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Jeu, Nov
mercredi, 08 janvier 2014 00:00

COMMENTAIRE DU JOUR - PAR VIEUX SAVANE Calmer le jeu, pour combien de temps encore ?

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Comme s’ils s’étaient passé le mot, les médias ont largement relayé hier mardi,  leurs craintes d’une crise au sommet de l’Exécutif, entre le chef de l’Etat Macky Sall et son Premier ministre Aminata Touré. Il se susurre qu’une fronde est en train de s’organiser contre elle. On cite  pêle-mêle des membres de l’Apr, des cercles maraboutiques, des pans du Pds, des néo opposants en rupture d’alliance, des prédateurs en mal de butin à capter et des milieux politico affairistes.

 Que reproche-t-on à Mimi Touré ? D’être arrivée au bon moment et d’avoir raflé la mise aux prétendants de la première heure, freinant du même coup leur ascension. Les détracteurs du Premier ministre lui reprocheraient par ailleurs de n’en faire qu’à sa tête et de cultiver son propre jardin.

Ce genre de critiques si elles reflétaient un début de réalité devraient alors faire réfléchir le Premier ministre et son entourage pour la simple raison qu’on n’est pas dans un système parlementaire mais présidentialiste, où la clef de voûte est le chef de l’Etat, dépositaire du suffrage universel et entre autres pouvoirs, celui de nommer aux fonctions civiles et militaires. Suivant notre régime présidentiel, les choses sont on ne peut plus claires, le Premier ministre doit faire preuve de dépassement et avoir un profil bas pour se concentrer sur les missions qui lui sont assignées par le chef de l’Etat, tout en veillant à ne pas empiéter sur des prérogatives relevant de son pouvoir régalien et discrétionnaire.

Le Premier ministre est plutôt un “primus inter pares”, autrement dit le Premier d’entre les pairs ou si l’on veut le Premier des ministres.

En somme un collaborateur en charge d’exécuter la politique définie par le président de la République, lequel a pour mission de trouver des solutions effectives aux problèmes qui taraudent les Sénégalais.

Ce qui se passe actuellement est assez symptomatique d’une personnalité atypique d’une militante aux convictions et au caractère trempés. Aussi, autant le Premier ministre doit opérer les réglages indispensables autant ses amis doivent s’abstenir de toute action  pouvant laisser penser qu’il pourrait y avoir un autre camp que celui du Président qui a placé sa confiance en elle en l’ayant choisie parmi plusieurs prétendants. De même, ce dernier devrait siffler la fin de la récréation parmi ceux qui, prétextant de le défendre, participent consciemment ou inconsciemment à semer le trouble et à jeter le discrédit sur le choix qu’il a opéré sur la qualité et la confiance placées sur  les hommes et les femmes qu’il a choisis pour l’accompagner dans la concrétisation de son objectif d’un Sénégal émergent.

En posant le débat,  on conviendra une fois de plus que dans notre pays, il porte moins sur les intérêts du Sénégal  que sur cette terrible perception du positionnement ou de l’agenda politique prêté aux collaborateurs  les plus proches du chef de l’Etat, en l’occurrence le Premier ministre  chargé d’opérationnaliser la politique du chef de l’Etat.

Et pourtant, c’est de cette nouvelle perception dont le Sénégal a besoin, d’autant plus que les urgences sont criantes. 53 ans après les indépendances, les femmes continuent de mourir en donnant la vie, dans les villages les habitants sont privés de courant et d’électricité, les jeunes, diplômés ou pas, éprouvent des difficultés à trouver du travail, l’unité nationale est à mal depuis plus d’une trentaine d’années avec la crise casamançaise. Les urgences sont là, grosses comme un nez sur le visage.

Va-t-on alors une fois de plus, après le formidable espoir soulevé en Mars 2000 avec la survenue de la première alternance politique,  replonger dans la crise de confiance avec le débat récurrent et surréaliste sur une impossible dualité au sommet de l’Etat ? S’y engager est la meilleure façon de faire douter de la volonté mais surtout de l’esprit de rupture qui reste le leitmotiv de l’actuelle équipe dirigeante. Le pouvoir de Macky Sall est attendu sur des actes concrets. Hic et nunc. Pas le temps de laisser le temps au temps car nous sommes au carrefour de toutes les impatiences. Il s’y ajoute que les Sénégalais ont acquis une maturité démocratique qui s’accommode mal avec les querelles crypto personnelles au sommet de l’Etat.

