Par Anthony Nugan le samedi 12 janvier 2013
Catégorie: People

IBRAHIMA SENE, PIT : «Les difficultés des Sénégalais et le désespoir sont encore là»

IBRAHIMA SENE, PARTI DE L’INDEPENDANCE ET DU TRAVAIL

 

«Les difficultés des Sénégalais et le désespoir sont encore là»

 

Partie prenante de la mouvance présidentielle, Ibrahima Sène, membre du Parti de l’indépendance et du travail, estime en substance que la rupture n’a pas encore de prise réelle et significative dans la marche du pays.

Par Mohamed NDJIM

Quelle est l’actualité du Parti de l’indépendance et du Travail (Pit) ?

Nous nous préparons à développer un programme d’action au niveau national pour remobiliser le parti, le mettre en ordre de bataille. Comme nous l’avions prédit depuis les débats que nous avions eu dans le cadre de Benno Siggil Senegaal, la période qui s’ouvre au Sénégal après la défaite de Wade est une période de transition. Pour changer véritablement, il y a une période durant laquelle l’ancien qu’on veut tuer cohabite avec le nouveau qui veut naître. Et durant cette période pleine d’incertitudes, le sort du changement se décide. C’est cette période dans laquelle nous vivons, où ce que Wade nous a légué est toujours présent, et ce que nous voulons changer n’a pas encore de prise réelle et significative dans la marche du pays. Durant cette période-là, il faut que les forces du changement se mobilisent et gardent le cap.

A propos du legs de l’ancien régime, quel regard vous portez sur les audits, les levées d’immunité parlementaire au moment où certains suspects disent que les enquêtes sont sélectives ?

C’est un faux problème que les gens soulèvent. Parce que les audits en question, c’est les audits que Wade avait fait effectuer, et c’est les rapports que la Centif (Cellule nationale de traitement de l'information financière, ndlr) ou la Cour des Comptes avait confectionné sur lesquels Wade était assis. Quand on est venu, on a dit qu’il faut que ces audits et ces rapports aboutissent. C'est-à-dire que s’il y a des situations qui méritent un traitement judiciaire, ce traitement judiciaire se fera. C’est clair qu’il y a des présomptions d’enrichissement illicite dans la gestion de ces gens-là, compte tenu des résultats d’audits qui existent. S’il y a présomption, il faut mener des enquêtes, et c’est ce qui se fait. Donc le nouveau pouvoir n’a pas encore mis en branle des audits, on vient de mettre en place l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption, et Macky a bien dit à ses compagnons, aux nouvelles autorités, que cet Office a été créé pour vérifier la bonne gestion des ressources publiques qui leur ont été confiées. Donc cet office-là va faire son travail.

Il n’y a donc pas d’acharnement contre certains dignitaires de l’ancien régime ?

Il n’y en a pas ! Il ne faut pas que les gens racontent des histoires. La levée de l’immunité parlementaire de certains députés a ébranlé la confiance de certains, tout simplement parce que les libéraux nous ont habitués à cela. Tout le monde se souvient de l’assassinat de Me Sèye. Wade, Samuel Sarr et compagnie étaient soupçonnés d’en être les commanditaires. Mais avec Ousmane Ngom et la presse complice, le Pds a développé une stratégie de désinformation en mettant en avant des problèmes de procédure, des problèmes de compétence juridictionnelle, à tel point que même le peuple était dubitatif vis-à-vis des responsabilités que les dirigeants du Pds auraient eues dans ce meurtre. C’est ce qui leur a permis de créer une atmosphère pour soustraire Wade, Samuel Sarr et compagnie de leurs responsabilités dans l’assassinat de Me Sèye. Ce n’est qu’après, tout dernièrement, quand Wade est venu au pouvoir qu’il a amnistié les assassins qui étaient jugés et condamnés. Cela dit, quand les libéraux sont interrogés sur leur gestion et sur leur train de vie, ils crient au scandale et convoquent procédure sur procédure pour que les Sénégalais doutent de leur culpabilité. Mais ils ne vont pas avoir les Sénégalais une deuxième fois. Il faut qu’ils répondent ; et s’ils sont avérés fautifs et qu’ils acceptent de transiger c’est-à-dire de ramener l’argent détourné, pas de problème. Mais s’ils refusent de le faire, ils iront en prison comme de vulgaires voleurs.

Mais est-ce que cette possibilité qui leur est donnée de transiger n’est pas injuste ? Un voleur devrait être puni si son vol est avéré.

