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mardi, 19 novembre 2013 00:00

SÉNÉGAL AIRLINES La grande arnaque du ciel

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Annulations en chaîne de vols, incidents techniques, c’est le lot quotidien de la compagnie aérienne Sénégal Airlines, née  il y a quatre ans sur les cendres de la défunte Air Sénégal International (Asi). Dans la saga des dossiers de Karim Wade qui l’a portée à bout de bras, en remontant dans le montage financier de l’actuelle compagnie sénégalaise, on se rend compte que les déboires de Sénégal Airlines ne doivent rien au hasard.

On ne compte plus les vols de Sénégal Airlines déprogrammés et obligeant les passagers à changer de compagnie. Entre vols annulés, incidents techniques obligeant à des atterrissages en catastrophe, la compagnie aérienne créée en 2009 sous les ailes solides de l’ancien ministre d’Etat Karim Wade,  se trouve depuis sa naissance, dans le couloir aérien… de la mort. Il suffit d’évoquer le nom de la compagnie pour se rendre compte de la frayeur qu’elle inspire et, quand on sait ce que représente le capital-confiance pour une compagnie aérienne…

  
Toujours est-il que le 28 octobre 2013, le débuté maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé n’a pu se rendre à Dakar pour assister à la Déclaration de politique générale (Dpg) du Premier ministre Aminata Touré, du fait de l’annulation en dernière minute du vol qui devait le transporter sur Dakar. En septembre dernier, en l’espace d’une semaine, les passagers de la liaison Dakar-Ziguinchor ont été victimes de deux grosses frayeurs.  Le 16 septembre 2013, un avion de Sénégal Airlines à destination de Ziguinchor a été contraint de se dérouter et de se poser sur l'aéroport international Léopold Sédar Senghor, suite à des problèmes techniques en rapport avec le train d’atterrissage.

Six jours après, le 22 septembre 2013, un autre incident technique s’est déclaré sur cette même liaison Dakar-Ziguinchor. Un avion de type CRJ 100 affrété par cette compagnie, effectuant la liaison Dakar-Ziguinchor n’a pas pu atterrir à l’aérodrome de Ziguinchor.
 
Le 28 octobre 2013, les passagers du vol DN52 de la compagnie aérienne Sénégal Airlines, assurant la desserte Douala-Cotonou-Abidjan-Dakar ont connu la même grande frayeur. L’Airbus A320, qui devait effectuer la liaison entre l'aéroport international de Cotonou et l'aéroport international Félix Houphouët Boigny d’Abidjan a été contraint de dérouter et de revenir se poser sur l'aéroport international de Cotonou, quelques minutes après son décollage.
 
Selon nos sources, l’avion venait de décoller vers 18h50, heure locale, lorsque les pilotes ont été alertés d'une défaillance technique sur l'un des deux réacteurs de l'appareil. Suite à cet incident, les passagers ont été transférés dans des hôtels de la ville afin d'y attendre qu'un autre appareil vienne les chercher le lendemain pour les transporter à destination.

Air Sénégal Airlines n'en était pas à ses premiers incidents techniques. A peine trois ans après le démarrage officiel de ses activités, le 25 janvier 2011, au grand dam de ses passagers.  Le premier incident technique est survenu, le 28 janvier 2011, soit 48 heures seulement après la réception en grandes pompes de deux Airbus A-320 par le président Abdoulaye Wade et son fils Karim, alors ministre en charge du Transport aérien. «Kayemor», un des deux Airbus qui venait d'effectuer son premier vol commercial vers Conakry avait été contraint de retarder son vol retour sur Dakar, suite à des ennuis techniques.
Moins d'un mois après, le 08 février 2011, un autre incident technique s’était encore produit en pleine vol sur un des deux Airbus qui devait relier Ouagadougou -Dakar via Bamako. L'avion a été contraint de se dérouter et de se poser sur l'aéroport international Léopold Sédar Senghor, 20 minutes après son décollage.

Quatre mois plus tard, un autre avion de Sénégal Airlines avec à son bord 117 passagers et 7 membres d'équipage,  a frôlé le crash à l’aéroport de Bamako après une sortie de piste. L’Airbus A-320 Sénégal Airlines, vol DN3 qui assurait la liaison Dakar-Bamako, a fait une sortie de piste à son atterrissage à Bamako-Sénou. Il a terminé sa course dans la boue, à quelque 200 mètres en dehors des 2700 mètres de piste, sans faire de victimes. L’avion était en cours d'atterrissage, vers 9h30, heure locale, dans des conditions météorologiques indiquées comme difficiles, lorsque pour des raisons encore inexpliquées, les pilotes n'ont pu empêcher l'appareil de faire une sortie de piste. Ainsi va Sénégal Airlines.

