Par Anthony Nugan le jeudi 3 octobre 2013
Catégorie: Religion

Risâlatut Tawba ou Lettre de repentir par Cheikh Ibrahima Niass

Au retour d’un voyage de la Mecque, Cheikh Ibrahîm, a composé un poème sous le titre Risâlatut Tawba ou Lettre de repentir, dans laquelle il se remet à son seigneur comme toujours, exprimant le repentir, tel que fortement recommandé le Coran et la Sounna. Il s’est trouvé des gens pour interpréter cela comme une affaire conjoncturelle, en particulier, une renonciation soit à la tarîqa tijâniyya ou à la praique du qabdu (le faite d’attraper son bras gauche par sa main droite et de les faire reposer sur la poitrine). 

D’autres sont partis plus loin, en lui écrivant une lettre pour lui demander la véracité de ces rumeurs, en l’occurrence Abdoulaye Diarra et Moussa Cheddad. Cheikh Ibrahîm prit le soin de répondre a ces gens, prenant tout le soin de donner une leçon aux jeunes intellectuels. Nous vous proposons ici une traduction de Cheikh Barham Aboubacar Hâchim, publiée dans la revue almawlid, n°6 du 20 avril 2005, Niamey, Niger.

Au nom d’Allah, Le Clément et Miséricordieux. Louanges à Allah, Seigneur des mondes, que bénédictions et paix se perpétuent sur Mouhammad, sceau des prophètes et ultime Messager, sur sa famille et l’ensemble de ses compagnons.

Honorable instituteur Abdoulaye Diarra, directeur de Medersa franco-arabe à Niamey. Qu’Allah vous protège par la foi et que sa paix et sa miséricorde soient sur vous. 
Cher fils, si par le mot  » voie  » vous faites allusion à la voie Tidjane que je connais, alors ma réponse est que jamais, et Dieu merci, je n’y ai renoncé et je n’y renoncerai jamais, jusqu’à la fin des temps. Puisque cette voie Tidjane que je connais n’est faite que de trois invocations qui sont : La formule d’invocation du pardon (Istighfar), la prière sur le Prophète : (Salatu ala Nnabiy) et la formule de la shahada : (la ilaha illa Allah). Cependant j’ai effectivement reçu votre lettre à travers laquelle vous affirmez avoir entendu que j’ai renoncé à la voie au profit de la voie de la Sounna, et que vous voulez sur ce sujet un éclairage. Ce sont des formules que tout musulman est tenu de pérenniser ne serait-ce que par croyance et par respect des préceptes du livre saint et de la Souna purifiée. Toutes ces deux sources que je viens de citer, renferment d’abondantes recommandations relatives à la nécessité de perpétuer ces invocations nuit et jour. Alors, à Dieu ne plaise de me détourner d’un tel bienfait et d’une source aussi pure. Si jamais vous tombez un jour sur un individu qui s’est laissé coloniser par le Satan maudit au point d’oublier le rappel de Dieu (Zikr), la prière sur le Prophète (salât a la nabi) Et l’invocation du pardon (Istighfar), alors dites-vous bien que c’est un individu subjugué dont le cas nécessite une forte prière. Car le même Satan qui l’aurait détourné du chemin des gens pieux et de bonnes ouvres, pourrait le bannir cette fois, du périmètre de l’islam pour le conduire vers la perdition. Qu’Allah ne l’admette! Telle est la réalité de la question, j’ai tenu à vous l’expliquer à toi et à M. Moussa Cheddad co-signataire de la lettre.

