L'OBS - Moustapha Diakhaté est le président du groupe parlementaire «Benno Bokk Yaakaar». Ancien militant du Pds et proche collaborateur de l’ex-Président Wade, le patron du défunt «Waccoc Alternnce» livre à L’Observateur ses 5 dates.
1976 : «C’est l’année de création du Rassemblement national démocratique (Rnd) du professeur Cheikh Anta Diop. Je me suis engagé politiquement pour la première fois dans ce parti politique. J’étais très jeune et je passais tout mon temps à vendre le quotidien «Siggi» qui était le journal du parti. C’est bien plus tard qu’on lui a donné le nom de «Taxaw». Ces moments-là m’ont beaucoup manqué parce que c’étaient les premières heures de mon militantisme citoyen et politique.»
1978 : «C’est une année qui m’a beaucoup marqué, car je venais de perdre mon guide religieux, Cheikh Ahmadou Mbaké Gaïndé Fatma. C’est sous son ombre que j’ai acquis les bases de mon engagement politique et citoyen. Il était, non seulement, un guide religieux, mais un chef religieux politique trop proche de l’opposition. Le jour de son décès, j’étais meurtri. Je pensais que le ciel allait tomber sur ma tête. Cheikh Gaïndé Fatma représentait beaucoup pour moi en termes d’éthique et engagement politique. Il était une référence pour moi et pour la jeunesse sénégalaise.»
1982 : «C’était l’année du décès de mon père. C’était une année triste. A l’époque, je faisais la sixième secondaire et j’étais déjà orphelin. Je me suis retrouvé seul avec une famille issue du monde rural. Donc, très tôt, je suis devenu responsable de famille. J’étais l’aîné de mon père et naturellement après sa mort, je suis devenu le chef de famille. J’étais obligé de me battre pour subvenir aux besoins de ma mère de mes frères et sœurs.»
19 Mars 2000 : «C’est la date de la première alternance au Sénégal. Cette date marque le couronnement de mon engagement politique parce que je me suis tout le temps battu pour qu’il ait une alternance dans ce pays. Je ne faisais pas partie des gens qui pensaient que le Parti socialiste n’allait jamais quitter le pouvoir. Ce jour-là, le peuple sénégalais a montré qu’avec le vote, on peut changer le régime. Il y avait des gens qui ne croyaient pas qu’avec la carte électorale, on pouvait changer de régime. Pour eux, il fallait forcément imposer la révolution ou la violence au Parti socialiste pour changer les choses. Mais nous avions cru, avec Me Abdoulaye Wade, à la démocratie et aux voix des Sénégalais pour accéder au pouvoir. Ainsi, nous venons de réussir une étape très importante dans la marche de la démocratie. De mon point de vue, c’est la date qui marque l’entrée définitive du Sénégal dans le cercle restreint des démocraties majeures.»
23 Juin 2011: «C’est ce jour-là que le peuple sénégalais, qui avait élu Me Abdoulaye Wade, a refusé la dévolution monarchique du pouvoir. C’est ce jour-là, qu’on a mis en échec le projet de succession, par son fils, du Président Wade. C’est à cette date qu’il a perdu le pouvoir, tout le reste n’était que formalités. D’ailleurs, je propose qu’on consacre cette date comme «la journée de la Constitution». C’est la première fois que le peuple sénégalais est descendu dans la rue, pas pour demander du pain, mais pour qu’on respecte sa Constitution. C’est un message puissant à l’endroit de tous les leaders politiques africains.»
BABACAR TAMBA