Elle a tout pour plaire. Elle, c’est Oumy Gaye, la sacrée miss Diongoma 2012 au charme inégalé. Trouvée chez elle dans son domicile sis à Nietty Mbar (Pikine), bien moulée dans un pantalon noir assorti d’un body blanc, la Diongoma savoure toujours sa victoire dans une simplicité absolue, malgré la fatigue qui se lisait sur son joli visage, de même que ses pieds enflés. Dans cet entretien accordé au journal « Le Pays », elle a confié ses secrets qui lui ont permis de prendre le dessus sur les autres candidates. Elle a, en outre, donné son point de vue par rapport aux nombreuses critiques émises sur l’élection miss Diongoma.
Comment avez-vous vécu votre sacre ?
La victoire m’a procuré beaucoup de bonheur. C’est une très belle chose. Nos efforts ont été récompensés. Ensuite, les appréhensions que les gens avaient sur ce concours n’existaient pas. Nous étions toutes belles, mais il fallait une seule gagnante et Dieu a fait que c’est moi. Je veux que toutes les candidates soient désormais unies. Qu’elles sachent que ce n’était qu’un concours. Je souhaite que nos relations amicales perdurent. Ma famille, qui m’a toujours soutenue, a bien accueilli la victoire, de même que mes voisins. Parce que lorsqu’on est rentré vers 5 heures du matin, tout le quartier s’est réveillé. Ils ont fait des témoignages touchants sur moi. Je ne pourrais jamais les remercier autant. Les populations de Nietty Mbaar à Pikine sont gentilles car, malgré les critiques, elles ont été à mes côtés pour me prêter main forte.
Qu’avez-vous ressenti quand on a annoncé votre nom ?
J’étais sereine, parce que les choses étaient déjà claires. J’ai su que j’allais gagner avant même la proclamation des résultats. J’étais confiante du fait que je détenais tous les atouts. Je savais que c’est moi Oumy Gaye, toute modestie mise à part, qui serai élue Miss Diongoma 2012 parce que je le méritais. J’ai beaucoup fait pour remporter le concours.
Qu’avez-vous fait précisément ?
L’élection Miss Diongoma a suscité beaucoup de tollé. Dans quel état d’esprit as-tu vécu tout cela ?
Beaucoup de personnes pensent que ce que nous faisons est mauvais alors que tel n’est pas le cas. Il n’y a rien grave dans tout ça. Nous sommes issues de bonnes familles. J’ai été éduquée dans une famille musulmane. De ce fait, je connais le droit chemin. L’élection miss Diongoma fait partie de notre culture. Nous l’avons trouvé ici. En plus, on ne faisait pas des choses indécentes. La preuve en est que dans le groupe où j’étais, lors des éliminatoires, personne d’entre nous n’à défilé en mettant des ceintures de perles au dessus des habits. Ce n’est pas parce qu’on dévoile des ceintures de perles qu’on est une Diongoma. Celles qui le font sont dans l’ignorance totale. Une vraie Diongoma est celle qui s’habille très bien, qui fait des déhanchements dignes et qui sent toujours la bonne odeur. Les gens parlent, mais ils ne pourront jamais prouver ce qu’ils disent, parce qu’on ne leur donnera pas cette opportunité. Depuis le début de la compétition, j’entends les critiques des imams, mais c’est normal. Il faut qu’ils parlent étant donné que ce sont des régulateurs de la société. Mais il y a une nette différence entre la façon dont ils perçoivent le défilé et la manière dont nous le faisons. Je les comprends, mais nous les rassurons en leur disant que nous ne sommes pas de mauvaises femmes et nous ne faisons rien de mal. Nous défilons seulement. Nous sommes des croyantes. Et donc, nous accomplissons toutes les recommandations divines. Il y a des gens qui font pire que ce que nous faisons et personne n’en parle. Nous ne portons pas des habits courts et nous n’exhibons pas notre corps comme certains le font au vu et au su de tout le monde. Ce concours montre juste aux femmes comment garder leurs maris.