Et si Macky Sall a suscité de l’espoir c’est quelque part du fait de sa jeunesse et de son vécu. Pur produit de l’école républicaine, né après l’indépendance, nombreux sont à penser qu’il va justement s’inscrire dans une logique de rupture fondamentale en opérant un renversement paradigmatique consistant désormais à percevoir le pouvoir comme une formidable opportunité pour se mettre au service de son pays et de ses populations. C’est en ce sens que les premières actions de son premier gouvernement ont rencontré une véritable adhésion, un formidable écho. A savoir : la traque des biens mal acquis, l’obligation de rendre compte, la réduction du train de vie de l’Etat, etc.

Et c’est parce que l’ancienne  garde des Sceaux, ministre de la Justice, semblait matérialiser cet important volet du programme du président Macky Sall, en même temps qu’il rencontrait une exigence populaire, qu’elle avait suscité une certaine sympathie. Aussi sa nomination au poste de Premier ministre a-t-elle été vécue comme un renforcement de cette volonté présidentielle, même si ici ou là, il y avait des esprits suspicieux pour se demander si ce n’était pas une manière de la soustraire de ce champ brûlant du changement sociétal où elle faisait montre de poigne et d’autorité.

Ce n’était pas pour autant le sentiment le plus largement partagé car pour nombre de gens, c’est jusqu’à preuve du contraire  le Président de la République, élu au suffrage universel, qui définit la politique de l’Etat. Aussi la relation entre le président Macky Sall et Mimi était-elle perçue avec une certaine tendresse qui fortifie l’espérance. Celle d’une génération post indépendance décidée à secouer le cocotier sénégalais pour en faire tomber les valeurs rétrogrades, les pratiques d’une mal gouvernance corruptogène et en favoriser de nouvelles, refondatrices.

Il ne faut pas s’y tromper, les gesticulations, les petits meurtres entre amis et les intrigues assassines, au-delà de la personne du Premier ministre, pourraient avoir pour conséquence, en dernière instance de fragiliser et de déstabiliser le régime du Président Macky Sall. Comment en effet peut-on envisager un seul instant réconcilier le pays, ses hommes et ses femmes  d’opinions et d’obédiences diverses, avec les valeurs de probité, de progrès, de justice et de solidarité, si l’on se permet de donner libre cours à des querelles byzantines. Fort de l’adage qui veut que, qui peut le plus peut le moins, il est aisé de comprendre que pour aller vers les autres- si cela fait partie des objectifs à court et à moyen terme- il faut au préalable faire l’unité dans son camp. A défaut, on court le risque d’une alliance sans principe pouvant produire un effet boomerang… à fragmentation .

Après ABC, Abdoul Mbaye, Moubarack Lô, pour ne citer que les plus emblématiques de ce désamour au sommet  qui ont quitté le navire, débarqués ou de leur plein gré, il demeure qu’égrener le chapelet de la soustraction n’est assurément pas  la meilleure illustration de la cohésion et de la stabilité d’un régime. Il  faudrait surtout s’interdire un remake des procès en sorcellerie et des purges qui ont jalonné les dernières années des régimes Diouf et Wade.

Le pouvoir ne se partage pas on le sait, ce qui n’est pas synonyme d’un pouvoir sans partage. Loin s’en faut.  Ce n’est pourtant pas là une fatalité pour peu qu’ on ait l’humilité chevillée au corps et l’intelligence de se préserver du choc des ambitions qui exacerbent et aveuglent l’ego. La seule ambition qui vaille est celle qu’on doit nourrir pour le Sénégal . Ce qui se joue, c’est le devenir du pays et cela mérite de ne pas décevoir l’attente des populations et de relever les nombreux défis. En prenant notamment de la hauteur.  

Il demeure cependant  un invariant que l’on ne saurait sacrifier sur l’autel des intérêts partisans : le peuple. Entendez l’écrasante masse des laissés-pour-compte qui attendent de sortir de la torpeur dans laquelle ils sont installés depuis belle lurette. Il s’agit en fait du Sénégal qui est la cible de ceux qui sont toujours ancrés dans leur quant à soi, le nez rivé sur le guidon de leurs intérêts personnels, de coterie ou de groupes de pression sectaires et claniques. Ce sont eux qui méritent d’être débusqués afin que les fruits de la collaboration franche et loyale du Premier ministre Aminata  Touré avec son mentor le président Macky  Sall tiennent la promesse des fleurs.

Il faut donc calmer le jeu et restaurer rapidement la confiance. Même si le ver est déjà dans le fruit, il ne faut pas se focaliser outre mesure sur des manifestations résiduelles d’une situation qui auraient du être dépassées après de franches explications.

source: http://www.sudonline.sn/calmer-le-jeu-pour-combien-de-temps-encore-_a_17015.html

 

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