Ça c’est la loi. Dans tous les pays, y compris les Etats-Unis, les voleurs en col blanc on leur demande de transiger, de ramener l’argent volé. Mais les voleurs de poulets purgent une peine et ils n’ont pas la latitude de rendre le poulet volé. C’est la justice du système libéral qui est injuste. Elle se fonde sur le fait que ce qui est essentiel pour les voleurs en col blanc, c’est qu’ils ramènent l’argent. Même les entrepreneurs qui sont soupçonnés de fraudes douanières ou de fraudes fiscales, s’ils transigent, on les laisse en liberté. Et pourtant c’est du vol. Les gens qui détournent les deniers publics sont libérés s’ils retournent l’argent volé, pendant qu’on ne demande pas aux voleurs de poulet de ramener le poulet. C’est injuste, c’est clair ; mais c’est la justice du système libéral qui est ainsi faite.

L’essentiel est de renflouer les caisses du Trésor public ?

Cela permet de renflouer les ressources publiques certes. Mais ça permet aussi de montrer à ceux qui ont la possibilité de faire des malversations sur des deniers publics qu’ils ne seront jamais impunis. Ils vont tomber dans l’infamie, ils vont être pourchassés pour restituer l’argent. Des gens comme çà, pourchassés, qui restituent l’argent, sont dans l’infamie à jamais. Un gros bonnet, qui fait le panache et qu’on soupçonne d’avoir volé ce pays là, ce peuple, et qu’on oblige à payer, il ne se comportera plus en panache (…) Il faut aussi que les gens fassent attention parce que les difficultés du pays sont d’ordre économique et social ; ces difficultés ne seront pas résolues demain ni après-demain, mais elles peuvent être atténuées. Le suicide au feu devant le palais est la suite des actes désespérés qu’on a vécus par le passé. Cela veut dire que les difficultés des Sénégalais sont encore là, le désespoir aussi. Il ne faut pas qu’on se voile la face. Les Sénégalais vivent ce que le règne de Wade nous a légué.

Actuellement vous êtes ancrés dans la mouvance présidentielle et vous voulez remobiliser le Pit pour appuyer l’action du président de la République. Quel bilan tirez-vous de ce compagnonnage avec lui ?

Comme j’ai dit tout à l’heure, nous sommes dans une phase de transition. Et ce qui est important dans une phase de transition, dès le départ, ce sont les signaux forts qui traduisent la volonté de changement. Ces signaux doivent être sans ambigüité. Ces signaux forts, nous estimons au Pit, que Macky est en train de les donner. Le premier signal fort du changement c’est la fin du parti-Etat, la gestion concertée des ressources publiques et de l’Etat. Quand il a été élu président, il a redistribué les responsabilités à ses compagnons pour pouvoir ensemble, de manière concertée, gérer le pays. D’ailleurs, sur les 25 ministres qu’il avait mis en place, son parti Apr n’avait pas la majorité. Ce sont ses compagnons politiques et de la société civile qui sont majoritaires dans le gouvernement. Et cette tendance  a été renforcée avec le remaniement, avec le départ de gros calibres qui l’accompagnaient qui sont de son parti. Donc, il a donné sur ce plan un signal fort de la fin du parti-Etat et de la volonté de gérer dorénavant le destin du Sénégal par les forces vives qui se sont battues pour le changement.

Mais est-ce qu’on ne risque pas d’avoir une coalition Etat à la place du parti-Etat que vous évoquez ?