Quelle a été votre réaction lorsque qu’on a annoncé la suspension de la diffusion à la télévision ?
Rien du tout ! Je n’étais pas déçue. L’essentiel pour moi a été la tenue de la finale. Et ça a eu lieu. Ce qui n’était pas évident. Pour ça, nous rendons grâce à Dieu. Les gens aiment juger une personne sans même la connaître, alors qu’il est difficile de discerner le bien du mal. Car, il y a des femmes qui font de mauvaises choses en cachette.
Vous étiez combien de candidates à la finale ?
Je l’ai démontré aux membres du jury, le jour de la finale. C’était un concours et j’ai mis toutes les chances de mon coté. Je n’ai négligé aucune astuce qui pouvait me faire gagner. Si je n’étais pas sortie vainqueur, j’aurais pensé à d’autre chose. Même le public en était témoin. Mes passages étaient très attendus. J’ai fait de mon mieux pour être la première.
Nous étions 15 finalistes.
Selon vous, quels sont les atouts qui vous ont permis de remporter ce concours ?
Mon premier atout a été mon âge. J’étais la plus jeune des candidates, car je n’ai que 26 ans et je concourrais avec même des amies de ma maman. Donc, je suis leur fille. Mais, je remplissais toutes les conditions d’une Diongoma. En plus, contrairement aux autres candidates, je mettais fixé des critères de réussite différents. Moi j’avais mes propres astuces. Il y a des dames qui se disent qu’elles sont des Diongomas, mais elles ne le sont que du bout des lèvres. Par contre moi, je ne proclame pas que je suis une Diongoma, mais je le démontre de par mes faits et gestes. Même les autres finalistes en savent quelque chose. Parce qu’à chaque passage, elles se rendaient comptent de mes trucs et astuces hors du commun. Je ne faisais pas les mêmes choses qu’elles. Je créais toujours de nouveaux trucs. Lors du défilé, je tenais un panier dans lequel j’avais mis des lampes lumineuses. Quand je les ai sorties, le public en était tout ébahi. Il ne pouvait plus se retenir. Idem pour les encensoirs. J’ai acheté un encensoir de dernière gamme qui a suscité beaucoup de bruit au moment où les autres candidates avaient des encensoirs traditionnels. Les commentaires fusaient de partout en ce qui concernait le métal de l’encensoir. D’aucuns même se demandaient si ce n’était pas de l’or. Les candidates étaient surprises de voir mes Salagne-salagne. En plus, je ne faisais rien qui pouvait motiver les mauvaises critiques à mon encontre. Je passe mon temps à réfléchir quant à la portée de mes actes. Je suis issue d’une bonne famille, donc je dois toujours bien réfléchir avant de m’engager. Car une personne doit toujours penser à ses proches, ses parents ainsi que ses frères et sœurs avant de faire quoi que ce soit. J’ai pensé à beaucoup de choses avant de me lancer dans cette compétition, car le fait de vouloir gagner ne me conduirait jamais à faire des actes qui permettront aux gens de me critiquer après. Je ne le ferai jamais. Je me suis bien habillée, j’ai fait des déhanchements de Diongoma et tout ce que je devais faire pour séduire le jury. Rien de plus. Il m’arrivait même de demander des conseils aux organisateurs de l’élection avant de passer sur le podium. Juste dire aux gens qu’il n’y a rien de mal à l’élection miss Diongoma. C’était juste un jeu. S’il y avait du mal, je ne serais jamais candidate.
Combien avez-vous dépensé dans les préparatifs de la finale ?
