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jeudi, 13 février 2014 00:00

L'OBS du 13/02/2014 - DÉCLARATION TOUS AZIMUTS DE CANDIDATURE, CREATION DE COURANTS, ECHAPPEES SOLITAIRES - Le Pds, une armée mexicaine

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DECLARATIONS TOUS AZIMUTS DE CANDIDATURE, CREATION DE COURANTS, ECHAPPEES SOLITAIRES - Le Pds, une armée mexicaine

L'OBS - Les effets de la perte du pouvoir n’épargnent pas le parti d’Abdoulaye Wade. Depuis peu, le Parti démocratique sénégalais (Pds) enregistre des courants et des mouvements en son sein. Des responsables de ce parti annoncent aussi leur ambition d’accéder à la Magistrature suprême, foulant aux pieds la discipline de groupe qui veut que le Parti choisisse son candidat lors d’un congrès d’investiture. Un congrès devant désigner le successeur de Wade et qui ne s’est pas encore tenu. Comme un baobab sans racines, la barque libérale tangue dangereusement. Faute de barreur.

 
 
Le constat d’Innocence Ntap est sans appel. Le Parti démocratique sénégalais (Pds) va mal. Comme une armée mexicaine, elle est désorganisée, sans véritable leader. On s’autoproclame chef hors des instances du parti. Ce que rend la formation politique peu crédible aux yeux de l'adversaire. «Il y a des responsables qui ont fait perdre le pouvoir au Pds, à Me Abdoulaye Wade et qui veulent tuer politiquement les jeunes du parti et le parti lui-même (…) Le congrès n’est pas organisé. Les femmes n’ont pas de tête.» Ces complaintes de l’ancienne ministre d’Etat, membre du Comité directeur du Pds dans L’Observateur d’hier renseignent à suffisance sur l’état dans lequel se trouve le parti du Pape du Sopi depuis leur perte du pouvoir, le 25 mars 2012. Ses ouailles n’arrivent pas à tenir le même langage. Malgré l’entente de façade qui prévaut quant il s’agit de dénoncer la traque des biens supposés mal acquis, l’emprisonnement de Karim Wade qu’ils qualifient d’acharnement, les démons de la division refont surface depuis peu. Et ce désaccord a entraîné la création de courants et de mouvements au sein de la formation libérale. Ce qui, en son temps, relevait de l’impossible. Ce désaccord a aussi permis à nombre de responsables d’afficher leur ambition pour la Présidentielle de 2017, alors qu’ils ne sont ni coordonnateur du parti ni Secrétaire général. La dernière en date, celle d’Innocence Ntap qui n’exclut pas de se présenter en 2017. Au nom de quel parti ?
 
FIDELITE/KOLLERE DE SERIGNE MBACKE NDIAYE : Il a été le premier à crever l’abcès. Contre vents et marées, l’ancien porte-parole du Président Wade a mis sur pied un mouvement dénommé ‘’Fidélité/Kolleré’’. Alors que le Comité directeur s’y était opposé prétextant que les textes du parti ne prenaient pas en compte la création de courant d’idées et qu’il fallait unir les forces, Serigne Mbacké Ndiaye a fait fi de toutes ces récriminations et a officialisé la création de son mouvement. Selon lui, cet acte ne relève point d’une défiance de sa part, mais de l’expression de la démocratie interne. Et d’ailleurs, il avait dénié au Comité directeur toute légitimité à statuer sur un tel sujet car n’étant qu’une simple instance de réflexion. «Ce n’est pas une défiance. Il y a beaucoup de gens et à tous les niveaux qui parlent des textes du Pds et qui les ignorent ro­yalement. Ils ne savent rien du tout ! Les textes du Pds sont clairs. Nous avons des instances de décision et c’est le Congrès qui en est l’instance suprême. Si ce n’est pas le con­grès, c’est le Bureau politique. Si ce n’est pas le Bureau politique, c’est le Secré­taire général national qui, dans ses actes et propos, peut engager le parti. Le Comité directeur est une instance de réflexion et non une instance de décision.» Serigne Mbacké Ndiaye disait fonder la légalité de son mouvement sur l’accord de la constante libérale, Abdou­laye Wade, qui lui a donné sa bénédiction. «Quand le débat sur le courant a été posé en Comité directeur, nous avons dit de manière très claire, si aujourd’hui le camarade Sg nous disait : arrêtez vos activités, nous ne tiendrons pas cette conférence.» Il comptait lancer un ap­pel à candidatures pour appuyer le ­mei­lleur profil apte à succéder à Wa­de. Déjà, Serigne Mbacké Ndia­ye s’était positionné pour succéder à Wade. Et le nom de son courant dérangeait aussi plus d’un dans les rangs du Pds. Quand Serigne Mbacké Ndiaye parlait de fidélité, c’était comme si les autres responsables n’étaient pas fidèles à Wade et à ses idéologies. Lui n’en avait cure. Ce qui était important, c’était que son courant voit le jour. Chose faite.
 
