Une fois de plus, Porokhane n’a pas dérogé à la règle, en recevant avec beaucoup d’attention la délégation envoyée par le président de la République, Macky Sall. Une délégation conduite par le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, accompagné du ministre de la Restructuration des zones d’inondation, Khadim Diop, du ministre conseiller du chef de l’Etat Arona Coumba Ndoffène Diouf, du gouverneur de la région Amadou Sy, des préfets de Kaolack et de Nioro, entre autres.

Après avoir apporté le salut du président de la République et renouvelé le « ziarra » de ce dernier au marabout de Porokhane Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, le ministre de l’Intérieur a sollicité du khalife de Porokhane la bénédiction de l’ensemble des projets et programmes engagés par le chef de l’Etat dont l’ambition fondamentale reste le développement du Sénégal, à travers une dynamique économique et sociale nouvelle.

Et là, les financements obtenus et ceux promis lors des déplacements du président de la République en Chine et à Paris, notamment dans le cadre des travaux du Groupe consultatif de cette année, sont les meilleurs gages qui s’offrent au chef de l’Etat pour atteindre ces résultats, a fait noter Abdoulaye Daouda Diallo qui a demandé au marabout de prier afin que cette manne serve de rampe de lancement au développement du pays.    

L’exemple de Mame Diarra
Parlant de Mame Diarra Bousso, celle à qui la communauté mouride et musulmane rendent hommage à travers ce Magal, le ministre de l’Intérieur a indiqué que l’image de cette femme, incarnation vivante de la dévotion, de la fidélité et de la soumission envers son époux, a dépassé les frontières du Sénégal et est servie comme exemple à la postérité, surtout aux femmes du monde entier.

Abdoulaye Daouda Diallo a, dans ce contexte, insisté sur l’intérêt que le président de la République accorde à Porokhane où repose la vénérée Mame Diarra Bousso, mère de Khadim Rassoul.

« Le chef de l’Etat accorde une importance particulière aux différentes cités religieuses du Sénégal et en particulier Porokhane », a ajouté le ministre, selon qui sa venue dans ce lieu saint traduit le souci de Macky Sall de réitérer son engagement à améliorer les conditions de vie des populations.

Par ailleurs, le ministre qui a réitéré l’amitié et la considération du président de la République au khalife général des Mourides Serigne Sidy Moctar Mbacké, a salué en cet homme de Dieu la grandeur d’âme et le sens de la responsabilité.

Dans sa réponse, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, khalife de Porokhane, qui avait à ses côtés Serigne Bass Abdou Khadre, représentant le khalife général des mourides, a remercié le chef de l’Etat avec qui il est lié par une longue amitié basée sur la sincérité.

Aussi a-t-il salué les efforts de ce dernier envers Porokhane avant de mettre l’accent sur le souhait du chef de l’Etat de moderniser la cité où repose Mame Diarra Bousso. « Rien que cette volonté d’œuvrer dans le sens de booster le développement de Porokhane va permettre à Macky Sall de réussir sa mission d’impulsion de l’économie du Sénégal et d’améliorer notablement les  conditions de vie des populations sénégalaises », a dit le marabout.

Modernisation de Porokhane
Serigne Mountakha qui dit avoir beaucoup d’espoirs pour l’avenir du Sénégal, n’a pas manqué de remercier le chef de l’Etat pour l’intérêt qu’il n’a jamais manqué de manifester pour Porokhane.

Le guide religieux a également renouvelé son allégeance à Serigne Sidy Moctar qu’il n’a pas manqué de remercier du fond du cœur pour la confiance accordée à sa modeste personne, relevant du coup l’accompagnement de ce dernier pour la réussite de sa mission. Il a aussi magnifié le travail gigantesque que le khalife général des Mourides accomplit sur le chemin du mouridisme en insistant sur son attachement à continuer l’œuvre de Serigne Touba.

