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Ven, Nov
dimanche, 06 septembre 2015 00:00

Culture-Notes De Lecture :« Rêves Calcinés » De Ousmane Diagne

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Les déchirures de la vie ont forgé et trempé le caractère de Saliou Diagne ; elles ont renforcé son errance solitaire à travers la vie et donné naissance à cette chance unique de refaire le chaos de l’existence humaine qui est le propre du poète. Saliou Diagne en était un modèle achevé avec deux recueils de poèmes publiés entre 2006 et 2010.

 

Ousmane Diagne a mis le doigt sur chacune de ces déchirures qui ont jalonné la vie de son frère aujourd’hui malheureusement disparu, calciné par ses rêveries d’un promeneur solitaire. De la naissance à la déchirure mortelle d’une intervention chirurgicale tant redoutée et finalement fatale, l’auteur nous replonge au cœur du cri primal, première déchirure doublée d’une naissance en exil lorsque les poumons s’ouvrant à la vie («Rêves calcinés», Edilivre, juin 2015). Ce mythe religieux de la vie sanctifiait déjà le sacerdoce de celui que la vie n’a pas épargné au bout d’une soixante d’années : ballotté par un milieu familial des plus élargis, source de rancœurs, de reniements, cet homme pur, gentilhomme au sens du XVIIème siècle, s’est voulu tout à la fois adepte de Bachelard mais aussi ami avec Montaigne en résistant stoïquement à la douleur qui le rongeait et qu’il savait solution finale, en définitive.

 

 

L’exil intérieur, au propre et au figuré, l’introversion résume le drame qui a rongé Saliou Diagne, le frère, mythique juif errant, en fuite éperdue à travers la vie et le Sénégal où il est difficile d’avoir un ancrage définitif, sauf celui de la terre des ancêtres et qui devient finalement la tombe, enfin un chez soi, une nouvelle vie allongée, symbolisant une femme en grossesse, la renaissance spirituelle vénérée sous forme d’hommages au disparu, les nouvelles relations avec les deux frères.

L’absence finale, la disparition physique, est en effet la plus grande déchirure collective, quand la société est incapable de tendre une main balsamique à ce naufragé de la vie ; le changement de statut, d’une absence physique compensée par la présence morale, n’atténue pas la faute d’un environnement incapable de comprendre le défunt de son vivant. Ousmane Diagne cherche à exorciser ce démon de la solitude qui a brûlé le frère : les considérations philosophiques qui embrument son esprit ne lui permettent même pas de comprendre l’albatros qu’il a eu la chance d’accompagner tout au long de sa vie. Et c’est peut-être lui-même qui a vu ses espoirs calcinés.

source: Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue
 
Parcelles assainies, Unité 10, Villa N° 276, Dakar, Sénégal, tél (00 221) 775952161
   sites : www.lebaobab.info ; blog : http ://koccbarmafall.skyrock.com
CV disponible sur Google                                                                              _______________________

 

Culture-Déchirures Mortelles

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