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Lun, Déc
mercredi, 13 novembre 2013 00:00

RÉGLEMENTATION DES MARIAGES DANS L’ARMÉE - Le décret de Macky fait jaser la Grande muette

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L'OBS - A peine paraphé par le chef de l’Etat, le décret réglementant les mariages au sein de l’Armée est déjà diversement accueilli. Si d’aucuns ont préféré paraphraser l’adage qui dit que «l’amour a ses raisons que la raison ignore», ceci pour récuser ce décret, d’autres qui attestent de sa pertinence relèvent qu’un tel décret est garant d’une application plus rigoureuse du commandement et règle des problèmes liés aux abus d’autorité.    

Le décret signé le 21 octobre dernier par le chef de l’Etat, réglementant les mariages au sein de l’Armée nationale, les corps militaires (de l’Armée régulière, la gendarmerie et les sapeurs-pompiers) est loin de faire l’unanimité chez les principaux concernés.

 Le décret interdit aux supérieurs et subalternes de se marier. Mieux, le décret révèle que l’autorisation de se marier répond à un certain nombre de règles que sont l’exécution du service militaire légal, les sous-officiers et caporaux titulaires du CAT2 doivent avoir accompli trois ans de service au moins, les autres militaires de rang doivent en avoir cinq pour les hommes et quatre pour les femmes. De façon plus globale, le décret présidentiel prône une séparation entre les dortoirs, toilettes, lieux de punition des deux corps, et l’interdiction à chacun de fréquenter ceux de l’autre, pour une autre raison que celle de service.
La plupart de nos interlocuteurs qui se sont prononcé sous le couvert de l’anonymat ont récusé, sans réserve, ce décret.      
«L’amour ne se commande pas» 
Une constance confortée par cette demoiselle qui n’a intégré les rangs de l’Armée que depuis moins de 5 ans. Sa position est sans équivoque. «Pour moi, il coule de source que ce décret ne peut et ne doit prospérer. Ce n’est pas parce qu’au sein de l’Armée nous n’avons pas voix au chapitre qu’il faut aussi nous traiter comme des gens sans cœur ou encore qui ont des cœurs qui exécutent aveuglément des ordres, à notre image», a-t-elle martelé. Visiblement irritée par ce décret, notre interlocutrice Caporale de l’Armée précise qu’elle n’est pas personnellement visée par ce décret. «Je n’ai pas de copain militaire ou même paramilitaire. Par contre, j’ai des camarades qui entretiennent des relations amoureuses avec des partenaires d’une catégorie supérieure à elle. Je sais que pour certaines, les choses sont allées bien loin. D’ailleurs, l’une d’elles entretient un solide projet de mariage avec son fiancé», apprend-elle. «Quel crime ont-ils commis pour être condamnés à ne pas s’unir et vivre heureux ? Qui aimerait être à leur place ? Je crois que ce n’est pas juste, et c’est traiter les gens d’irresponsables», a-t-elle pesté. 
Cet autre militaire au grade d’Adjudant, en fonction au Camp Dial Diop préfère en rire. «Nous sommes certes des militaires, et cela veut aussi dire que nous sommes soumis au respect scrupuleux des ordres. C’est dans la charte qui nous régis», confie-t-il. 
«En matière de relation amoureuse, il n’y a pas place à une catégorisation, ni sociale ni professionnelle»
Pour autant, il reste convaincu qu’en matière de relation amoureuse, il n’y a pas place à une catégorisation, ni sociale ni professionnelle. «A l’exception d’une union contre-nature qui est d’ailleurs délictuelle, voire criminelle sous d’autres cieux, je n’ai pas connaissance d’un délit incriminant une union régulièrement et librement consentie entre des gens de sexes différents», dit-il. «Mieux, en intégrant les rangs de l’Armée, cette mesure qui n’avait pas été opposée à ces jeunes filles et garçons peut-elle aujourd’hui, à la faveur même d’un décret, leur être opposée», s’interroge-t-il. 
