Un ministre sur le podium ! Ce n’est pas du cinéma pour se jouer des fans de Youssou Ndour. Il s’agit d’un cadeau du Roi du Mbalakh à ses fans. La conjoncture politique et sociale l’a propulsé au-devant de la scène politique, sous un autre orchestre : le mouvement ‘’Fekke ma ci boole’’. Du chant à la contestation populaire, il y a la passerelle du coup de cœur.
Le peuple est le grand amour célébré de sa voix qui ne chante plus. Il a choisi une vertu voisine : le cri. Oui, le chant est cri, dans ses dimensions poétique et philosophique. Il humé les gaz et soigné un bobo. Il a ramassé le strapontin de ministre de la Culture et du Tourisme. L’âme et l’image du Sénégal aux soins de son aura.
Une histoire de près de quarante années sur les cinquante-deux de l’artiste est mis en stand-by. Il ne se produit plus. Le débat est alimenté par la vacance de poste : qui est le Roi du Mbalakh. Prince Arts a un poulain dans son écurie : Pape Diouf. Emule de Youssou Ndour jusque dans le gestuel sur scène, pénétré de l’action de son aîné, l’enfant de Guinaw Rails n’en est pas moins un Prince des nuits dakaroises. Son dernier opus est riche de titres qui prennent le chemin des hits. « Casse Casse » et« Bégué » sont des exemples pertinents de la maîtrise vocale, de la rythmique et des mélodies. Il gagne en assurance coaché par Papis Konaté et Ibrahima Ndour.
Une machine de marketing est mise en marche pour accompagner la réalisation de cette ambition. Seulement, cela ressemble à un forcing. Youssou Ndour, dans la musique, est une ambition et une abnégation. Il a travaillé sur la base d’un genre que beaucoup rechignaient à appeler « musique ». Il a fait le vide autour de lui et exporté le Sénégal de la culture sur les plus grandes scènes du monde, malgré les critiques sur son adhésion à la world music.
Pape Diouf est jeune, avec une expérience respectable, du Lemzo à Génération Consciente, non sans oublier les années de galère. Il n’était armé que de sa foi en sa vocation. Mais, Roi du Mbalakh, il n’y est pas encore. Ce titre est le certificat de majorité artistique. Il gravit des marches. Le sommet est encore loin. Il a une marge de progression qu’un trop plein de coups de marketing éliminerait. Prince Arts a mobilisé le Groupe Futurs Médias. Pape Diouf a ressemblé à « la Nouvelle Star » incarnant une voix qui n’est pas la sienne. Surtout quand il a incarné, suprême symbole, le morceau ‘’Yarou’’ de Youssou Ndour ! Il a du talent, mais pas assez de faits de scène et de studio pour remplacer You. Que ce dernier quitte la scène n’oblige pas le monde musical à lui chercher un remplaçant. Sur quels critères ? Que fait-on d’Assane Ndiaye, d’Abdou Guité Seck ?
Le jeune artiste de Saint-Louis a un talent rare. Il a le propos mâture et la mélodie précieuse. Il s’est égaré entre un défaut de constance et une errance artistique dans son style. Mais il reste une valeur sûre ! Il est sans doute le plus expérimenté de sa génération. Il a fait le chemin inverse du parcours classique : des débuts en world music et un retour pour s’imposer en mbalakh. Il lui manque cette audace trépidante qui fait des folies avec des trouvailles simples et très grand public. A propos, la presse annonce un album. Une autre voix pour la couronne… que You vient remettre pour la soirée du 8 ! Il est là, celui qui adore dire au public : « Est-ce que vous êtes là ? »
SOURCE: 123dakar