Par Anthony Nugan le vendredi 17 août 2012
Catégorie: People

Sénégal 2012-Mbaye Ndiaye, Mortelle Destinée

En une semaine, Mbaye Ndiaye a été tout à la fois ministre de l'Intérieur, Premier ministre et président de la République. La grande faucheuse a révélé un homme sur les nerfs qui veut se donner un destin national : cruelle destinée entamée par une liquidation et qui respire avec la mort.


La nervosité est toujours là, masquée par une tension qui se voit avec des yeux  légèrement exorbités, clignant fort ; mais le ton qu’il veut mesuré compense largement. Mbaye Ndiaye, ministre l'Intérieur qui a assuré tout à la fois l'intérim du Premier ministre et du président de la République entre le 7 et le 15 août s'est tout de même taillé une stature à sa mesure, grâce principalement à la mort.


Toujours au front sécuritaire pour jouer son rôle premier, il a été projeté au-devant de l'actualité dans la douleur et la tristesse, avec le mort de Kédougou le 13, suivi le lendemain des neuf autres victimes des intempéries qui ont envahi le Sénégal avec un hivernage fort liquide : les morts de Hann-Yarakh et des Hlm-Grand Médine, principalement, ont permis à un intérimaire d'ordinaire surexcité de se poser en homme de responsabilités nouvelles qu'il essaie d'assumer avec hauteur : à l'heure de vacances controversées, il a essayé et réussi à tracer, par sa présence, la logique de son logos et la solidarité, un sillon qui devrait demain faire réfléchir, à l'heure des grands choix. Lui, le très controversé fidèle planqué à l’Intérieur, est parvenu à faire oublier le singulier face aux drames quotidiens, réguliers et douloureux qui traversent le Sénégal en largeur et en profondeur. Il est vrai que seule la mort efface les frontières étroites de l’égo.

 

Sur tous les fronts, Mbaye Ndiaye est celui qui, d’un gouvernement d’infortune, est,  depuis le 7 août, le plus visible d’une équipe, lui qui a essayé de relever et de condamner tout à la fois l'inconséquence des hommes et des techniciens de l’Etat, que ce soit sur la route avec le drame du 7 août,  leur infortune mortelle avec disparus des intempéries tombés sur les ruines de la l’impossible construction nationale d’un Etat permissif et appauvri.


On se souvient pourtant de cette chevauchée fantasque, entre 2008 et les locales de 2009, lorsqu'il a été liquidé par ses frères libéraux pour collusion avec l'ennemi Macky Sall : expulsé de l'Assemblée nationale et de la mairie des Parcelles assainies, il allait, tel le moustique de la fable, claironnant partout qu'il était encore député-maire, au point de faire craindre pour son équilibre. Un jugement hâtif et excessif en avait alors fait un renfrogné aux nerfs à fleur de peau. Quelques douloureuses épreuves plus tard, il se montre un homme de situations qui refuse cependant de blanchir sous le harnais.

Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue
Parcelles assainies, Unité 10, Villa N° 276, Dakar, Sénégal, tél (00 221) 76 681 64 06
sites : www.pathembodj.com ; blog : http ://koccbarmafall.skyrock.com
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