 «Impasse financier»

 Une compagnie qui, après seulement un an d’activité, a affiché une perte sèche de 18 milliards de francs Cfa durant l’exercice 2011 soi plus que son capital social qui est de 17 milliard de francs Cfa tandis qu’au jour d’aujourd’hui les actionnaires n’ont toujours pas libéré quelque 4 milliards du capital. C’est cette compagnie que l’Etat du Sénégal tente aujourd’hui de sauver en reprenant la main dans le capital de la compagnie aérienne Sénégal Airlines jusque-là détenu majoritairement par des privés. 

Selon nos sources confirmées par un rapport d’audit commandité par le chef de l’Etat sur la situation de cette compagnie contrôlée en majorité par le secteur privé (64%), Sénégal Airlines fait face à un déficit chronique de trésorerie et n’a plus de fonds de roulement. Il est fait état d’un passif estimé à plusieurs centaines de milliards de francs Cfa.

 Une ardoise de plus de trois milliards Cfa à l’Ads

 Trois ans après sa création, il ressort toujours selon nos sources, que Sénégal Airlines n’a jamais payé ses redevances aéronavales et extra-navales à l’Agence des Aéroport du Sénégal (ADS). De la période allant du 2 janvier 2011 au 31 décembre 2011, la compagnie aérienne Sénégal Airlines a une facture cumulée qui s’élève à 1 685 311 734 francs CFA. Et de la période allant de janvier 2012 à mai 2012, cette somme est estimée à 538 884 656 Francs CFA. Cette facture ne concerne que les redevances d’atterrissage et de balisage. En plus de cette somme, il y a aussi les notes de parking, d’eau, d’électricité et de sécurité dont le cumul avoisinerait le milliard entre janvier 2011 et mai 2012. Aujourd’hui, cette somme est estimée à plus de cinq milliards  F Cfa environ par le Syndicat des travailleurs de l’agence des aéroports du Sénégal (Ads).
Par ailleurs, Karim Wade n’avait pas lésiné sur les moyens y compris les plus « tordus » pour permettre à « sa » compagnie de déployer ses ailes. L’on se souvient que pour Sénégal Airlines, nombre de compagnies concurrentes ont été bridées avec la renégociation des droits de trafic liant le Sénégal à d’autres Etats. Ce qui a même failli coûter au Sénégal des frictions diplomatiques avec ses voisins (Mauritanie) ou d’autres nations (Belgique, Maroc). En effet, 47% des vols hebdomadaires en direction de Dakar ont été réduits depuis la naissance de Sénégal Airlines. Sont concernées : Sn Brussels (de 7 à 3 vols), Air Europa (de 3 à 1 vol), Tap Air Portugal (7 à 3 vols), Royal air Maroc (de 14 à 3 vols), Iberia (de 7 à 4 vols), South African Airways (de 21 à 14 vols). 

 Le nœud des difficultés de Sénégal Airlines

 Après les ennuis techniques récurrents et autres difficultés de trésorerie auxquelles fait face la compagnie, retour sur un montage financier. Une opération montée de toute pièce par l’ancien « tout puissant» ministre des Transports aériens de son papa de Président et qui, est perçue aujourd’hui comme le nœud des difficultés que traverse cette compagnie.
En 2009, après le dépôt de bilan de la compagnie Air Sénégal International suite à la rupture avec la Royal Air Maroc, actionnaire majoritaire avec 51 %, l’Etat du Sénégal a annoncé la création d’une nouvelle compagnie nationale de transport aérien : Sénégal Airlines.

En règle générale, l’Etat est actionnaire majoritaire dans les compagnies aériennes notamment nationales. Pour Sénégal Airlines, le schéma était autre et le dossier de création de cette nouvelle compagnie est alors confié à Karim Wade (à dessein), entre temps élevé au rang de ministre d’Etat. Son objectif, faire de la nouvelle compagnie une vitrine dans le transport aérien.

Sans tarder, il se lance dans la mise en place du capital estimé à dix-sept milliards de francs CFA. Somme qu’il réussit par ailleurs à réunir grâce à une vaste opération de montage financier avec une forte implication du secteur privé national. L’ancien ministre d’Etat avait présenté cette nouvelle compagnie comme un modèle de partenariat public-privé.

