L’école sénégalaise est menacée. Plus précisément, la mort de l’école publique sénégalaise est programmée. Oui, la cible, c’est bien l’école publique. Elle est à abattre.
Ceux qui l’ont conçu, pensé et décidé ont déjà mis en branle l’application de leur plan qu’ils entendent bien réussir. C’est dans les instances les plus hautes de la gouvernance mondiale néolibérale que sont tapis ceux qui l’ont décidé. Ils passent par des auxiliaires attitrés qui, à leur tour, manipulent des agents locaux pour l’exécution pratique du plan.
Si les auxiliaires attirés s’exécutent avec la claire conscience du but de l’objectif à atteindre, les agents locaux le font par contre inconsciemment, en tout cas sans accorder la moindre attention au résultat désastreux que peut entrainer leur action qu’ils assimilent à leur bon droit.
Les auxiliaires attitrés sont incarnés par le pouvoir libéral local, section sénégalaise de la gouvernance mondiale néolibérale ayant pour mission la réalisation au plan national des décisions prises au niveau mondial.
Parmi les agents d’exécution locaux il est permis d’identifier les enseignants qui sont les cibles privilégiées pour la réussite parfaite de l’objectif à atteindre. Le piège est d’être d’accord sur toutes leurs revendications ave l’arrière-pensée de ne rien respecter et de poser ainsi durablement les conditions d’une situation apparemment sans issue.
C’est la situation que traverse actuellement l’école publique sénégalaise. L‘objectif majeur de cette situation est de conduire l’école publique à l’abattoir. Tous les patriotes, tous les fils du peuple, tous les démocrates, tous les progressistes sont vivement interpelés. Et au premier chef les enseignants, tous les enseignants de l’école publique, de la maternelle à l’Université.
Je lance cet appel parce que le premier geste capable de faire échouer le projet machiavélique des ennemis de l’école publique leur revient. Je les appelle à lever les mots d’ordre de toutes les grèves pour permettre aux élèves de reprendre les chemins de leurs classes où ils vont acquérir les connaissances qui feront d’eux demain des citoyens accomplis capables de gérer au mieux leur pays.
L’évolution historique a fait qu’aujourd’hui les élèves de l’école publique sont les enfants du peuple, les enfants des pauvres, des sans moyens, des démunis, les enfants des banlieues, les enfants des paysans, des ouvriers, des travailleurs de la vile et de la campagne, ce sont les enfants de ceux qui vivent à la sueur de leur front, les enfants de la grande majorité du peuple sénégalais. Laisser pourrir la situation telle qu’elle évolue à présent c’est sacrifier les enfants du peuple et les préparer à devenir et rester des sous-citoyens à la merci des puissants sortis des rangs des enfants des riches d’aujourd’hui.
En effet, l’autre aspect de la situation est que les enfants des riches sont bien épargnés parce que continuant leurs études soit à l’étranger – en Europe, aux Etats Unis ou au Canada- soit, ici même, dans les écoles de l’enseignement privé.
Accepter cette situation revient à contribuer à poser les jalons de la gouvernance demain des enfants des riches, minoritaires sur les enfants des pauvres, majoritaires. C’est accepter les conditions de l’acquisition des connaissances pour les enfants des riches et l’orientation de ceux des pauvres vers l’ignorance et les ténèbres.
Aucun patriote, aucun démocrate ne peut accepter cela. Les enseignants encore moins. Il faut sauver définitivement l’école publique pour garantir l’avènement d’un Sénégal nouveau où tous ses enfants auront un égal accès aux portes du savoir, de la science et de la technologie.
Cette école publique qui a fait ses preuves en produisant trois présidents de la République sur quatre : Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall, un savant comme Cheikh Anta Diop, le président des Assises nationales Amadou Moctar Mbow et tant d’autres sommités qui ont brillé au plan national comme au plan international.
Les nouvelles autorités issues du scrutin du 25 mars 2012 sont également hautement interpelées dans la recherche de solution à la crise que traverse l’école publique. En quoi faisant ? En appeler immédiatement à des négociations sérieuses qui pourraient porter, entre autres, sur l’évaluation exacte des engagements pris par le gouvernement précédent, la fixation d’un moratoire raisonnable de règlement devant intervenir après la publication de l’état des lieux de la gestion du pouvoir qui avait pris ces engagements et la mise en place d’un comité multipartite de suivi de l’exécution du moratoire.
Sauver l’école publique dans l’intérêt des enfants du peuple, préoccupation ne peut être plus grande pour les enseignants et pour les nouvelles autorités. J’en appelle à leur pleine conscience et à leur haut degré de patriotisme.
Dakar, le 10 Avril 2012
Alla KANE
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