La relaxe pure et simple de Aïda Ndiongue et de ses co-détenus par le tribunal des flagrants délits jette un trouble sur l’exercice de la justice au Sénégal. Cette grosse affaire qui se termine en eau de boudin laisse penser que le pouvoir s’est lancé dans une décrispation qui veut qu’un mauvais arrangement vaille mieux qu’un bon procès.
Souleymane Ndéné Ndiaye s’est réjoui le 28 mai dernier de la libération de Aïda Ndiongue est ses co-inculpés en voyant là une « indépendance de la Justice » pour laquelle il milite ; c’était à l’occasion de la création de son parti politique, l’Union nationale pour le Peuple ; seulement, la prophétie du Pape du Sopi qui avait déjà annoncé la nouvelle le 26 mars jette un doute sur une « liberté » que l’homme-lige de l’ancien Premier ministre Aminata Touré trouve comme « manifestement illégale et même troublante » (L’Observateur N° 3503 du 29 mai 2015, page 9), lui qui avait naguère publiquement instruit à charge contre Mme Ndiongue.
L’appel que projette de jeter le procureur Serigne Bassirou Gueye est d’autant plus troublant à l’issue d’une liberté recouvrée le jour même de l’arrêté du tribunal des flagrants, lui qui avait tenu un point de presse devant les journaliste, au nom d’une curieuse trouvaille d’un devoir d’informer, pour instruire publiquement à charge.
Poursuivie et écrouée pour «escroquerie sur les deniers publics, faux et usage de faux portant sur 20,688 milliards», Madame Aïssatou Ndiongue (Aïda) est incarcérée le 17 décembre 2013. Les arguties de ses Conseils en Cour (11 et 18 février devant la chambre d’accusation) n’ont pas permis d’adoucir ses conditions de détention, encore moins de l’élargir pour vice de forme alors qu’il est facile, au nom du bon sens, de prouver un recel d’État et une prise d’otage dans ce qu’il désormais permis de considérer comme l’affaire Aïda Ndiongue : poursuivie pour 20 milliards, même si le procureur, prudent et sans préjudice de réclamation ultérieure, n’a pas chiffré le préjudice subi par l’État au moment de l’inculpation de la prévenue, la dame a laissé dans l’opération deux fois plus que les sommes réclamées, quand bien même les recherches se poursuivent, sur des tableaux de chasse différents. Plusieurs fois, en effet, on a fait mention d’une opération «Jaxaay» qui n’aurait pas été menée à terme selon les normes du contrat, d’autres fois on évoque d’autres pistes de recherche de prévarication et de crimes économiques à mettre sur le dos de la dame.
Aïda Ndiongue, Aziz Diop et compagnie ont été relaxés jeudi par le tribunal des flagrants délits après plusieurs demandes de mises en liberté provisoire restées vaines. Surtout que la justice croyait détenir le coprs du délit, des biens en esp-ces et en nature d’une valeur de 47 milliards. Ils ont été libérés avec un peu plus d’un mois de retard sur le chronogramme annoncé le 26 mars par…Me Wade.
Le secrétaire général national du parti démocratique sénégalais (Pdsà avait en effet annoncé pour le 6 avril la libération de Mme Ndiongue , avait-il des dons divinatoires ou était-il simplement dans le secret des dieux ? D’où lui était venue cette certitude annoncée le 26 mars dernier par une partie de la presse (L’As) de l’élargissement prochain de Aïda Ndiongue ?
Le délai constaté entre les deux dates (6 avril-28 mai) pourrait laisser croire à des difficultés de dernière minute dans les négociations. La relaxe ressemble fort, en effet, à un new deal que certains interprètent comme le début de la détente avec des solutions politiques proposées dans des dossiers purement juridiques.
Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue
Parcelles assainies, Unité 10, Villa N° 276, Dakar, Sénégal, tél (00 221) 775952161
sites : www.lebaobab.info ; blog : http ://koccbarmafall.skyrock.com,
sites : www.lebaobab.info ; blog : http ://koccbarmafall.skyrock.com,
CV disponible sur Google __________________