ALIOU SOW CREE MPD/LIGGEY : Même s’il a gelé ses activités au sein du Pds, l’ancien ministre des Collectivités locales n’a pas encore démissionné de ce parti. Il a créé un mouvement nommé : Le Mouvement des patriotes pour le développement (Mpd/Liggey) qui va sous peu devenir un parti politique, comme l’a annoncé son leader. Au début, il disait : «Cette affaire de courant ne me concerne pas parce que j’ai créé mon courant en dehors du Pds. C’est le citoyen Aliou Sow qui a créé son mouvement. Je suis toujours membre à part entière du Pds et du Comité directeur. Je n’avance pas masqué, j’assume tous les actes que je pose. Je ne serai jamais sous la coupe de cette bande qui dirige le Pds. En plus, je ne collabore pas avec mes ennemis. De toute façon, je n’assiste pas à une réunion au Pds qui n’est pas dirigée par Abdoulaye Wade qui constitue ma seule et unique référence. Le poste de Secrétaire général du Pds m’intéresse si l’on arrive à organiser des renouvellements honnêtes de la base au sommet en évitant de faire des pseudo-congrès ou des pseudo-renouvellements. Par contre, j’ai des réserves parce qu’on assiste à un jeu de complots pour accaparer l’appareil du Pds.» Mais dans un entretien accordé à L’Obs, Alioune Sow se définissait comme un membre de cœur du Pds. Pour autant, il continue de réclamer sa part historique dans le Pds. Ambitieux à souhait, il a lui aussi annoncé sa candidature en 2017.
 
HABIB SY TIENT SA «NOUVELLE VISION POUR LE SENEGAL» : Membre du Comité directeur du Pds, ancien Directeur de cabinet de Me Wade, Habib Sy qui se réclame toujours du Pds a lancé son mouvement appelé  «Nouvelle Vision pour le Sénégal» à Saint-Louis. L’ancien ministre d’Etat, par ailleurs maire de la commune de Linguère, en a profité pour annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 2017.Habib Sy est convaincu que vu son cursus scolaire, secondaire et universitaire et sa riche expérience gouvernementale, il a la possibilité de remplacer le Président Macky Sall à la tête de la nation et qu’il mettra en œuvre sa propre stratégie pour développer ce pays, tout en rappelant qu'il milite toujours au Pds et que c'est sous la bannière de son mouvement qu'il va se présenter à la Présidentielle de 2017.
 
BARA GAYE DANS LE COURANT : L'ancien patron de l'Union des jeunesses travaillistes et libérales serait sur le point de créer un courant au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds). L’information donnée par votre canard a aussi suscité moult interrogations. Cette décision de Bara Gaye intervient au lendemain de sa sortie de prison et de son remplacement à la tête de l’Ujtl par Toussaint Manga. Bara Gaye aurait déjà concocté un groupe de dix jeunes avec qui il a tenu des réunions. Le nom du courant sera dit-on dévoilé au grand public dans les prochains jours.
 
Cette création de courants et de mouvements ne semble pas être du goût de Wade. En retrait à Versailles depuis sa perte du pouvoir, il a selon le coordonnateur du Pds Oumar Sarr, écrit une lettre dans laquelle il dit clairement, et sans équivoque, qu’il ne saurait exister de courant au sein du Parti. Un avertissement pour tous les responsables. Cela n’a pas découragé les uns et les autres. Serigne Mbacké Ndiaye et Bara Gaye, tous proches de Me Wade, vont-ils abdiquer ? Le temps nous le dira.
 