Une coalition Etat est un pas en avant par rapport au parti Etat. Parce que tous les Sénégalais s’étaient rendu compte qu’il n’est plus acceptable qu’un seul parti, autour d’une seule personne, se mette à régenter la vie des Sénégalais. C’est fini, les gens ont tourné le dos à cela et Macky l’a bien compris. Le deuxième signe de rupture, c’est aussi dans la perspective de la mise en œuvre des Assises nationales. Les Assises nationales préconisent la réforme des institutions pour rendre l’Etat aux citoyens et au peuple. Pour cela, Macky a d’abord créé un comité paritaire entre l’Etat et le comité de pilotage des Assises nationales, un comité paritaire de suivi de la mise en œuvre des conclusions. En outre, il a nommé le président des Assises nationales président de la commission de réforme des institutions. En dehors des institutions, les Assises nationales ont mis en avant la nécessité de résoudre les questions de gouvernance au Sénégal pour s’orienter vers une gouvernance vertueuse. Le président de la République a nommé un membre du comité national de pilotage des Assises nationales, un ministre chargé de la bonne Gouvernance. Ce qu’on attendait de Macky, c’est qu’il donne des signaux forts montrant qu’il veut le changement. Il a mis en place le cadrage, le reste c’est à toutes les constituantes de la coalition de se mobiliser pour que les changements attendus se fassent. Un autre signal fort qu’il a donné c’est de mettre fin à l’impunité. Le traitement du dossier judiciaire de Béthio Thioune, le traitement du dossier judiciaire de l’agression contre Ahmed Khalifa Niasse à Kaolack, le traitement judiciaire des audits et des rapports  laissés par Wade montrent nettement sa volonté d’en finir avec l’impunité. Mieux, en mettant l’Ofnac, il dit à ses compagnons d’aujourd’hui qu’ils ne seront pas impunis en cas d’errements de leur part. Enfin, Macky a renforcé les pouvoirs et les moyens de la Cour des Comptes. Donc, au regard de tout cela, si on dit qu’il n’y a pas de signaux forts qui montrent la volonté de changement dans ce pays, je dis qu’on est aveugles. C’est clair que pour les questions économiques et sociales, le changement ne sera pas aussi évident que çà parce que cela touche à la question de l’emploi, à la question du pouvoir d’achat, du niveau des prix. Ces deux questions sont d’ordre mondial. Les Usa, la France, l’Union européenne sont confrontés à cela. Il en va de même pour le Sénégal et les autres pays. Ce que ni les Usa, ni la France ne peuvent résoudre, dire à Macky qu’il va le résoudre c’est raconter des histoires. Il fera ce qu’il peut, tout comme les autres feront dans leur pays ce qu’ils peuvent y faire. Parce que la question du pouvoir d’achat est une question qui résulte de la crise du système capitaliste mondial qui génère le chômage et la vie chère.

D’ailleurs, vous êtes de la gauche antilibérale, est ce que vous soumettez au pouvoir vos pistes de réflexion pour enrayer la dérive capitaliste ?

Nos pistes de réflexion sont pour aider à atténuer mais pas à régler cet état de faits. Pour régler cela, il faut mettre fin au capitalisme. Et pour mettre fin au capitalisme, ce n’est pas demain la veille. Nous nous battons pour créer les rapports de force qui permettent au Sénégal, en Afrique et dans le monde entier, de mettre fin au système d’exploitation capitaliste, mais ce n’est pas demain la veille. Donc s’attendre à ce que Macky résolve le problème du chômage ou résolve la question de la vie chère, c’est vraiment prendre les gens pour des demi-dieux, des gens qui peuvent faire ce que dans aucun autre pays du monde les gens ne sont capables de faire dans le cadre du système actuel.

 (A suivre)

      

Ibrahima Sène, Parti de l’indépendance et du travail

 

«Macky était le candidat de la France, mais il s’est affranchi»

 

Egal à lui-même, Ibrahima Sène aborde sans langue de bois l’actualité nationale et les questions qui interpellent le développement socio-économique du Sénégal. Dans la deuxième partie de cet entretien, il exhorte les Sénégalais à se méfier des manœuvres du pouvoir sortant qui peuvent être ignobles, selon lui. Non sans rappeler l’ancrage du Parti de l’Indépendance et du Travail (Pit) dans la mouvance présidentielle.

Par Mohamed NDJIM

On a senti le Pit assez contestataire de par le passé, est-ce que vous ne risquez pas d’être complaisant avec le régime en place étant donné que vous êtes partie intégrante de la mouvance présidentielle ?

