Après avoir bâti sa carrière dans le ciment et le pétrole, le milliardaire Aliko Dangote s’impose sur le marché des engrais pour soutenir la production agricole sur le continent africain.
L’usine d’engrais de Dangote est un projet majeur qui s’aligne sur les ambitions de l’Union africaine de relever le défi de la productivité agricole du continent. L’accès aux engrais demeure un défi pour les producteurs locaux, le coût de ces intrants ayant connu une hausse considérable d’au moins 80 % entre 2020 et 2022.
Située dans la zone franche de Lekki, dans la ville de Lagos, l’usine de Dangote, d’une capacité de production de 3 millions de tonnes d’engrais par an, rejoint les deux acteurs locaux du secteur, Indorama Eleme Fertilizers & Chemicals Limited et Notore Chemicals Industries (NCI). S’étendant sur une surface de 500 hectares, elle produit principalement un intrant à base d’urée et d’ammoniac, utilisés dans l’agriculture. Le projet d’une valeur de 2,5 milliards de dollars, a été inauguré en 2022 avec pour objectif de limiter la dépendance de l’Afrique aux importations d’engrais. D’après la Banque mondiale, près de 90 % des engrais utilisés dans les pays d’Afrique subsaharienne sont importés. La production annuelle d’engrais sur le continent était évaluée au courant de l’année 2022 à environ 30 millions de tonnes.
« Lorsque nous y parviendrons, vous verrez les avantages réels de l’utilisation d’engrais dans l’agriculture. Au lieu d’avoir un rendement de deux tonnes par hectare, vous finirez par avoir un rendement de six à huit tonnes, ce qui signifie que l’agriculture s’ouvrira, que les agriculteurs se rendront compte qu’ils peuvent gagner beaucoup d’argent.”
Aliko Dangote, President/CE, Dangote Industries
La dépendance des pays africains aux importations d’engrais limite la productivité agricole. La situation s’est particulièrement aggravée avec la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid-19. L’Union Africaine, dans son ambition de booster la production agricole, investit dans la production d’engrais locaux, avec la mise en place du Programme détaillé de développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA), et du Mécanisme africain de financement du développement des engrais (MAFDE). Selon les données de l’organisation, les agriculteurs africains n’utilisent que 5 à 10 % des quantités d’engrais utilisées par les pays en voie de développement.
“Le faible niveau de fertilité des sols constitue une crise majeure en Afrique, réduisant les moyens de subsistance des agriculteurs, augmentant la faim et accélérant la dégradation de l’environnement. Cela provient d’un manque de connaissances sur la santé des sols, d’un manque de sensibilisation et d’investissement dans la production et dans l’utilisation d’engrais appropriés.”
Josefa Sacko, Commissaire de l’UA à l’économie rurale
L’usine d’engrais de Dangote s’aligne sur les ambitions de l’Union africaine de booster la productivité agricole du continent, en s’attaquant à l’insécurité alimentaire qui touche un quart de la population africaine. Au-delà de contribuer à l’agriculture, la mise en place d’une usine locale d’intrants agricoles supprime les intermédiaires dans la chaîne d’approvisionnement sur un marché africain des engrais encore fragmenté.
« L’une des choses que nous avons faites était de nous assurer que la chaîne d’approvisionnement était parfaitement rodée afin d’éviter toute perturbation. Il y a beaucoup de blocages. Nous devons veiller à ce qu’il n’y ait pas de perturbation dans nos approvisionnements ».
Aliko Dangote, President/CE, Dangote Industries
Alors que les cibles d’exportation initiales de Dangote Fertilizer Plant étaient principalement le Nigéria et l’Afrique, la demande croissante en engrais a favorisé l’expansion de l’usine. A ce jour, Dangote Fertilizer Plant approvisionne en plus des pays africains, le Brésil, les États-Unis, le Mexique, l’Inde et l’Union européenne.
source:https://africa24tv.com/dangote-fertilizer-plant-le-pari-dune-afrique-autosuffisante-en-engrais/