 De la poudre aux yeux des Sénégalais

 Les dix-sept milliards du capital sont répartis entre des privés nationaux 64%, l’Etat 31% et 5% cédés aux employés de la compagnie, renseignait le ministre d'Etat Karim Wade.
Cette prouesse dans la mise en place du capital de cette compagnie lui avait valu des éloges de la part de son papa de président. «Je ne peux pas ne pas remercier Karim Wade ; tous les projets que j’ai eu à lui confier ont connu des succès éclatants". Porté par son enthousiasme, il s'est voulu directif  en affirmant au cours de la cérémonie de réception des deux avions de Sénégal Airlines :" je vous ordonne, avec le Premier ministre de réfléchir sur un projet de construction d’avions…».

Aujourd’hui, trois ans après cette vaste opération qui a permis la mise en place du capital de Sénégal Airlines, de graves irrégularités sont notées. En effet, d’après nos sources, la plupart des structures du secteur privé citées dans l’actionnariat de cette compagnie par Karim Wade sont fictives et les personnes qui les représentent au conseil d’administration sont des prête-noms.
 
Bibo Bourgi représentant au conseil d’administration du Groupement national des privés sénégalais (Gnps) actionnaire majoritaire 62% du capital de la compagnie aérienne, est présenté comme un prête-nom de Karim Wade.
Pis, ces derniers informent que certains de ces actionnaires fictifs citées par Karim Wade dans le capital de Sénégal Airlines n’ont jamais versé un sou dans la société, au bord de la faillite aujourd’hui, n’eut été l’intervention de l’Etat qui a décidé de réévaluer sa participation dans le capital en devenant ainsi l’actionnaire majoritaire avec 51%. Nos sources indiquent que le capital de 17 milliards F CFA de la compagnie n’a jamais été réuni.

Air Sénégal International, une mort programmée ?

La compagnie Air Sénégal International (Asi), créée sur les cendres de la défunte compagnie Air Sénégal, déclarée faillite le 1er février 2000, était le fruit d’un partenariat entre la Compagnie Royal Air Maroc, actionnaire majoritaire avec (51 %) et l’Etat du Sénégal (49%). L’équilibre financier obtenu dès sa mise en place, lui avait permis, en peu de temps de devenir l'un des transporteurs aériens majeurs en Afrique de l’Ouest.

Cependant en 2007, malgré le chiffre d’affaires de dix milliards réalisé en 2006, elle est mise à mal par des problèmes de gestion. Ces difficultés ont provoqué des remaniements dans la structure du management arraché aux mains des Marocains. Le 24 avril 2009, malgré cette reprise de la structure du management par la partie sénégalaise, la compagnie cesse ses activités suite aux retraits de la Royal Air Maroc après l’échec des négociations pour la relance de cette compagnie forte d’une flotte constituée de 3 Boeing 737-700 et 1 De Havilland Dash 8 Q300.

Cette version sur la mort de cette compagnie est réfutée par une source très proche de ce dossier. Selon lui, cette faillite n’est pas le fruit du hasard. Mais plutôt un aboutissement d’un plan de liquidation lancé depuis 2006 par certaines autorités sénégalaises. Ces dernières (autorités sénégalaises) travaillaient à la création d’une nouvelle compagnie aérienne avec le secteur privé national en partenariat avec la compagnie Emirates Airlines.

Parmi ces lobbies tapis dans l’ombre, Karim Wade est cité comme étant le chef de fil.  D’après nos sources, c’est en 2006 que Wade fils nourrissait déjà l’envie de voire les Marocains quitter définitivement l’espace aérien de cette compagnie. Ce projet faisant suite à la volonté affichée à l’époque par Emirates Airlines de poser ses gros porteurs sur le tarmac de l’aéroport international Léopold Sedar Senghor en 2009. C’est donc dans l’espoir d’un partenariat entre sa nouvelle compagnie de transport aérienne et cette compagnie aux 132 destinations dont 24 en Afrique, que Karim Wade, aidé par les autorités en charge à l’époque du transport aérien, ont regardé Air Sénégal International mourir de sa belle mort, malgré l’esprit d’ouverture des Marocains qui voulaient repartir à zéro.

 

source:http://www.sudonline.sn/la-grande-arnaque-du-ciel_a_16307.html

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