Quand on est dans l’opposition on n’a pas la même attitude que quand on est partie prenante du pouvoir. Quand on est dans l’opposition, on se bat pour changer le système en place. C’est différent. Nous avons été avec les socialistes en 1991 dans le gouvernement, et nous avons tout fait pour contribuer au changement auquel les Sénégalais aspiraient à l’époque. Et tout le monde sait qu’à partir de 1991, le système électoral a été refondé, tout le monde parle du code électoral de Kéba Mbaye, les libertés publiques ont été mieux respectées, les libertés syndicales aussi, le monde rural a été mieux pris en compte et les concertations entre pouvoir, syndicat et patronat étaient à l’œuvre. Ça avait permis de mettre fin à ce qu’on appelait les années de braise, les années sous Jean Collin et Abdou Diouf. C’est ainsi que petit à petit les conditions ont été réunies pour arriver à l’alternance en 2000 ; et les Sénégalais savent très bien que quand on était là-bas, tout ce qu’on pensait ne pas être dans l’intérêt des Sénégalais on le prenait en charge à l’intérieur du pouvoir, on en discutait et si le pouvoir prenait des dispositions que nous jugions contraires aux intérêts des Sénégalais sans qu’on en ait discuté, tout le monde nous entendait. Et c’est ce qui avait fait qu’en août 1995, compte tenu du fait que le Parti socialiste était devenu sourd à nos avertissements, aux indications de conjoncture qu’on lui présentait qui montraient nettement qu’on était dans des dérives très graves par rapport aux intérêts du pays, nous avons sorti une déclaration pour dénoncer ce qu’on a appelé la mal gouvernance. Le terme de gouvernance c’est nous au Pit, au Sénégal et en Afrique qui étions les premiers à le mettre dans l’agenda politique. Immédiatement après, la Banque mondiale a parlé de bonne gouvernance parce qu’elle avait compris qu’on avait touché à un problème de fond qui retardait le pays. Abdou Diouf n’avait pas été content de notre sortie, on nous a virés du gouvernement, nous avons travaillé pour qu’une alternance ait lieu. En 2000, on était d’accord avec Wade pour une réforme substantielle et pour des politiques innovantes. Dès le départ, on s’est rendu compte que Wade faisait le contraire, on le lui a dit, il a fait le sourd ; on l’a dénoncé publiquement et il nous a virés du gouvernement. On lui a montré qu’il avait tort. De la  même manière nous sommes avec Macky Sall pour mettre en œuvre des choses. Ce que Macky est en train de montrer comme perspectives, si Wade l’avait montré, on serait avec lui jusqu’au bout. Abdou Diouf l’avait montré en 1991, dès le départ, mais à mi-chemin, il a bifurqué. Nous nous sommes dit qu’Abdou Diouf a pu bifurquer parce que certainement nous n’avons pas pu créer les rapports de force dans le pays qui l’obligeaient à continuer dans le sens du changement.  Evidemment, c’est maintenant fort de tout cela que nous allons tout faire pour créer les rapports de force pour que les signaux dégagés par Macky puissent être la boussole pour les changements qu’il faut. Et nous allons travailler pour créer ces rapports de force.

Est-ce que ce rapport de force passera par une participation indépendante du Pit aux prochaines élections locales ?

A mon sens, c’est un faux débat que les gens soulèvent. Les gens oublient l’expérience de Benno Siggil Sénégal en 2009. En 2009, Benno Siggil Senegal était une vaste coalition dans laquelle il y avait Macky et tous les autres. Mais nous savions exactement qu’on ne pouvait pas être ensemble dans toutes les collectivités locales. Voilà pourquoi on était souple. Là où on peut aller ensemble, on va ensemble ; là où on ne peut pas aller ensemble, on laissait les gens assumer leurs responsabilités mais tous dans la même mouvance de Benno. Voilà pourquoi partout où on était ensemble, on a gagné, partout où on n’était pas ensemble, les gens ont pu plus ou moins gagner ou perdre. Mais tout ce qui a été acquis a été acquis au nom de Benno Siggil Senegal. C’est la même chose qu’on fera à mon sens. Nous allons maintenir Benno Bokk Yaakaar. Ça c’est le souhait du Pit. Ce qui est inadmissible c’est qu’un parti de Benno Bokk Yaakaar dise qu’il exclut la coalition et qu’il va partir seul aux élections locales comme certains membres de l’Apr le disent. Ces gens de l’Apr sont en contradiction avec les signaux donnés par Macky. Macky veut conforter l’alliance et des flibustiers de l’autre côté tirent sur l’alliance. De toute façon, c’est un problème de l’Apr, ce n’est pas un problème du Pit, ce n’est pas un problème de Benno Bokk Yaakaar.

Qu’en est-il en ce qui concerne la prochaine élection présidentielle. On sent déjà des frictions entre Rewmi et l’Apr liées à la transhumance politique de certains militants ?

