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Jeu, Nov
mercredi, 08 avril 2015 00:00

MAME LESS CAMARA, JOURNALISTE, ANALYSTE politique «IL N’Y A PAS DE RABIOT DANS UN MANDAT DÉMOCRATIQUE»

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Sénégal   Le débat sur la réduction du mandat du président de la République de sept à cinq occupe le devant de l’actualité politique sénégalaise. Si Moustapha Cissé Lô et Jean Paul Dias sont les plus constants dans la défense d’un septennat, nonobstant la volonté solennellement exprimée, répétée et réaffirmée de Macky Sall, la sortie du ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l'Aménagement du territoire, porte-Parole du Gouvernement, Oumar Youm, lui donne plus de tonus. Si le dédit semble très peu probable, l’APR, avec la bénédiction de son président Macky Sall, n’écarterait pas l’idée de battre campagne pour le NON. Une hypothèse qui serait sans conséquences, selon Mame Less Camara. Dans un entretien accordé à Sud Quotidien, le journaliste, formateur, analyste politique, est formel. «Il n’y a pas de rabiot dans un mandat démocratique», déclare-t-il, en précisant que «la réduction du mandat est un problème d’honneur» auquel le Chef de l’Etat est contraint de se plier, s’il ne veut pas ruiner ses chances de second mandat.  

 

Depuis un certain temps, des voix, au sein de l’APR, s’élèvent pour manifester leur désaccord, par rapport à la réduction du mandat du Président Sall de sept à cinq, comme il l’avait lui-même promis et répété à plusieurs reprises dans des moments solennels. La dernière en date, c’est celle d’Oumar Youm, porte-parole du gouvernement . Faut-il y voir une instrumentalisation savamment orchestrée par le Chef de l’Etat pour demander aux Sénégalais de voter NON. Et quelles peuvent être les conséquences si un tel scénario venait à se produire? 

 

 
 
C’est impensable que le président de la République, puisse reculer, sur ce point précis. Il a été, en partie, élu avec cette promesse. Même s’il est difficile d’affecter un coefficient de cet engagement là, dans l’élection de Macky Sall. 
Deuxièmement, c’est un problème d’honneur. Le président a pris un engagement, il a fait une promesse. Il a répété à plusieurs reprises qu’il tiendrait cette promesse. Je crois qu’il ruinerait ses chances pour second mandat, s’il ne s’acquittait pas de cet engagement solennel, qui est un engagement sur l’honneur. 
J’ai plutôt l’impression que le parti l’Apr joue à perturber l’opinion, non pas pour la préparer à une possible défaite du Oui à la réduction du mandat présidentiel, mais peut-être pour dramatiser un peu et donner l’impression que le président, contre l’avis de son parti, en homme d’honneur précisément, va se sacrifier pour réduire son mandat. Mais il ne peut plus reculer. 
En tout cas, en termes d’image, de crédibilité, d’honnêteté intellectuelle, le président est complètement pris par l’obligation de tenir cet engagement. 
 
Qu’adviendrait-il politiquement, si le NON venait à l’emporter ?
 
C’est ça la complexité de la situation. Le président a pris un engagement au moment où il n’avait apparemment aucune idée sur les modalités pratiques pour que cet engagement soit respecté : c’est-à-dire, s’il faut aller en référendum ? Est-ce qu’il faut passer par l’Assemblée nationale ? C’est-à-dire de faire en sorte que l’engagement soit techniquement réalisable. Seulement, le problème ce n’est pas que l’engagement soit tenu ou pas. Nous considérons qu’il ne peut pas ne pas être respecté. Le problème c’est les modalités. 
D’aucuns lui recommandent de démissionner au bout de la cinquième année, certains parlent de l’Assemblée nationale et d’autres d’un référendum. 
Il me semble aussi que le parti ne joue pas le jeu. Parce que si l’Apr pense que c’est très sain, c’est très intelligent de tirer sur la corde pour montrer au peuple que le président s’en va au sacrifice pour respecter ses engagements alors que son parti ne veut pas de cet engagement là, c’est le parti qui risque de jouer son image. 
Si Macky Sall gagne contre son parti, c’est le parti qui perd deux fois. Il perd formellement parce que la solution de refus prônée n’a pas été respectée. Mais il risque de perdre aussi parce que ce parti ne deviendrait plus fiable. 
 
Comment peut-t-on encourager son propre leader à se dédire alors que le président précédent avait été battu, en partie, à cause de son wax waxeet ? 
 
Si Macky Sall suit les voix du Wax waxeet, il faut qu’il envisage sérieusement de subir les conséquences du wax waxeet comme Wade. 
Donc, je crois que le parti devrait cesser de jouer à faire peur aux Sénégalais. On peut traverser cette période calmement, en donnant au président les moyens de tenir sa promesse et non pas de le contredire au sein d’un parti dans lequel on sait que… C’est vrai tout de même, il y a quelques individualités apparemment assez peu contrôlées, mais si le Président veut vraiment, il peut obtenir la réduction de son mandat ainsi qu’il s’y était engagé. Je crois qu’en termes d’images à l’extérieur, il a tout à y gagner. 
Surtout que les septennats ne sont plus de saison, depuis longtemps dans tous les pays. Même la France qui s’y agrippait comme une sorte de symbole national, a lâché prise. Elle est revenue au quinquennat. Les Etats-Unis, la plus grande puissance, en sont à quatre ans. Je pense que le septennat est excessif surtout qu’il y a possibilité de reconduire ce mandat là. Quatorze ans à la tête d’un Etat, je pense que quelque part ce n’est plus jouable dans les démocraties modernes. 
 