Je ne peux vous dire exactement la somme, mais ça dépasse plus d’un million 200 mille F CFA. J’ai acheté des encens et des ceintures de perles. Le jour de la finale, j’ai organisé un regroupement chez moi. J’ai acheté un mouton pour le repas. J’avais acheté des tickets à 5000 F CFA l’unité pour presque tous mes accompagnateurs. J’ai aussi loué des voitures que j’ai mises à leur disposition. Je reconnais, cependant, que de bonnes volontés m’ont aussi soutenue. C’est grâce à elles si j’ai pu réaliser toutes mes dépenses pour la réussite de la fête. Je ne veux pas citer de noms mais quelqu’un comme l’ex maire de Guédiawaye, Cheikh Sarr et le ministre des sports, Malick Gackou, n’ont ménagé aucun effort pour ma réussite. Sans oublier les membres de ma famille ainsi que mes amies. Je remercie les organisateurs, Moise Ambroise Gomis et Moussa.
Quels sont les prix que vous remportez avec ce sacre ?
Pour le moment, je ne peux énumérer tous les prix, puisque qu’on ne me les a pas encore remis. Mais, après l’annonce des résultats, j’ai entendu dire que j’aurais, un billet d’avion, un frigo, un téléphone portable, un poste de télévision, entre autres.
L’argent ne fait-il pas partie du lot?
Je n’en sais rien. Si les organisateurs en ont parlé, je ne l’ai pas entendu car en ce moment la joie m’avait envahie et je ne prêtais plus oreille attentive aux paroles. J’étais très contente. Mais, ce ne sont pas pour ces cadeaux que j’ai participé. C’était juste pour me faire plaisir.
Vous avez dit que les hommes pleurent derrière vous. Aujourd’hui que vous êtes sacrée miss Diongoma, que font-ils.
Les hommes continuent toujours de pleurer. Mais je sais qui je suis et où je pose les pieds. Je ne fais que ce qui m’arrange. Les hommes ne cessent de m’appeler, mais je connais leur intention ; ce qui fait que je ne réponds pas à tous les appels. Parfois, je prépare mes réponses avant de décrocher. Mieux, ce sont les gens qui ne prenaient plus de tes nouvelles qui refont surface, mais je connais leurs motivations.
Mais, il en existe de nouveaux hommes qui vous courent derrière ?
Si, mais je ne leur accorde pas d’importance.
Aviez-vous reçu de propositions indécentes depuis votre sacre?
Il y en a. Les hommes appellent pour me dire des choses qui sont interdites par la « loi ». Ils me proposent des choses impensables. Leurs propositions sont indécentes. Au téléphone, si je sais que mon interlocuteur va me dire des choses pas du tout catholiques, je ne lui laisse même pas le temps de continuer. Je lui raccroche au nez. A chaque fois que mon téléphone sonne, je réfléchis d’abord avant de décrocher. Je sais me défendre.
Quelle a été la réaction de votre copain après votre victoire?
(Rires). Avant de partir pour la finale, il m’a dit que j’allais gagner. Le lendemain matin, il m’a appelée pour s’enquérir de la situation et je lui ai dit j’ai gagné. Et sa réponse a été : « je l’avais dit ».
Donc, il sait que vous êtes une Diongoma ?
(Elle s’esclaffe de rires). Je m’en arrête là.
Vous pensez au mariage ?
Je veux me marier, parce que c’est ce qui fait la beauté de la femme.
Votre vie a-t-elle changé après votre élection ?
Du tout. Je suis toujours la même Oumy Gaye. Mes habitudes n’ont pas changé. Je suis dans mon salon de coiffure. Si je sors, les personnes que je rencontre, je les salue avec insistance, afin qu’ils ne disent pas que je me prends pour une célébrité que je suis loin d’être.
Après le « Dieul rek dem » aux éliminatoires, qu’avez-vous amené à la finale?
Mon arme, c’est le « Dieul rek dem » et je ne me séparerai jamais d’elle. Mais pour cette fois, j’y ai ajouté le «Raindi rek djégui». Je le fais et je ne me retourne plus jamais en arrière.
C’est quoi ?
C’est le nom d’un encens. Si tu en mets dans l’encensoir, ça «tue» celui qui le respirera.
SOURCE: LERAL.NET