Son argument est partiellement apprécié par cette demoiselle, en formation (santé militaire). Notre interlocutrice reconnaît qu’une relation amoureuse entre militaires de catégories différentes peut faire désordre. «Ce n’est jamais facile pour un supérieur de consentir à l’application d’une mesure (punition) de son partenaire. Mais je pense que si cette sanction repose sur des irrégularités notées sur le fautif, le supérieur doit l’appliquer sans état d’âme parce que la rigueur au travail est une chose, les caprices du foyer, une autre et il  faut savoir les dissocier.»  
«Des supérieurs usent de leur autorité pour contraindre des subalternes à des pratiques peut orthodoxes…»  
Du côté des hommes en bleu aussi, la mesure est appréciée de façon contradictoire. Ce commandant de brigade approuve entièrement les termes de ce décret. «Il arrive que des supérieurs usent de leur autorité pour contraindre des subalternes à des pratiques peu orthodoxes, au nom de l’amour. Je vais vous livrer un exemple patent qui atteste de la pertinence d’une telle mesure. «Une fois, se souvient-il, j’ai reçu dans mon bureau une subalterne qui est venue se plaindre des agissements d’un des mes éléments qui est son supérieur. Celui-ci lui faisait des avances qu’elle a tenté de décliner. Teigneux, celui-ci est revenu à la charge en usant de son autorité sur elle pour tenter de la contraindre à entretenir des conjonctions sexuelles avec lui. Ce qu’elle dit avoir refusé.» Sur ce, poursuit notre interlocuteur, elle m’a confié que ce dernier, pour la punir, la soumettait gratuitement à des corvées à souhait, et des exemples, je peux vous en servir d’autres. Embouchant la même trompette, cet officier supérieur des sapeurs-pompiers juge que ce décret est pertinent en ce sens que cela peut jouer sur la rigueur du commandement. «Prenez l’exemple d’une femme commandant d’une caserne, alors que son mari est d’un grade bien inférieur. Vous la voyez le contraindre à des corvées où autres sanctions et pourtant, ce sont des réalités qui existent dans l’armée», renseigne-t-il. «Mieux, ajoute-t-il, vous êtes commandant d’une caserne, votre épouse bien qu’étant d’un grade inférieur ou supérieur est aux commandes d’une autre caserne. Lorsque vous êtes affecté, elle devrait aussi l’être, or il n’existe pas plus d’une caserne de sapeurs-pompiers dans les villes de l’intérieur.» 
Les corps paramilitaires angoissés à l’idée de devenir la prochaine cible de ce décret
Bien qu’ils ne soient pas concernés, en tout cas, pas pour l’instant, par ce décret, certains éléments des corps paramilitaires ne cachent pas leurs inquiétudes de voir un jour cette mesure s’appliquer à eux. «Ce qui est vrai chez les militaires peut bien s’appliquer chez nous, surtout que dans nos corps également, nous faisons avec l’arrivée de la gente féminine.» Pour nos interlocuteurs, «une mesure ne ferait qu’accroître les rapports entre personnel féminin et masculin». Et cela, notent-ils, «n’est pas forcément une bonne formule si l’ont sait que ces dames sont pour la plupart sans véritable expérience, et qu’elles apprennent beaucoup de leur proximité avec leurs collègues hommes sur le théâtre des opérations. Que ce soit à la police, chez les agents de l’administration pénitentiaire ou encore les douaniers… «Il est vrai que de ces proximités peuvent naître des sentiments affectifs, mais je crois qu’il faut faire confiance à la maturité des uns et des autres à rester professionnels.»
Abdoulaye DIEDHIOU & Diarra Sané (Stagiaire)  

source: http://www.gfm.sn/actualites/item/7463-reglementation-des-mariages-dans-larmee-le-decret-de-macky-fait-jaser-la-grande-muette.html

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