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Jeu, Nov
dimanche, 17 août 2014 00:00

«Moi, témoin de l’assassinat de Demba Diop»

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L’OBS – A 86 ans, Maguette Bâ «Ben Cheikh», journaliste au quotidien «Le Soleil», l’un des pionniers de la presse sénégalaise, est toujours actif et continue d’exercer son métier comme reporter à Thiès. L’homme est témoin de plusieurs faits historiques qui ont marqué le Sénégal…

«Je fais partie de la 1ère génération de journalistes. Aujourd’hui, malgré mes 86 ans, je continue à exercer et je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. Je suis originaire de Saint-Louis. Mon nom à l’Etat civil est Maguette Bâ, mais mon pseudonyme dans la presse est Ben Cheikh. 

 

A Mbour, il m’arrivait de signer plusieurs articles avec mon nom Maguette Bâ. J’ai alors pensé signer certains papiers avec le sobriquet Ben Cheikh Bâ pour ressusciter ce sobriquet de ma jeunesse parce que, j’étais gêné de voir plusieurs de mes articles paraître sous la même signature dans «Dakar Matin», ancêtre du «Soleil». Je suis né en 1928 à Saint-Louis mais, déclaré à Khombole où mes parents s’étaient établis. Je continue d’exercer jusqu’à présent le métier de journalisme et tant que j’aurai la capacité d’écrire, j’écrirai, car c’est la passion qui me guide. Présentement, je ne fais que du bénévolat à la Rts. Cela, depuis ma retraite administrative en 1984. Par rapport au quotidien «Le Soleil», je continue mes prestations en qualité de pigiste. La rémunération que je perçois ne couvre même pas mes frais de reportage et de déplacement, moins encore mes charges ménagères. Tout cela résulte du fait que, pour moi, la vocation prime sur le gain. Mon ancrage au quotidien «Le Soleil» se justifie par le fait que je ne peux pas faire partie des journalistes transhumants attirés par des prébendes. Quand j’ai quitté l’école en 1947, je suis entré dans la vie active en qualité d’aide-géomètre dans une entreprise française dénommée «Soliditi Français», sur la route de Rufisque à Dakar. J’ai alors intégré l’équipe des techniciens exerçant derrière M. Claude, ingénieur des travaux publics, chargé de la reconstruction et le bitumage de la route nationale N°1, Transgambienne, partant de Diamnadio jusqu’à Kaolack en passant par Fatick. C’est en arrivant dans la zone du Sine que j’avais connu Mamadou Sall (père du Président Macky Sall), appelé affectueusement, Thierno Amadi par ses proches, recruté à la demande de son protégé Macky Gassama, agent technique d’agriculture, en qualité de gardien de l’entrepôt du matériel destiné à la réalisation des travaux. Le père de Macky Sall avait toujours un exemplaire du Coran et un chapelet enrôlé autour du bras droit, signes distinctifs à partir desquels on reconnaît un érudit avéré. Il nous servait comme Imam et dirigeait les prières sur le chantier, un homme affable et de paix. Macky Sall, je l’ai connu d’abord ministre de l’Energie, de l’Hydraulique, ensuite ministre d’Etat, chargé de l’Intérieur, Premier ministre et président de l’Assemblée Nationale sous le régime de Wade. Il était au courant que je l’accompagne lors de ses tournées politiques et gouvernementales à Thiès.

 

 

