« (…) Il conviendrait que toutes et tous, Salif Sadio et ses hommes y compris, nous admettions une fois pour toutes, la mort dans l’âme si besoin en était, (i) que l’indépendance nationale ne se négocie pas ; (ii) que les négociations de paix que nous appelons tous de nos vœux s’avèrent dorénavant une nécessité ou un impératif ; (iii) et qu’ainsi, elles doivent nécessairement ou impérativement avoir lieu, chez nous ou bien à l’étranger, sous l’égide de Sant’Egidio ou de tout autre médiateur, mais selon un ordre du jour exclusif de la question de l’indépendance pure et simple de la Casamance. Car, disions-nous, l’indépendance nationale ne se négocie pas, elle ne se négocie jamais », lit-on dans une déclaration de l’ex secrétaire général du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (Mfdc) en date du 3 mai.
L’actuel Président du Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels (MFDC-fédéraliste) réagit ainsi à la sortie du chef rebelle de l’une des factions de ATIKA, la branche armée Mfdc, en l’occurrence Salif Sadio qui déclarait, le dimanche 27 avril 2014, depuis Ziguinchor, sur les ondes de la radio Zig FM, et sous le micro de Ibrahima Gassama, ses bonnes dispositions pour la paix en Casamance.
Et en signe de gage, il a décidé d’un cessez-le-feu unilatéral. Seulement, dans la même sortie, le chef rebelle avait réitéré son attachement à l’idéal de l’indépendance de la région méridionale du Sénégal. Ce qui n’est pas du goût de l’ex secrétaire du Mfdc : « nous ne saurions accepter, et l’ensemble des Casamançais avec nous, qu’une revendication de négociations sur la question de l’indépendance pure et simple de la Casamance, dont la seule issue consisterait, de toute façon et de toute évidence, en une fin de non-recevoir de la part de l’Etat, en vienne à être érigée comme le prétexte par excellence pour la reprise des hostilités en Casamance. Non ! de grâce, plus jamais ça ! », souligne Jean-Marie François Biagui.
Et ajoute : «Alors des négociations de paix ? Oui ! Mais des négociations sincères, mues et justifiées par un allant tout aussi sincère, en ce qu’elles ne peuvent avoir pour objet que ce qui a vocation à être négocié pour être négociable. Toutefois, les deux parties, l’Etat et le MFDC, ont, en l’occurrence, le devoir ou l’obligation de n’avoir le regard que braqué sur un postulat, et seulement sur un postulat, en vertu duquel, une autre Casamance est possible dans un autre possible Sénégal, selon le vœu même du Peuple casamançais ».
Jean-Marie François Biagui rappelle à Salif Sadio que « l’indépendance est un droit à conquérir ou à arracher ... Et c’est précisément parce que c’est un droit que le Peuple casamançais peut y renoncer, impunément, souverainement. Et … il y a renoncé aussi bien avec le sabordage en 1954 du MFDC au sein du BDS (Bloc Démocratique Sénégalais) que lors de l’indépendance du Sénégal tel que nous l’avons hérité de la colonisation en 1960 et à l’occasion des Assises Casamanço-Casamançaises pour la Paix Définitive en Casamance en 2002.
Le Peuple casamançais a donc renoncé à son indépendance nationale, ce qui est fondamentalement son droit, comme y ont également renoncé, souverainement, le Peuple du Fleuve, le Peuple des Niayes, le Peuple du Ferlo, le Peuple du Sine-Saloum et le Peuple du Sénégal Oriental, cependant que tous ces Peuples du Sénégal, sans exception, s’adjurèrent dès 1960 à s’intégrer dans un seul et même Peuple sénégalais, mobilisé vers un seul et même But sénégalais, à la faveur d’une seule et même Foi sénégalaise. Il s’agit, en réalité, du Sénégal tel que nous l’avons hérité de la colonisation. Mais un Sénégal qui n’appartient pas plus au Fleuve qu’aux Niayes, ni davantage au Ferlo qu’au Sine-Saloum, au Sénégal Orientale qu’à la Casamance …. ».
L’ex secrétaire général du Mfdc poursuit : «Sous ce rapport, et en toute fraternité, nous exhortons notre frère Salif Sadio à entendre, et à comprendre, que la paix, qu’il appelle de ses vœux, ne saurait être bâtie, ni contre son peuple, ni contre ses « frères-ennemis ». Elle ne peut consister, à plus forte raison, dans quelque entente ou « paix des braves, sans vainqueurs ni vaincus » d’avec l’Etat et contre son peuple et ses « frères-ennemis », fût-ce avec la médiation, exaltée par les uns et décriée par les autres, de la Communauté Sant’Egidio, basée à Rome, en Italie », dit-il, avant de renchérir : « nous aurions été des plus heureux si ce qui faisait événement (extérieur par nature) avec la « sortie » de Salif Sadio avait réellement coïncidé avec son expérience de la paix, d’abord intérieure puis extérieure. Ce qui, naturellement, aurait plutôt incliné notre frère à évoquer dans son discours un César Atoute Badiate ou un Ibrahima Compasse Diatta, entre autres frères de lutte, comme ses compagnons prochains – quoique possiblement lointains ! – dans leur quête commune de la paix durable en Casamance ».
Et de s’interroger : «Au demeurant, comment est-ce possible de parvenir à la paix avec l’Etat, sous l’égide de Sant’Egidio, en faisant l’économie de la nécessaire paix fraternelle d’avec son peuple et ses « frères-ennemis » ?Assurément, une telle paix – à supposer même qu’elle soit jamais possible – ne peut être ni productive ni durable ».
source: http://www.sudonline.sn/lindependance-nationale-ne-se-negocie-pas_a_18725.html