L’émirat des « petits cheikhs» et la tournée de petits-ducs ou l’ambiance de désordre et le culte du vau d’or !
Le Mouridisme, en tant que voie de matérialisation spirituelle, d’accomplissements moraux et de ressourcement religieux, s’est toujours illustré de sa vocation d’éducation et d’élévation spirituelle ayant comme assise, la sagesse soufie -fondée autour du dogme, du dévouement et de l’abnégation- et de l’enseignement éclairé de CHEIKH AHMADOU BAMBA.
Autre temps, autre signe ! Maintenant que la gangrène d’affairisme contamine la chaumière, et que le système de « jebulu aki daara » que le Cheikh avait prévu comme rempart ; commence à s’écrouler sous le poids d’une course effrénée à l’enrichissement, surtout illicite de nos dignitaires religieux musulmans en général.
Le daara est devenu aujourd’hui, pratiquement orphelin, parce qu’il est sevré, du sein nourricier des mannes religieuses devenues biens personnels et de la tutelle des grands chefs religieux, qui ne s’en occupe plus. Du fait de la perte de son grand mécène, qui fut : SERIGNE SALIOU MBACKE. Sur ce plan, les KEUR SERIGNE TOUBA qui aidaient à la résolution de l’équation mendicité, l’une des pires formes de travail des enfants ; initialement, ils ont été effectivement créés comme des hospices destinés à recevoir des apprenants, à servir d’abri ou de refuge aux gens de couche sociale déshéritée et les dévots.
Donc, partant de cette conception de posture utilitariste, recommandée par le Cheikh, on peut affirmer sans risque de se tromper que la voie soufie, prônée par le Cheikh, recèle des remèdes et des réponses aux crises sociétales et sociales. Donc, il est beau de faire le tour du monde –par une démarche exotique pour magnifier l’œuvre et l’action titanesques de Cheikh Amadou Bamba, dont les exploits surhumains, les démarches chevaleresques, et l’engagement épique, sont gravés sur les frontons du temple de l’éternité.
Mais, tant que le Mouridisme continuera de se prêter à des pratiques hérétiques bannies par l’islam et proscrites par le Cheikh ; les quelles pratiques, qui défigurent la voie soufie du Cheikh ; nous serons loin des comptes, d’un soufisme sunnite prôné par le Cheikh.
A mon sens, les grandes rencontres, dites soufies dans lesquelles des discours ex-cathedra se prononcent, des chants de khassaïdes se déclament, sans qu’il y ait pour autant, une véritable auto- évaluation des mourides par rapport à l’enseignement du Cheikh, ces démarches ne représentent en réalité, que des tournées de grands-ducs et sont farfelues, contre productives, en un mot : une fuite en avant totalement étrangère au mouridisme pur.
Abou Hourayrat se prémunit à travers des invocations contre l’avènement de : l’an « 60 hégire » - 680 du calendrier grégorien - et l’émirat des jeunes émirs - imaratou sibyaan. Une telle situation, aux périls desquels, le Prophète lui-même, avait l’habitude d’en prévenir à toute la « oumma islamique ».
Cette date de l’an 60 hégire – 680 ère grégorienne - marque non seulement le décès d’ABOU HOURAYRAT, mais consacre le début de règne de la dynastie omeyyade, avec comme lot d’horreur et de désolation : la persécution contre la famille de Sayyidouna MOUHAMMAD entre autres, le bombardement de la Kaaba par la catapulte.
Les méfaits du « sacre des petits émirs » ne se limitent simplement pas à ces affres perpétrées par les omeyyades, mais en 680, les notables de la ville shi'ite de Kufa décident de mettre sur le trône Husayn, deuxième fils d'Ali. Le détachement militaire shi'ite est détruit à Karbala la même année, et Husayn tué.
A La Mecque, Abd Allâh ibn Zubayr, petit-fils d'Abu Bakr, refuse de faire acte d'allégeance à Yazid Ier. Il se proclame calife en 681, reçoit de nombreux soutiens et étend son pouvoir jusqu'à Basra (Irak). Il est écrasé par le calife Abd al-Malik (prise de La Mecque en 693).
Le kharidjisme commence à se montrer de nouveau menaçant : des émeutes éclatent à Basra (678) et à Kufa (680). Cette dernière ville est placée sous haute surveillance et les éléments kharidjites les plus turbulents, sont déportés dans d'autres provinces de l'empire.
Et en conclusion, étant donné que les petits émirs sont atteints par le virus des tentations du pouvoir, et de la griserie de son corolaire qui est l’argent et le luxe insolent, ils sont incités souvent à adorer le vau d’or.
Et dans cet ordre d’idée, ces tournées tumultueuses, à l’exemple des vols spéciaux, du comité d’organisation du Magal, à travers le monde, sous la houlette des jeunes maras, qui sont plus tentés par l’argent et le luxe, ne sont pas étrangères de cette logique, d’adoration du vau d’or.
A Touba, il y a un mauvais ciblage des œuvres et objectifs de développement. Les voix autorisées, invoquent toujours la question de la densité démographique, pour faire appel aux services régaliens de l’Etat, sans pour autant, s’évertuer un seul instant, à y associer la population souveraine, la première concernée.
Il n’est pas du tout normal, il est antirépublicain et contre toutes les règles du libre choix des citoyens électeurs, que la liste unique leur soit imposée. Ce qui est un cas singulier à Touba dans toute la République. Ceci représente à vrai dire, l’expression typique d’un baiser de judas démocratique, contre la souveraineté des citoyens de Touba. Avec toutes les ressources financières, les dotations et autres subventions tirées des caisses de l’Etat, dont Touba bénéficie au nom de ses populations, la composition de l’institution du conseil rural ne devrait en aucune façon se faire autours de personnes choisies indépendamment de la volonté souveraine des citoyens. Comme cela se fait partout dans l’étendue du territoire national, les citoyens de Touba ont aussi droit à avoir un large éventail de listes de candidats pour faire le choix démocratiquement, de leurs dirigeants au sein du conseil. Sinon, on tomberait dans les travers d’une féodalité religieuse qui ne dit pas son nom.
Donc la liste unique représente : le chancre d’inoculation d’un césarisme religieux et l’incubation d’un centralisme religieux dans la gouvernance locale. Pour conclure, je dirai qu’aucun NDIGËL ou appel, qui ne feront pas l’économie des conditions de vie difficiles des talibés et de la dégradation des mœurs, ne sauraient nullement faire valoir d’argumentaire religieux.
Serigne Fallou Dieng maitre soufi et président du cercle des soufis