ECHAPPEE SOLITAIRE : Mais au delà de ces courants, des échappées solitaires sont parfois notées. L’audience de Serigne Mbacké Ndiaye avec le chef de l’Etat a soulevé des vagues au sein du Pds. Son attitude n’a pas été appréciée par ses frères de parti, qui ont crié sur tous les toits que celui-ci a agi en son nom propre et non pour le parti. Mais Serigne Mbacké Ndiaye est constant dans sa démarche. Il fait son bonhomme de chemin. En déplacement à Thiès, il a aussi appelé les libéraux et les apéristes à aller ensemble aux Locales. Une attitude que ses frères ont encore du mal à comprendre. Ngoné Ndoye aussi a été reçue par Macky Sall. Frustrée par la plainte de Wade à son endroit, la responsable libérale de Rufisque cherche à tout prix à se faire justice, à laver son honneur. Son divorce d’avec Wade et le Pds est presque consommé. Même si elle n’a pas voulu parler de ses échanges avec Macky Sall. Son départ vers les prairies marron est envisageable.
La frustration est aussi un élément majeur dans ces échappées solitaires. Au sortir d’une rencontre du Pds qu’il avait «boudée», Babacar Gaye, porte-parole de ce parti disait : «Le Pds est dirigé par une bande de copains et de coquins.» Des clans qui font que certains responsables boycottent le Comité directeur. Le Pds résistera-t-il face à tous ces problèmes ? L’énigme demeure entière.
 
 CODOU BADIANE
 
ECLAIRAGE….PR IBOU SANE, POLITOLOGUE
 
«Il n’y a pas encore de leader, chacun est obligé de tirer la ficelle de son côté»
 
«J’avais dit depuis longtemps que le Pds connaîtrait une implosion de l’intérieur. Parce que le Secrétaire général du parti Me Wade n’a pas mis en place un dispositif qui permet d’avoir une hiérarchie de N°2 ou de N°3…Et comme c’est lui qui s’identifiait à ce parti, résultat : il a tout contrôlé, tout monopolisé à partir du moment qu’il n’est plus à la tête du parti, qu’il n’a plus d’héritier dans le parti. Il va sans dire que la plupart des responsables du Pds vont s’entredéchirer. Et au lieu de claquer la porte du Pds, ils préfèrent créer des mouvements ou des courants pour ne pas se faire exclure de ce parti. Or, il aurait été beaucoup plus intéressant pour eux de sortir  et d’aller créer leur propre parti. Mais comme il y a une floraison de partis politiques au Sénégal, ils sont obligés de rester à l’intérieur de ce parti et de se battre à l’intérieur du système. Le fait de désigner un coordonnateur à la place d’un congrès ne fait pas partie du jeu démocratique. Il aurait été beaucoup plus intéressant de laisser les acteurs eux-mêmes choisir un leader. Au Pds, il n’y a pas encore de leader. Chacun est obligé de tirer la ficelle de son côté. Il faut reconnaître que l’opposition n’est pas toujours facile. Il y a aussi la traque des biens mal acquis qui est comme une épée de Damoclès sur leur tête, qui fait qu’ils n’ont plus de repères. Leur Secrétaire général étant très éloigné, il va forcément y avoir des tiraillements. Malheureusement, Wade continue toujours à nommer, ce qui n’est pas acceptable en démocratie et qui n’est pas accepté par ses concurrents. Cette situation est la faute de Wade. Il avait toujours des N°2, mais là, s’il y avait quelqu’un de légitime pour garder la maison, il n’y aurait pas de problèmes. C’est le même problème qui est en train de guetter Macky Sall qui s’est résolument occupé de son activité gouvernementale. Ce problème risque de se poser à l’Apr.»
 
C.BADIANESOURCE: http://www.gfm.sn/actualites/item/11019-declarations-tous-azimuts-de-candidature-creation-de-courants-echappees-solitaires-le-pds-une-armee-mexicaine.html
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