Macky a suffisamment montré qu’il tient à l’alliance. Quand des responsables de l’Apr ont cherché à débaucher des militants de Rewmi, on a lu dans la presse l’attitude de Macky qui les a tancés vertement pour les désavouer. Je ne suis pas un prophète, je dis, ce que sera la présidence de 2017 sera le résultat du travail qu’on fera ensemble. Si nous consolidons Benno et que nous parvenons à matérialiser les changements auxquels les Sénégalais s’attendent, il n’y a aucune raison de ne pas aller ensemble aux présidentielles. Mais si nous cassons Benno Bokk Yaakaar, nous fragilisons les possibilités de changement dans ce pays ; je vous dis que le Sénégal en 2017 risque d’être dans une situation d’éternel recommencement. Des forces disparates vont se disputer l’appareil d’Etat avec le risque de ce qui s’est passé au Mali ou au Ghana. Ces deux pays ont connu deux alternances sans problème, on a loué leur tradition démocratique, mais des problèmes sont survenus à la troisième alternance. Que ce soit au Mali ou au Ghana, ils n’ont pas pu régler, durant la deuxième alternance, la codification des rapports de force permettant de pérenniser un fort rassemblement pour continuer à résoudre les problèmes de leurs pays. Nous pensons qu’il n’y a aucune raison pour le moment qui puisse pousser qui que ce soit de l’alliance à vouloir cultiver sa partition personnelle. Je le dis encore une fois, c’est dans l’Apr et dans Macky 2012 que l’on voit ces tendances là, mais ils se heurtent frontalement au refus de Macky. Tout le monde s’étonne des discours contradictoires de Moustapha Cissé Lô. Il dit une chose, mais son comportement laisse transparaitre des attitudes différentes de ses propos. C’est parce que ce qu’il veut n’est pas accepté par Macky. S’il ne fait pas ce que veut Macky, ils vont se séparer. Et puisqu’il ne veut pas se séparer de Macky, il est obligé d’être dans des situations ambigües. De crier par ci et de s’accommoder de la réalité en même temps.

Durant la dernière campagne présidentielle vous disiez que Macky Sall était le candidat de la France. Est-ce à dire qu’aujourd’hui il est le président de la France ?

Ecoutez, la France a quand même changé. La France qui le supportait c’est la France de l’Ump (Union pour un mouvement populaire, ndlr) de Sarkozy qui était au pouvoir. Et cette France là avait des ramifications en Afrique appelées la Françafrique. Ces ramifications ont aussi supporté Macky. Mais cette France là est battue par les socialistes. Et des camarades de cette France qui a gagné sont ensemble avec Macky pour gouverner. C’est ce qui a permis à Macky de se dégager de l’emprise de ceux qui le soutenaient. La droite française qui le soutenait n’est plus en mesure d’influer sur ce que fait Macky. C’est donc devenu sans objet. Mais si c’est Sarkozy qui était là, je vous assure, je suis convaincu que ce que nous sommes en train de faire avec Macky serait impossible aujourd’hui. Donc, il faut que les gens, en se remémorant de toutes ces choses là, relativisent. Parce que le Sénégal sous Macky, dans un contexte où la France est gouvernée par les socialistes, est différent du Sénégal dans un contexte où la France était gouvernée par Nicolas Sarkozy et l’Ump.

Envisagez-vous un retour aux affaires du Pds ?

Je tiens à rappeler aux Sénégalais les habitudes des libéraux. Quand ils sont en difficulté, ils sont maîtres de l’agitation et de la diversion. Ils sont maîtres de coups fourrés, je le dis en connaissance de cause. Le Pds, si ses intérêts sont en jeu, ne recule devant rien, devant aucune ignominie, et je pèse mes mots. Le Pds est capable de faire l’inimaginable. L’assassinat de Me Sèye est là. Les policiers étalés, tués en 1994 à Centenaire, restent dans les mémoires. Des policiers qui     étaient venus désarmés, pour encadrer de loin leur meeting, à la fin du meeting les gens se sont jetés sur eux pour les massacrer. Actuellement, le Pds est dans des difficultés qui laissent présager un recours à des méthodes extrêmes. D’ailleurs, ils ont exploité la manifestation des "thiantacounes" avec les casses… ; les "thiantacounes" disaient qu’ils étaient infiltrés, mais je me demande comment ils peuvent dire qu’ils sont infiltrés quand Oumar Sarr lui-même avait annoncé qu’ils allaient coordonner leur action pour lutter ensemble. Donc un problème est clair. Ces gens là sont prêts à tout pour sauver leur peau. Si leur action de dilatoire pour semer le doute dans l’esprit des Sénégalais ne marche pas, il faut bien s’attendre à ce qu’ils aient recours à ce qui se fait de mieux : la violence. Donc, j’attire l’attention des Sénégalais et de Benno Bokk Yaakaar sur le fait qu’avec ces gens-là, la fermeté et la vigilance doivent être de rigueur. Pas d’état d’âme, pas de tergiversations. La presse, qui d’ordinaire doit jouer son rôle d’information, doit mettre en exergue les desiderata des uns et des autres, mais elle doit être vigilante pour ne pas être l’instrument de la violence dans ce pays. Ce n’est pas la presse qui en serait à l’origine. Mais les fautifs peuvent, sous prétexte de droit de réponse, de droit à l’expression, instrumentaliser, utiliser l’instrument presse pour en venir à ce genre de situations. 


 

--

 SENETOILE

Laissez des commentaires