Partie au départ pour une simple demande, qualifiée de «légitime» par ses auteurs, la nécessité de restructurer le Parti démocratique sénégalais (Pds), telle qu’exigée par Modou Diagne Fada, président du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates, et ses partisans a fini de diviser les libéraux. Si aujourd’hui, l’exclusion du leader des réformateurs a été définitivement prononcée par le Secrétariat national du Pds, il n’en demeure pas moins que cette éviction de Fada taraudait, depuis longtemps, les esprits au sein de la formation politique de l’ancien chef de l’Etat, Abdoulaye Wade.
Et cela, depuis la signature du mémorandum dit de la refondation du Pds. Accusé de collusion avec l’adversaire, d’initiatives personnelles, d’actes de défiance envers le secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds), entre autres, Modou Diagne Fada, chef de file des frondeurs au sein du Pds est aujourd’hui exclu du parti. Une décision prise par le Secrétariat national de la formation libérale, sur proposition de la Commission de discipline. Seulement, la sanction est jugée illégale par les «réformateurs» qui refusent de lâcher prise et persistent dans leur volonté de mener la bataille en interne. Dans leur stratégie, ils envisagent de convoquer prochainement un congrès, afin d’élire les responsables du parti. Au bout du compte, l’objectif pour les frondeurs n’est ni plus ni moins que de couper la tête d’Oumar Sarr, coordonnateur national du parti. Ultime phase d’une «guerre larvée» au sein du Pds, ayant débouché pour le moment à l’exclusion de Modou Diagne fada du parti.
Tout a en effet commencé le 31 décembre 2014, lorsque de Paris où il se trouvait, l’ancien chef de l’Etat, Abdoulaye Wade s’est adressé aux membres et sympathisants de son parti. A cette occasion, le pape du Sopi avait annoncé la tenue prochaine d’un congrès pour le 8 août 2015. A la suite de cette déclaration, Modou Diagne Fada, le président du Conseil départemental de Kébémer et ancien ministre libéral, avait confié à Sud Quotidien, le 7 janvier dernier, qu’il fallait des procédures différentes pour l’élection du secrétaire général du parti, ainsi que pour la désignation du candidat du Pds pour la présidentielle à venir. Pour cause, avait-t-il expliqué, «il n’est pas dit que le candidat du parti en 2017 va être le secrétaire général de la formation politique, et vice versa».
Toutefois, ladite restructuration tant attendue par Fada et compagnie n’a finalement pas eu lieu, dans la mesure où le Pds a organisé des primaires en son sein, le 20 mars dernier (veille du verdict de la Crei du 23 mars), pour désigner Karim Wade comme le candidat du Pds et Abdoulaye Wade comme secrétaire général national avec comme adjoint Oumar Sarr, député-maire de Dagana. Un revers que Modou Diagne Fada n’était visiblement pas prêt à digérer, dans la mesure où il a contesté le format choisi. En réaction à cette «gifle» qui lui a été infligé, il décida alors, avec les partisans au changement, de signer un mémorandum sur la refondation du parti à présenter à Abdoulaye Wade. Bonjour les hostilités !
MORTAL … SURSIS
En effet, depuis déjà juin dernier, les spéculations sur le limogeage de Modou Diagne Fada et compagnie allaient bon train. Pour donner un coup de frein à l’élan emprunté par les «frondeurs», une réunion du Comité directeur (Cd) a été convoquée le 4 juin, puis reportée au 9 du même mois. Pour cause, le président du Conseil départemental de Kébémer avait fait faux bond à ses camarades. La rencontre du Comité directeur avait pour ordre du jour les cas Modou Diagne Fada, Aida Mbodj et Cie. Ce n’était toutefois que parti remise car les mis en cause ont tout bonnement refusé de se présenter, exigeant au préalable une rencontre avec le ‘’Pape du Sopi’’, pour discuter du contenu du mémorandum qui lui a été remis.
Un face-à-face avec Wade, à son domicile, a été ainsi programmé le 10 juin dernier. Lors de cette confrontation qui s’est terminée en queue de poisson, les «réformateurs» ont été traités de tous les noms d’oiseaux. Se sentant humiliés et déplorant le format choisi par l’ancien chef de l’Etat pour régler le différend, notamment la présence de militants et de la presse, Fada et cie ont préféré boudé la réunion. Il s’en est suivi un déballage sans précédent. Farba Senghor, ancien ministre sous Wade, accusa à cette occasion Fada de «tricheur», mais aussi de «corrompu». Selon le chargé de la propagande du Pds, le chef de file des frondeurs aurait reçu de l’argent de Macky Sall pour déstabiliser le parti libéral. Des voies se sont levées par ailleurs ce jour-là pour réclamer l’exclusion définitive de Fada et sa bande pour connivence avec l’adversaire. Pour ces propos, jugés «diffamatoires», Fada sert à Farba Senghor une citation à comparaitre.
LE DIVORCE, VIA L’ASSEMBLEE
Pour calmer les ardeurs du groupe des réformateurs, le ‘’Pape du Sopi’’ opte alors pour la réduction de la marge de manœuvre de Fada. Ainsi donc, il a décidé de le remplacer à la tête du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates par l’une des cosignataires du mémorandum, en l’occurrence Aïda Mbodj, présidente du Conseil départemental de Bambey. La suite est connue de tous. Modou Diagne Fada et Oumar Sarr déposent chacune une liste pour la constitution d’un groupe parlementaire libéral, lors du renouvellement 2015-2016 du bureau de l’Assemblée nationale. De fil en aiguille, le bureau de l’Assemblée, sous label majorité présidentielle, vote pour Fada et déboute la liste Oumar Sarr. En réaction à la rébellion de l’ancien ministre libéral de la Santé intronisé par Moustapha Niasse et cie président du groupe parlementaire de l’opposition, le Pds l’évince de ses rangs, tout en fustigeant urbi et orbi le putsch dont il est victime de la part du camp au pouvoir.
sourece: http://www.sudonline.sn/chronique-d-une-exclusion-organisee_a_26780.html