Les partisans du septennat soutiennent que le quinquennat est trop court pour réaliser des chantiers contenus dans le Plan Sénégal Emergent, cher au Président Sall ? Est-ce «vendable» comme argument ?
 
Je pense que le président l’a un peu dit dans son discours (adresse à la Nation le 3 vril dernier, Ndlr). Il a besoin de temps pour le PSE. Mais, de toute façon d’un temps qui excède ce qu’il peut obtenir comme mandat. Même en deux septennats, il n’aurait pas à disposition, le temps nécessaire pour réaliser cela. Et puis, il faut qu’on arrête ça ! Abdoulaye Wade avait aussi demandé qu’on lui accorde un peu temps pour réaliser ses chantiers. Le problème ce n’est pas ce que le Président a mis en chantier. Le problème, c’est tout de même un délai. Macky Sall a choisi le sien, c’est 5 ans. Je crois qu’il faut qu’ils s’en tiennent à ça. 
 
Certains pour montrer au Président leur attachement, lui disent : «nous ne voulons pas que vous partiez». Ou bien aussi, est-ce qu’il faut deviner derrière cette insistance de certains personnages de l’Apr à continuer coûte que coûte un septennat, l’impréparation du parti à une échéance du mandat présidentiel dans deux ans ? 
 
Est-ce qu’en trois ans ces personnalités pensent qu’elles n’ont pas assez fait pour demander la ré-élection de leur candidat ? Dans ce cas, ils auront beaucoup plus de temps encore. Mais, si Macky Sall allonge son mandat de deux ans contrairement à son engagement, ça risque d’être deux années infernales pour lui. 
Parce que les fins de mandats sont toujours difficiles. Maintenant, si aux  difficultés de fin de mandats s’ajoutent à la lassitude d’une population à qui on avait promis un mandat moins long, cela peut être constitutif d’un cocktail assez explosif.
 
D’aucuns disent pourtant que dans des pays comme le nôtre où tout est prioritaire où la campagne dure deux ans, où le Président met un an pour installer ses hommes, mieux vaut un long bail qu’un quinquennat. Qu’est-ce que vous en pensez ?
 
C’est à base de tels raisonnements que l’on finit de concéder à un homme, la présidence à vie. Nous avons opté pour la démocratie, donc aussi pour la possibilité d’alternance, pour un nombre de mandats limités, il faut que nous puissions également supporter le contre coup de notre volonté de vivre une démocratie authentique. 
Sinon chacun, à un an de la fin de son mandat, engage de nouveaux chantiers, et a besoin de plus de temps que ne lui donne le mandat et demande un rabiot. Il n’y a pas de rabiot dans un mandat démocratique. On a déréglé le système lors du règne du prédécesseur de Macky Sall. Les députés ont d’eux-mêmes voté pour rallonger leur mandat. Le Président a demandé l’allongement de son mandat. 
L’engagement du Président Sall a été tellement très bien accueilli, qu’il serait peut-être dommage, pour lui et pour le Sénégal, qu’une réévaluation de la duré du mandat dans des proportions supportables par les populations, ne triomphe pas simplement parce que dans le parti, certains ont des volontés de rester très longtemps au pouvoir. 
Je pense qu’aujourd’hui, ce qui se joue pour Macky Sall, c’est sept ou dix. Ou bien son parti fait le forcing et maintient le septennat. Dans ce cas, le Président aura du mal à avoir un second mandat. S’il veut un second mandat, il faut qu’il commence à créer les conditions et la première, c’est de respecter cet engagement qui est spécial. Il n’a pas dit qu’il va construire des villes ou autres. Il a changé un peu les règles de jeu et ce changement a été favorablement accueilli par une large majorité. Il donnera du grain à moudre à ses adversaires si jamais, il est dans les pas de son prédécesseur, il s’engage dans un dédit que l’opinion aura du mal à lui pardonner ; et, que ses adversaires vont exploiter à outrance pour demander au peuple : Est ce qu’on peut faire confiance à quelqu’un qui vous a promis pour que vous l’élisiez et qu’une fois installé, oublie une promesse aussi symbolique que la réduction du mandat ? 
 
Certains soutiennent que Macky Sall est tombé dans le piège des «Assiards» en faisant cette promesse ? Etes-vous de cet avis ?
 
Je crois que le Président était de bonne fois quand il acceptait la réduction du mandat. Maintenant, il est vrai qu’un candidat qui est à la veille du scrutin est plus sensible au compromis, à faire des concessions. On peut considérer que Macky Sall a un peu marchandé cette réduction du mandat présidentiel et cela dans le but de disposer en retour du soutien de la quasi-totalité de l’opposition à Abdoulaye Wade. C’est une possibilité. 
Mais faisons au président la concession de la bonne foi et croyons qu’en homme moderne, il a vu qu’on septennat c’est lassant, et qu’il faudrait des quinquennats plutôt qu’un septennat qui risque de se terminer dans la confusion et la débandade.   
 
Source: http://www.sudonline.sn/il-n-y-a-pas-de-rabiot-dans-un-mandat-democratique_a_23916.html
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Lu 28844 fois Dernière modification le mercredi, 08 avril 2015 22:16

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