Mon amitié avec Al Amine

1947 me rappelle aussi mon compagnonnage avec Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine. Je suis un fervent talibé Tidjane et mon guide et maître à penser est Khalifa Ababacar Sy. Bon nombre de mes enfants, dont 6 jumeaux parmi lesquels une institutrice, une infirmière d’Etat et un élève à l’Ena, ont tous pris le «Wird» auprès de leur oncle Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine. Mon fils aîné, Oumar Ngaty Bâ, est le chef du Bureau régional du quotidien «Le Soleil» à Fatick. Une forte amitié me lie à Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, de telle sorte que nous nous appelons affectueusement «La classe». Nous avons passé ensemble, par deux fois, la visite militaire en 1947 et 1948 à l’Ecole des Filles de Thiès, en tant que citoyen français descendant des quatre communes. Le médecin nous avait déclarés inaptes. Nous avions également pris le «Wird» le même jour, précisément à l’âge de 16 ans, auprès de notre regretté père et guide spirituel commun, Cheikh Khalifa Aboubacar Sy. Après ces événements, je me suis retrouvé à la pharmacie «Islam» de M. Boisson à la rue Valmy où j’exerçais les fonctions de préparateur en pharmacie, après 6 mois d’apprentissage. Lorsque ma mère était venue me chercher pour retourner à Khombole, à la demande de mon père, M. Boisson n’avait pas voulu me libérer. Mon père, malgré les offres d’argent de celui-ci, tenait à ce que je regagne son atelier de menuiserie ébéniste. Il a toujours voulu que je le suive dans son métier d’ouvrier que j’ai accepté sans rechigner. C’est pourquoi, les scies et les rabots n’ont aucun secret pour moi. Je peux tout faire dans la menuiserie. En exerçant dans les ateliers, j’ai reçu une lettre faisant état de mon recrutement, comme boutiquier, commis écrivain de recettes puis, comptable et gérant à la Compagnie française de l’Afrique de l’Ouest (Cfao). En 1953, je quittais encore Khombole, pour devenir secrétaire à la direction de la Société mutuelle de prévoyance rurale (Smpr), ancêtre de l’Oncad, chargé du recouvrement de la taxe rurale, des dettes de semences et du matériel agricole prêté aux paysans. Je fus commis de «Séco» à Thiénaba jusqu’en 1958, moment où j’ai intégré le Centre régional d’information (Cri) en qualité de reporter, responsable des avis et communiqués, dirigé à l’époque par Ababacar Mbaye Ndir, père de Maïmouna Ndir de la Rts. Je cumulais les fonctions de bibliothécaire, de documentaliste, de gestionnaire, de reporter et photographe. J’avais à couvrir l’information régionale à travers des communiqués qui étaient devenus payants à partir de 1965, date d’introduction de la Loterie nationale au Sénégal. La vente des tickets se faisait à notre niveau. Nous avions édité un bulletin régional dénommé «Penthium cadior» que je confectionnais à l’aide d’une machine «ronéotype». Tous nos articles étaient exclusivement repris dans le  journal «Info-Sénégal». Après Thiès, je fus affecté au Centre d’informations départemental de Mbour au lendemain de l’assassinat du député-maire Demba Diop à la Gouvernance de Thiès. Après la Réforme en 1972, les Cri laissent la place à l’Aps et je fus nommé chef de bureau de Thiès-Sud. J’ai ensuite servi à Pikine, érigé en département en 1973. Je fus détaché en qualité d’attaché de presse du ministre d’Etat Jean Collin. J’ai pris ma retraite en 1984. Aujourd’hui, je suis à 65 ans de service public consacré à la presse comme correspondant de «Paris-Dakar», «Dakar-Matin» et ensuite «Le Soleil» pour lequel je continue toujours de jouer un rôle d’encadreur et de consultant.

L’assassinat du maire Demba Diop

J’ai été témoin de plusieurs événements, comme le jour de l’assassinat de l’ancien député-maire de Mbour, Demba Diop, par ailleurs président du groupe parlementaire de l’Ups, le 03 février 1967. Il était venu ce jour-là à la gouvernance de Thiès, accompagné de mon chef Babacar Mbaye Ndir, commissaire régional de l’information. Demba Diop, en bisbilles avec ses camarades de parti, était convoqué par le gouverneur Mouhamed Abdoulaye Diop dans le but de le réconcilier avec Jacques Derneville et Ibou Kébé, premier maire de Mbour et commissaire du gouvernement, lors du procès de Mamadou Dia. Ousmane Seck, adjoint au gouverneur chargé du développement, et El Hadji Malick Bâ, préfet du département de Thiès, assistaient le gouverneur. Au sortir de la réunion, Demba Diop s’est dirigé vers le parking où était garé son véhicule. C’est lorsqu’il prenait place sur le siège avant qu’Abdou Ndaffa Faye, qui se tenait tout prêt de la voiture, a sorti un couteau en l’insultant et l’a poignardé sous l’essime gauche. J’étais là debout. Et Demba Diop de dire à son chauffeur : «Amène-moi vite à l’hôpital. Ce salaud m’a piqué.» Malheureusement, le député-maire de Mbour qui avait perdu beaucoup de sang va perdre la vie à l’hôpital régional de Thiès sous le regard impuissant du Dr Dieng. L’assassinat de Demba Diop à Thiès a vite fait le tour du Sénégal. Senghor a ordonné l’évacuation du corps de Demba Diop à Mbour. Le premier couvre-feu du Sénégal indépendant a été finalement décrété par Senghor lors des obsèques de feu Demba Diop, le samedi 04 février 1667. C’est la première fois que l’on a vu Senghor verser des larmes. Ibou Kébé, Ngouda Salam, Mbaye Youm et Sidy Fall seront arrêtés puis graciés, 10 ans plus tard, après l’exécution de l’assassin Abdou Ndaffa Faye et la mort de Jacques Derneville.

L’affaire de la «ressuscitée»

A Mbour, parmi les événements qui m’ont marqué aussi dans ma carrière, c’est la ressuscitée de Thiadiaye, Mame Coumba Touré, en 1980. Décédée dans la matinée et ligotée par ses parents, enveloppée dans son linceul, elle était étalée toute la journée sous les rayons du soleil dans un enclos. C’est au moment où l’un de ses jeunes frères, parti au marché de Diourop, non loin de Fatick, est venu s’agenouiller devant la dépouille en larmes que la dame a levé la tête pour répondre à son frère. Les Imans, les parents ont détalé du domicile mortuaire. Toutes les prédictions de cette dame faites à la presse comme la mort d’un chef d’Etat africain et d’un Khalife général, entre autres, se sont avérées exactes. Elle avait prédit la fin de ses jours. Elle est revenue à la vie, le 11 juin 1980 et avait prédit de revivre 5 ans de plus. Elle est effectivement décédée le 10 juin 1985 à Mbour.»

OUSSEYNOU MASSERIGNE GUEYE

source:http://www.gfm.sn/moi-temoin-de-lassassinat-de-demba-diop/
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