Je me permets de supposer que tous les deux vous désirez réellement un éclairage sur cette question ne serait-ce que par esprit d’investigation et par respect à la science que vous êtes sensés servir tous les deux sinon l’un d’entre vous au moins. Par contre, si l’esprit de votre lettre n’était que sarcasme et moquerie voir une volonté de faire perdre du temps et a vous mêmes et à moi à travers ma rédaction de cette réponse, alors tout ce que je pourrai c’est d’invoquer Allah pour qu’Il vous ramène sur le droit chemin. Cela dit, quant au musulman africain auquel vous faisiez allusion et qui serait plus préoccupé selon vous de trouver le moyen de mettre un terme à la voie, celle bien sur de l’invocation du pardon, de la prière sur le Prophète(S) et de la formule de l’unicité divine, alors moi en ce qui me concerne, je demande la aussi à Allah de lui pardonner et de lui montrer le chemin du salut et qu’Il le protège surtout contre les satans, ceux des djinns et des humains. Que Dieu élargisse la poitrine à ce musulman africain, et qu’Il lui clarifie la vue et l’esprit jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que les problèmes de l’Afrique ne résident pas dans l’appartenance de millions de ses fils musulmans à la voie Tidjane, au contraire, puisque ces millions de croyants musulmans d’obédience Tidjane sont en fait de l’élite des fils d’Afrique. Car nous avons constaté leur présence effective dans les petites et grandes Mosquées tout comme sur les périmètres agricoles, dans les écoles, les universités, les marchés, dans les formations politiques, les parlements, dans les gouvernements, les palais de justices, les usines et partout ailleurs. Et quiconque se faisant alors une mauvaise idée à leur sujet, pense que ces gens s’apprêtent à abandonner ce qui est déjà pour eux un acquis et une certitude encrée, le moins qu’on puisse dire est que ce monsieur là ne connaît rien de la société africaine.

Pour ma part, je trouve cependant qu’en réalité l’africain musulman se trouve plutôt convié à une grande réflexion sur des sujets concrets de préoccupation. Il a devant lui des problèmes complexes tant au plan intellectuel, culturel, social économique que politique. Il est pour ainsi dire appelé à livrer plutôt la bataille du grand djihad afin de préserver les siens et sa propre personne du supplice de la fournaise, mais aussi de garantir sa propre progression spirituelle et de fortifier tout autant sa foi. Il doit surtout apprendre à appeler les gens vers Dieu avec  » intelligence et sagesse ». C’est comme cela que les adeptes des divinités païennes et au delà, tous ceux qui se trouvent détournés par les évangélistes et autres, pourraient être ramenés à l’islam. C’est également comme cela que seront ramenés sur le droit chemin ceux des musulmans qui ont déserté les Mosquées et les écoles pour se laisser emporter par les courants tumultueux et trompeurs venus d’Europe et d’Amérique avec leurs multiples facettes de corruption. Cependant, force est d’admettre que le musulman africain a de sérieux problèmes face à l’appel islamique en tant que tel à cause notamment de certains prosélytes incultes et prétentieux mais aussi des Ulémas qui spolient les acquis de la ummah, en dénigrant les dépositaires des sciences, semant le trouble et le doute dans les esprits pour mieux ébranler les fondements de la communauté.

Oui ! il y’a aujourd’hui devant le musulman africain un large chantier de réflexion et d’action ; A vous de persévérer dans le cadre de vos Medersas pour former des promotions qui soient rigoureuses dans leur pensée, consciencieuses dans leur foi. Mais aussi pour qu’elles soient respectueuses des gens pieux avec lesquels elles doivent traiter avec vérité, sincérité et crainte d’Allah. Si jamais ces promotions se sentent pourvues d’assez de ressource pour combattre, qu’elles sachent surtout que les ennemies d’Allah se trouvent plutôt du coté des reprouvés, des fourvoyés, des marxiste-léninistes, des existentialistes, des bahai et de leurs acolytes. Voila les défis tels qu’ils se présentent partout en Afrique. (Y’a-t-il quelqu’un qui réfléchisse?) Que la paix soit avec vous!

Ibrahima Niasse de Kaolack,

Président de l’Union des musulmans d’Afrique.

source: http://www.lmt.sn/risalatut-tawba-ou-lettre-de-repentir-par-cheikh-ibrahima-niass/

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