies pour mettre le Nigéria sous tutelle, comme elle l’a fait pour le Mali.
C’est donc, l’Afrique qui va donner ainsi le feu vert pour sa mise sous tutelle par ses anciennes puissances coloniales sous l’égide des USA.
Viola ce que les peuples d’Afrique sont en train de vivre à leur corps défendant, avec la complicité assassine de nos gouvernants.
Les républicains, démocrates et pan africanistes nigérians, dans les partis, la société civile et dans les forces de sécurité et de défense, se doivent de relever la tête, avec l’appui et la solidarité de leurs alliés dans les autres pays d’Afrique, pour stopper le cirque électoral encours, et créer les conditions d’une mobilisation nationale, sous régionale et africaine, en mesure de mettre hors d’état de nuire Boko Haram, restaurer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire de ce pays, pour créer les conditions permettant de mettre en échec le projet machiavélique de sa mise sous tutelle, pour continuer à régenter le destin des peuples d’Afrique.
Pour ce faire, il faudrait dors et déjà s’opposer au projet d’appel de l’UA au Conseil de sécurité et d’exiger le report des élections dans le cadre d’un gouvernement de salut national, pour éradiquer le terrorisme qui sape l’Etat du Nigéria et sa capacité à remplir sa mission historique de créer les conditions de libération totale du continent et de son émergence dans la scène internationale.
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 26 janvier 2015