lundi, 07 avril 2014 00:00
Phénomène de la transhumance au Sénégal ces symboles du «nomadisme» politique
Écrit par SENETOILE NEWS
La route qui mène ou maintient quelqu'un au pouvoir, est pavée d'hypocrisie. Ainsi va la politique qui ne rime point avec la morale encore moins l'éthique. Du moins au Sénégal. Au-delà de ses vices connus et reconnus, au Sénégal, la démocratie est cependant plombée par une autre gangrène. La transhumance.
L’ancien président du Sénégal, Abdou Diouf, avait porté un véritable coup de Jarnac à son éternel rival d’alors, Abdoulaye Wade en «débauchant» Fara Ndiaye. Le départ du numéro 2 du Parti démocratique sénégalais (PDS) avait été durement ressenti par les Libéraux. Un véritable coup de massue qui avait mis Wade et ses collègues KO debout.
Un tel fait pourrait être qualifié de transhumance, car le but recherché était de fragiliser un parti d’opposition. Mais au fond, il n’avait pas ce caractère «alimentaire» du nomadisme politique d’aujourd’hui encore moins vu comme un «parapluie» pour éviter la prison à ceux qui ont maille à partir avec la justice.
Ces deux phénomènes ont fait irruption dans la sphère politique avec l’accession d’Abdoulaye Wade au pouvoir. L’ex-président sénégalais, mu par une volonté inouïe de conservation du pouvoir, va même «théoriser» la transhumance en brandissant l’arme fatale issue des audits commandités au lendemain de la première alternance survenue au Sénégal, le 19 mars 2000.
La justice des vainqueurs mise en branle à partir du palais présidentiel, Abdoulaye Wade et son Pds débauchent à tout va. Ceux qui refusent de quitter les prairies fanées du PS sont directement embastillés à la prison deRebeuss alors que les «coopérants» arpentent chaque matin les couloirs du palais. Sans vergogne !
Feu Assane Diagne (SnHlm), Adama Sall (Cices), Sada Ndiaye (Coud), plient bagages et quittent le navire socialiste. La débandade se poursuit avec d’autres personnalités telles que Balla Moussa Daffé (qualifié de symbole même de la transhumance à cause de ses allées et retours entre le PS et le PDS).
Ousmane Ngom, Jean Paul-Dias retournent eux aussi « au bercail » après avoir créé chacun son parti. Le PLS pour Me Ngom et le Bloc Centriste Gaïndé pour M. Dias. Auparavant ils avaient tout fait pour barrer la route à Me Wade avec la création de la Convention Patriotique à côté d’un homme de gauche d’alors, Majmouth Diop (PAI). Les Libéraux avaient distillé dans la presse, à tort ou à raison, qu’ils avaient reçu 300 millions F Cfa pour diaboliser Me Wade.
Toutefois, de toutes les personnalités qui ont lâché le PS, ce sont les départs d’Abdoulaye Diack et d’Abdourahim Agne qui ont surpris plus d’un. Abdou Diouf aurait même déclaré qu’il s’attendait à voir tout le monde quitter «sa» prairie sauf l’ancien homme fort de Kaolack.
Quant à l’ancien président du Conseil régional de Saint-Louis, non moins puissant président du groupe parlementaire du PS, il avait déclaré à qui voulait l’attendre qu’il serait « le dernier des Mohicans ».
Condamné en prison pour avoir appelé à la révolution orange à l'image de l’Ukraine, Abdourahim Agne qui venait de créer le parti de la Réforme, avait fini par rejoindre Abdoulaye Wade qui lui offre un portefeuille ministériel et d’autres postes à ses plus proches collaborateurs, dont Serigne Mbacké Ndiaye, lequel n’a pas hésité à larguer les amarres pour répondre aux sirènes de Wade.
Comment ne pas évoquer le cas de Aïda Mbodji qui fait aussi partie des gros calibres qui vont rejoindre Gorgui pour ses largesses. Celui-là même qu’elle avait, quelques années plus tôt, affublé du sobriquet de «Fantomas». Quid du marabout politicien, Ahmeth Khalifa Niasse qui, également, déclarait jadis être «allergique» à Abdoulaye Wade ?
Quant à Alé ou Ali Lô, il finira par donner le tournis aux Sénégalais sur son patronyme variant au grè de ses voltes-faces politiques.
Macky «clone» Wade
Le président Sall n’a pas mis trop de temps au pouvoir pour emprunter les mêmes chemins que son «maître», Abdoulaye Wade. A cause de la «transhumance choisie» qui lui fait son dévolue sur telle personne plutôt que telle, les Sénégalais n’en connaîtront pas de la culpabilité ou non d’Aminata Niane dans les grands investissements via l’Apix.
Au niveau de la LONASE, Amadou Samba Kane , maire de Hamady Ounaré, aurait été sommé de quitter le Pds pour migrer l'Apr, afin de garder son maroquin.
La libérale Awa Ndiaye qui est annoncée à l'Apr ne devrait pas tarder à ranger fièrement ses cuillères, fourchettes et autres nappes, dans son salon.
Mais, c’est surtout au niveau de Rewmi que Macky Sall a appliqué à la lettre la théorie de la transhumance. Comme Wade avait fait à l’époque avec le PS, le président de l’APR a mis en place une entreprise de récupération de certains cadres du parti d’Idrissa Seck. Même Me Nafissatou Cissé qui déclarait pourtant que le président Sall n’était pas prêt en arrivant au pouvoir à cause de ses «tâtonnements» et autres «maladresses» soulevés par son ancien leader, a plié bagages.
Auparavant, c’est Youssou Diagne, ancien président de l’Assemblée nationale, ancien ambassadeur, un fidèle parmi les fidèles, qui a abandonné la prairie orange d’Idy pour la marron de Macky.
Pour l’heure, seul Khoureyssi Thiam a raté honteusement son coup. Après 22 mois d’attente devant la porte de l’APR qui a refusé de s’ouvrir, l’ancien ministre de la Pêche a décidé, sans état d’âme, de revenir au PDS. Qui a dit que le ridicule tuait au Sénégal ?
La transhumance subtile
A côté des « démarchés », des transhumantes volontaires, contraints ou choisis, il est apparu une autre forme de transhumance. Celle-là plus subtile, plus rusée, qui consiste à créer un mouvement pendant un certain temps avant de déposer armes et bagages au parti au pouvoir.
Kalidou Diallo l’a pratiqué. L’ancien ministre de l’Education, membre de la Génération du Concret, celui là, qui avait fait feu de tout bois sur Macky Sall, son «griot» Farba Ngom et les Emigrés du Fouta, a fait un virement de 180° pour rejoindre l’APR. Oumar Guèye l’a imité récemment. L’homme de Sangalkam a aussi simplement dissout son mouvement dans l’APR.
Par ailleurs, il faut noter qu’il existe d’autres subterfuges qui consistent à créer un mouvement politique dans le but de regagner le camp du pouvoir, sans pour autant fondre celui dans le parti majoritaire. C’est le cas du mouvement Alternative citoyenne/Andu Nawle d’Abdou Fall.
Mme Aïda Mbodji est suspectée de vouloir utiliser le même processus. Wait and see !
Enfin, ce sont les récépissés. Ils sont de véritables fonds de commerce, comme en témoigne le PPC de Me Mbaye Jacques Diop, la Force paysanne d’Aliou Dia etc.
SOURCE: http://www.sudonline.sn/ces-symboles-du-nomadisme-politique_a_18304.html
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