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Jeu, Nov
samedi, 25 janvier 2014 00:00

Entretien avec Mankeur Ndiaye, ministre des Affaires étrangères : «ATT n’a jamais été exfiltré»

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En marge de la ratification d’accords sur les privilèges et immunités de la Cour pénale internationale (Cpi) et le Traité instituant un partenariat en matière militaire entre la République du Sénégal et la République française, le ministre des Affaires étrangères est revenu sur le fonctionnement de la Cpi et les relations entre le Mali et le Sénégal.  

M. le ministre, qu’en est-il réellement de l’accord de défense entre la France et le Sénégal ?

Il ne s’agit pas d’accord de défense. Nous étions liés à la France par un Accord de défense, de coopération en matière de défense depuis 1974. L’accord du 18 avril 2012 abroge les dispositions de cet accord. Donc ce n’est pas un accord de défense, c’est un partenariat en matière de coopération qui a été négocié bien avant le 25 mars 2012. Le Président Sall et le Président Sarkozy ont profité de la visite d’amitié et de travail du Président Macky Sall à Paris pour signer cet accord de partenariat stratégique. C’est un accord qui ne comprend aucune clause contraignante pour le Sénégal et pour la France. C’est un accord qui ne prévoit aucune clause d’intervention de l’Armée française au Sénégal en cas d’agression extérieure. Il y aura des échanges d’informations, une coopération et une formation de nos militaires et stagiaires. C’est cela l’esprit de l’accord qui comprend des annexes. Cet accord n’a aucun caractère secret. Un accord secret n’est pas soumis à ratification. L’accord a déjà été ratifié par la France en décembre dernier. L’Assemblée nationale vient d’autoriser le président de la République à ratifier cet accord important pour le devenir de nos relations de partenariat stratégiques avec la France dans le domaine de la paix et de la sécurité en Afrique.
Il a également été question d’une ratification d’accord sur les privilèges et immunités à la Cpi…
Pour le cas de la Cpi, le Sénégal est le premier Etat au monde à avoir ratifié le statut de Rome l’instituant. Aujourd’hui, 122 Etats sont parties au statut de Rome, donc nous avons ouvert la voie. L’accord que nous avons soumis à l’Assemblée est un accord sur les privilèges et immunités de la Cour parce que ceux qui jugent, que ce soit les juges, les greffiers, les témoins et les victimes doivent bénéficier de protection et de sécurité parce que demain, ils peuvent faire l’objet d’attaques ou d’agressions par les gens qui sont traînés devant la Cpi. L’accord sur les privilèges et immunités est une excroissance de l’accord instituant la Cpi. 
L’article 48 du statut de Rome prévoyait la négociation d’un accord sur les privilèges et immunités. L’Assemblée vient de voter cet accord qui permet au président de la République de le ratifier. Il y a déjà 72 Etats qui ont ratifié et nous allons être le 73ème. C’est un accord qui assure l’immunité aux procureurs, juges, greffiers, té­moins, victimes. J’en ai profité pour clarifier la position du Séné­0gal par rapport à la Cpi. Nous sommes attachés à la lutte contre l’impunité, à la lutte contre tous les crimes. Mais nous tenons à ce que la Cour réaffirme son universalité. C’est une Cour pénale internationale, pas africaine, donc il faut qu’elle regarde d’autres horizons et ne se concentre pas uniquement sur le continent africain. Nous comprenons les frustrations de beaucoup d’Africains qui pensent que la Cour a été créée uniquement pour juger les dirigeants africains. Si c’est le cas, ce ne serait pas acceptable.  Je pense que la Cour est en train de s’investir dans ce domaine-là. Voilà ce que j’ai tenu à préciser tout en réaffirmant la solidarité du président de la République et du Sénégal au Kenya et à son Président et à son vice-président. C’est ce qui a expliqué un peu le travail que nous avons fait avec d’autres ministres des Affaires étrangères africains pour aller tenter de convaincre le Conseil de sécurité pour suspendre les poursuites dirigées contre le Président kenyan et son vice-président. 
Qu’en est-il de l’existence de poursuites contre le Président Amadou Toumani Touré ?
Nous ne sommes pas au courant de poursuites contre le Président Att. Aucun mandat d’arrêt n’a été lancé contre lui. Nous avons pris connaissance comme tout le monde du communiqué qui a été rendu public par le gouvernement malien nous informant qu’il y aurait des poursuites à engager. Mais pour l’instant aucune poursuite n’a été engagée contre Att au Sénégal où le Peuple sénégalais l’a accueilli depuis plus d’un an. Il est venu au Sénégal avec l’accord total des autorités maliennes de l’époque. L’avion de commandement qui l’a amené à Dakar est un avion qui a obtenu l’autorisation de survol et d’atterrissage au Mali. Il ne faut pas parler d’exfiltration parce qu’on exfiltre dans la clandestinité mais son transfert à Dakar l’a été avec l’accord des autorités maliennes. Nous sommes en concertation avec les autorités maliennes. Il n’y a aucun nuage dans les relations entre le Mali et le Sénégal.  


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source: http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6504-entretien-avec-mankeur-ndiaye-ministre-des-affaires-etrangeres--att-na-jamais-ete-exfiltre

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