Auparavant, Serigne Bass Abdou Khadre Mbacké, porte-parole et représentant le khalife Sidy Moctar Mbacké à cette cérémonie, a apporté le message de ce dernier à Serigne Mountakha, à la famille de Serigne Touba, marabouts et talibés confondus. Après avoir parlé des rapports de confiance entre le khalife et Serigne Mountakha Mbacké, Serigne Basse Abdou Khadre s’est félicité, au nom de Serigne Sidy Moctar, des réalisations à Porokhane, notamment la réfection du mausolée de Mame Diarra, entre autres.

RECORD D’AFFLUENCE DE PÈLERINS
Le Magal de Porokhane dédié à Mame Diarra Bousso, édition 2014, a été célébré samedi dernier dans la ferveur et la foi mouride. Une occasion qui a permis à des dizaines de milliers de pèlerins venus des quatre coins du monde, de rendre hommage à Diarihalah (la voisine de Dieu), là où elle repose à Porokhane, village situé à 8 kilomètres de Nioro, la capitale du Rip traditionnel.

Ni la forte canicule encore moins le vent de poussière chaud et sec qui se sont abattus sur la cité n’ont pu entamer l’ardeur des talibés mourides qui ont tenu à sacrifier tous les rites recommandés à l’occasion de ce grand rassemblement désormais inscrit en bonne place dans l’agenda des grands événements mourides.

Initié par Cheikh Mouhamadoul Bachir ibn Khadimou Rassoul en 1952, ce Magal est sans doute l'un des plus grands rassemblements humains dans le monde consacré à une femme. La seule difficulté réside dans le fait que Porokhane qui est un petit village peuplé de quelques milliers d’habitants en temps normal devient subitement une capitale religieuse en l’espace des trois jours que dure son Magal.

En effet, cette année encore, des dizaines de milliers de musulmans sont venus  des quatre coins du monde pour s’incliner devant le mausolée de la vénérée Mame Diarra, participer aux séances de lecture du Coran, des Khassaïdes, du Zikr et autres prières.

Aussi, ils ont été nombreux parmi les pèlerins à faire le tour des lieux que Sokhna Diarra a fréquentés durant son séjour à Porokhane, notamment le puits qu’elle utilisait pour avoir de l’eau, l’arbre sous lequel elle pillait le mil, etc. Ceci, souligne Abdoulaye Meïté venu de la Gambie voisine, pour mieux s’imprégner de la vie courte mais exceptionnelle d’une grande femme qui, aujourd’hui, sert de repère à la postérité.

Une œuvre immense
Mame Diarra Bousso fut donnée en mariage à Mame Mor Anta Saly, père de Cheikh Ahmadou Bamba. On raconte que sur le point de rejoindre le domicile conjugal, comme c’était la coutume à l’époque, Mame Diarra  fit  le vœu suivant : «  Si ce n’était le verset du Coran qui établit  que Mouhamed (Psl) est le dernier Prophète, je puis affirmer que j’aurai  un fils qui sera prophète ».

C’est cet état d’esprit et cette détermination qui animaient  Sokhna Diarra  et qui la poussaient à ne ménager aucun effort pour avoir l’agrément de Dieu et celui de son conjoint. Elle eut un fils aîné appelé Mame Mor Diarra et un second, le vénéré Cheikh Ahmadou Bamba.

Elle disparut  en 1866 à Porokhane et y fut enterrée. Elle n’aura vécu que 33 ans pour réaliser l’œuvre immense qui a été célébré samedi dans la ferveur et l’ardeur islamique.
Mais, aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que  le rayonnement du Mouridisme aura été sa récompense de la part du Tout-puissant.

AÏDA NDIAYE BADA LÔ, UNE DEVOUÉE DU MAGAL
 Son accoutrement, une tenue de Baye Fall surmontée par un « laffa » distinctif, fait qu’elle ne passe nullement inaperçue. Elle, c’est Aïda Ndiaye Bada Lô, présidente de la fédération internationale des « Dahira Mame Diarra » qui est également la seule femme siégeant à la Fondation Mame Diarra.

