Au-delà de la litote de circonstance et des circonvolutions coutumières, les Sommets de la Francophonie constituent une affaire de rapports de forces et de pouvoir d’injonction, sinon   de relations de commandement et d’obéissance entre partenaires de puissance très inégale, selon la logique froide et calculatrice des intérêts égoïstes des Etats, en proportion de leurs arguments économiques et financiers, budgétaires et commerciaux, industriels et bancaires, politiques et culturels, policiers, administratifs et militaires.

C’est la raison pour laquelle la tâche des avant-gardes des peuples est d’ouvrir l’œil et d’interroger ce qui est réellement, et dont on ne peut faire abstraction qu’en imagination. Comprendre les enjeux réels de ce Sommet et de ses non-dits constitue la matière principale de ce Colloque auquel nous vous convions. Il s’agit également de procéder à une démarche critique, autocritique et prospective, d’apprendre de nos fautes et de nos erreurs, de nos lâchetés individuelles et/ou de nos démissions collectives. Le chemin est encore long, et il y a lieu de se mettre à la tâche sans tarder, à l’effet de partager les enseignements du présent et de tirer les leçons pour l’Avenir. Selon nous, en effet, telles sont les missions que l’Afrique du Futur assigne à aux élites du présent, c’est-à-dire les Intellectuels et Chercheurs des peuples d’Afrique et Diasporas africaines en général, et les peuples des ex-colonies francophones d’Afrique en particulier, et les peuples de la Sénégambie singulièrement, et ce, un demi-siècle après les Indépendances.

2.     Où en sommes-nous vraiment ?

 Plus de 50 ans après les Indépendances ouest-africaines francophones et non francophones, la question est posée. Quid de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans nos pays, des Réformes et des conditions d’études, de séjour, de travail et d’avancement ? Quid de la Souveraineté de nos Etats et de nos peuples sur les ressources humaines, minières, halieutiques et/ou stratégiques ? Quid de l’Afrique des Libertés, des Droits de l’Homme, de l’Egalité devant la Loi, de la Démocratie, des Inégalités sociales, de la Culture et des mœurs, du Respect de nos croyances, de nos religions et de nos cultes, de nos langues et nos coutumes, des solidarités sociales, des convergences culturelles, sociolinguistiques et autres ?

3.     « Si nous dormons, nous sommes morts ! »

 Nous le devons aux générations futures qui ne sauraient nous le pardonner, de lever tous les obstacles connus et diagnostiqués hic et nunc, au lieu de leur léguer ingénument des faiblesses et des tares, peu importe par pusillanimité ou par excès d’égocentrisme. Mais pourrons-nous seulement rester éveillés, vigilants et proactifs, etc., sans options lucides de Vérité et de Probité, bien loin de l’hypocrisie, des rapports de profit et de la dissimulation ou des montages de tous ces prétendus Grands de ce monde qui se jouent de nos destinées et sacrifient le futur de la sous-région et du continent ?

 Ce sont les raisons pour lesquelles nous devrions garder la tête froide et lucide, et commencer à nous concerter - en toute autonomie, en toute intelligence et en toute indépendance -, entre intellectuels et chercheurs organiques de peuples qui ont fait jusqu’ici les frais de la trahison des clercs et des élites irresponsables, égoïstes et/ou inconsistantes.

4.     « Lux mea lex » : Ethique de Vérité ou Jeu de dupes ?

 Partant, si nous sollicitons votre participation active et vos conseils avisés, à l’effet d’évaluer rigoureusement les pas effectués dans tous les domaines depuis les Indépendances, avec l’objectif de réarmer sur le plan stratégique le Sénégal, la sous-région et l’Afrique entière, c’est le rôle stratégique des Universités, de la Recherche et de l’intellectualité comme valeur cardinale que nous avons en vue.  De fait, vous inviter à envisager ensemble l’Avenir et le Futur n’est pas un jeu ni une coquetterie, encore moins un luxe, mais un acte de Foi dans la Science qui libère et le Courage au service de nos peuples, qui ont trop longtemps supporté la domination et l’humiliation que  nous ne saurions tolérer plus longtemps sans hypothéquer la dignité de ce Continent, dont le monde entier reconnaît qu’il peut être la principale puissance du monde au XXIème siècle !

 Messieurs les professeurs, intellectuels et chers collègues,

      L’Afrique n’a pas besoin de condescendance ni de tutorat impérial, mais seulement de prendre confiance en ses propres forces pour être en mesure de façonner notre Avenir, au lieu de subir cette Mondialisation agressive, et de prolonger artificiellement l’hégémonie perdue de l’Europe de la Conférence de Berlin sur nos terres.

 Ce que nous voulons, en dernière analyse, c’est ni plus ni moins, prendre langue, nous regarder dans la glace, contracter « nous dans nous », puis opérationnaliser et mettre en œuvre la devise historique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar : « Lux mea lex / Ma loi est d’être Lumière ! » à la faveur de ce  XVème Sommet des Chefs d’Etat francophone, - non par une envie quelconque de l’empêcher ou de le perturber, mais par volonté légitime  d’exprimer la Voix des Peuples d’Afrique, dont la Conscience la plus élevée demeure l’intelligentsia encore debout, qui emprunte les chemins d’un Futur souhaitable parce qu’habitable ! Il s’agit, en effet, de « voir loin, voir large, analyser en profondeur, prendre des risques et penser à l’homme » (Gaston Berger). Et vous savez le reste que « Lammiñu jambur kenn mënu ca saqqami lu neex » (Cheikh Anta Diop) / « Des Volkes Seele Lebt in seiner Sprache » (Goethe) / L’âme du peuple se trouve dans sa langue » !

C’est fort de ce constat que la Commission Scientifique du Front Contre-sommet, par cette présente, vous invite à participer à son Colloque international qui se déroulera du jeudi 27 au samedi 29 novembre 2014 à Dakar. Il portera sur le thème : « Francité, Francophonie et Identités nationales ». La Commission Scientifique vous invite non seulement à prendre toute votre place dans cette initiative,  mais aussi  à présenter, à l’occasion, une communication de votre choix, en rapport avec le thème du Colloque.

Merci de nous faire parvenir d’ici à vendredi 21 novembre 2014 l’intitulé de votre communication éventuelle, de même que vos coordonnées.

Dans l’attente d’une suite favorable, veuillez recevoir Mesdames et Messieurs les Professeurs et Chercheurs, chers compatriotes du Sénégal et d’Afrique, les compliments de la Commission Scientifique du Front Contre-sommet de la Francophonie, qui vous remercie d’avance et vous prie d’agréer l’expression de ses salutations distinguées.

Pour la Commission Scientifique du Front :

 Pr. Malick NDIAYE, Sociologue, Responsable du Laboratoire de Prospective et de Science des Mutations, Département de Sociologie, Faculté des lettres et sciences humaines, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, BP – 5005 – Dakar- Fann, Sénégal.

 Tél. :+221 70 337 47 40 / 70 867 93 66

 Email : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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Nota bene : l’ensemble des communications délivrées à l’Alter Sommet seront publiées sous la responsabilité scientifique du LABPROSM du Département de Sociologie de l’UCAD, dans le Numéro spécial de la Revue Africaine Trimestrielle de Stratégie et de Prospective Cours nouveau, n° 13 -14, Juil.-Déc. 2014, à paraître en fin décembre 2014, ISSN N° O850 – 1793, ISBN : 978 – 2- 343 – 00208 – 8.