Avec son équipe de dirigeantes de Dahira venues du Sénégal et de la diaspora, elle s’est installée dans l’enceinte du « Daara Mame Diarra » de Porokhane où elle supervise la cuisson de toute la nourriture des élèves et de certains pèlerins. « Je suis femme d’affaires, mais je consacre la plupart de mon temps à la fédération des Dahiras Mame Diarra qui est aujourd’hui, ma seule raison d’être », déclare Aïda Ndiaye Bada Lô, mettant en exergue son total dévouement à la cause du Mouridisme.

Interpelée et sollicitée par tous, cette Dame, connue pour sa bravoure et son engagement, dépense à l’occasion des millions de FCfa pour la bonne cause, celle de donner à manger aux élèves et aux pèlerins.

L’ACTION DES DAHIRAS MAME DIARRA SALUÉE
 Lors de la cérémonie officielle qui s’est déroulée le samedi en présence d’une délégation du président de la République dirigée par le ministre de l’Intérieur et du représentant du khalife général des Mourides, Serigne Bassirou Abdou Khadre, Serigne Mountakha Mbacké, le khalife de Porokhane, a publiquement remercié les Dahiras Mame Diarra qui ouvrent inlassablement pour la famille de Serigne Touba et le mouridisme.

En effet, aujourd’hui, le rayonnement de Mame Diarra, son influence dans la société sénégalaise, son nom porté par des centaines de milliers de femmes constituent un véritable miracle de Dieu pour une figure qui n’a vécu que 33 ans. Depuis 1999, une Fondation Mame Diarra a été créée par Serigne Moustapha Bassirou. Une Fondation qui compte aujourd’hui 65.000 membres regroupés dans 1.800 Dahiras affiliés.

A l’actif de cette fondation, il y a la construction de deux résidences « Mame Diarra » pour les hôtes de Porokhane, et celle d’un « Daara » moderne des jeunes filles qui portent toutes le nom de Mame Diarra et qui sont au nombre de 450 élèves en internat entièrement prises en charge par la fondation. La rénovation du Mausolée de la marraine de la fondation (en cours) est également une action à saluer.

PAS DE PÉNURIE D’EAU NI DE DÉLESTAGE
Pour la première fois depuis plus d’une dizaine d'années, Porokhane a organisé un Magal sans faille du point de vue de la distribution de l'eau et de la disponibilité de l'électricité.

Au même titre que les guide religieux, Ousmane Niang, président de la communauté rurale de Porokhane se dit satisfait du déroulement de la 63e édition du Magal.  « L’année dernière, nous avions connu des manquements graves, tant du point de vue de la distribution de l’eau que de celle de l’électricité », a déclaré M. Niang qui redoutait une pénurie grave et un délestage préjudiciables à la bonne organisation du Magal.

Ousmane Niang souligne que l’Etat du Sénégal a consenti des efforts extraordinaires, à la grande satisfaction des autorités religieuses et des populations.

« Le ministre de l’Hydraulique nous l’avait promis à la veille du Magal. Compte tenu des expériences des dernières années, nous avions des inquiétudes. Mais à l’arrivée, le solde s’est avéré positif, le débit d’eau a permis de distribuer suffisamment d’eau aux pèlerins, pourtant plus nombreux cette année par rapport au passé », s’est réjoui le Pcr de Porokhane.

4 morts sur la route du Magal
Selon le commandant Moussa Niang du groupement n°3 des sapeurs-pompiers des régions de Kaolack, Fatick et Kaffrine, ses éléments ont, depuis vendredi, fait 16 interventions sur l’axe Kaolack-Porokhane et Kaolack-Koungheul. Vendredi déjà, une moto Jakarta avec  2 jeunes qui se rendaient à Porokhane a heurté un minicar. Gravement blessés, les deux occupants de la moto sont décédés juste après leur arrivée aux structures sanitaires de Kaolack.  Dans la nuit du samedi, un autre minicar quittant Porokhane a percuté de plein fouet, vers Koungheul, un camion en stationnement sur la route faisant 2 morts et 5 blessés graves.