Macky Sall ne sera pas plus loyal que moi.» Une loyauté qui pousse Moustapha Niasse à se mettre dans les rangs, tout en appelant les responsables de son parti à en faire autant. Le leader de l’Afp, n’envisage pas, dès lors, de se présenter devant Macky Sall, à une élection. «Je ne peux pas être avec lui (Macky Sall) et vouloir des privilèges. Quiconque sort de l’Afp et défie Macky Sall n’aura pas ma bénédiction encore moins mon soutien. Je ne cautionnerai aucune candidature de l’Afp face à Macky Sall. Combattre Macky Sall, c’est combattre l’Afp.»

Une brèche ouverte par Moustapha Niasse pour s’engouffrer dans le débat sur la candidature ou non de l’Afp en 2017. «Nous sommes dans une logique unitaire. Parler de la candidature de l’Afp en 2017 est prématuré», soutient Moustapha Niasse. Mais les termes de la résolution finale de la réunion en disent long sur le vœu de Moustapha Niasse. Voir l’Afp ne pas présenter un candidat en 2017 et soutenir Macky Sall ne serait pas une surprise. «Les fonctions de Moustapha Niasse à l’Assemblée nationale sont donc la conséquence d’une volonté politique du chef de l’Etat, qui a entendu manifester sa confiance à un allié de premier plan, dont l’expérience, le patriotisme et le rayonnement international sont universellement connus et reconnus. Il serait donc incongru et incohérent, pour l’Afp, de s’engager dans un tel contexte, dans un débat stérile et inadéquat, tendant à déclarer qu’elle se prépare déjà à dresser un candidat contre le Président Macky Sall. Cette hypothèse est à écarter tant que la nature de l’alliance entre L’Afp et l’Apr restera en l’état. Mieux, après les élections locales, cette alliance devrait se consolider pour une plus grande implication du parti dans la vie nationale et au sein de l’Etat», affirme Malick Diop, porte-parole de l’Afp. 

«On ne peut pas brûler la maison qu’on a construite»

Depuis neuf mois, le Bp de l’Afp ne s’était pas réuni. Leur dernière réunion remonte à juin 2013. Mais Moustapha Niasse minimise et dément toute léthargie de son parti. «Il se trouve qu’un parti d’opposition et un parti qui participe au fonctionnement des rouages de l’Etat ne peuvent ni fonctionner sur le même tempo, ni prendre des positions ne tenant nul compte des responsabilités assumées et des engagements pris. Dans le cadre des analyses objectives du parti face aux supputations tendant à vouloir accréditer une quelconque léthargie quand, bien au contraire, les structures fonctionnent sans arrêt», lit-on dans la résolution finale. Allant plus loin, Niasse estime qu’il ne faut pas confondre un parti d’opposition et un parti au pouvoir. «Nous sommes au pouvoir, nous ne pouvons pas nous réunir chaque semaine et faire des communiqués incendiaires. L’incendie, c’était pour brûler la case de Wade. Maintenant, nous ne pouvons pas brûler la maison qu’on a construite. L’Afp est comptable de la gouvernance de notre pays.» Pour Moustapha Niasse, l’heure est au travail. «Il est temps que le parti se focalise sur la préparation des prochaines Locales pour affiner sa stratégie, en l’accompagnant d’une analyse fine de la situation. J’ai eu mes privilèges bien avant de devenir président de l’Assemblée. Lors de la campagne électorale, j’ai déboursé 175 millions pour acheter 35 voitures. C’était bien avant mon compagnonnage avec Macky Sall.»

Le comité Stratégies et Actions, objet de frustrations

Aux militants de Tambacounda qui ont informé le Bp qu’ils voulaient aller seuls aux Locales, Niasse dira : «Il ne faut pas éviter le syndrome de Kolda. En 2009, ils sont partis seuls et ils ont perdu. Personne n’est esclave de qui que ce soit, nous croyons tous en Dieu. Le souhait de l’Afp, c’est d’aller aux Locales avec Bby, comme l’a réaffirmé Macky Sall samedi dernier.» Pour Moustapha Niasse, les candidatures déclarées de l’Apr aux Locales ne doivent pas constituer un frein pour ses militants. «Tout le monde peut déclarer sa candidature, mais ce ne sera qu’une candidature primaire, les candidatures communes se décident au sommet.» Certains militants ont aussi fait part de leurs frustrations, quant à leur mise à l’écart des travaux du comité Stratégies et Actions de leur parti, qui se réunit tout les jeudis. «C’est moi qui ai décidé de la création de ce comité. Ce sont mes prérogatives en tant que Secrétaire général du parti. Personne n’est écarté, ceux qui veulent participer aux réunions peuvent le faire. Depuis le congrès, je n’ai pas pris de décision. Tout le monde est impliqué. Laissez les gens travailler», répondra Moustapha Niasse, le ton ferme. Une réponse confortée par celle de Malick Diop qui a rappelé qu’après une réunion, beaucoup de militants ne sont pas revenus pour participer, parce que le débat était trop relevé.»

L’absence troublante de Malick Gakou

Son absence a été très remarquée. Même s’il s’est fait rare depuis peu, la présence du numéro 2 de l’Afp, Malick Gakou, était attendue. Comme raison de son absence, Malick Diop a évoqué un voyage. «Le Bp a été convoqué selon les règles de l’art. Malick Gakou est absent du territoire national et il l’a signalé à Moustapha Niasse.»

CODOU BADIANE

Les minutes du Bp de l’Afp

Au début, le vœu était que l’Afp ne présente pas un candidat en 2017. Moustapha Niasse voulait donner carte blanche à Macky Sall. Mais après d’intenses échanges, les responsables sont revenus à la raison. Tout est parti d’une résolution du Directeur de cabinet de Moustapha Niasse pour prôner la non-présentation par l’Afp d’un candidat en 2017. Bouna Mouhamed Seck a déclaré, face au Bureau politique que «l’Afp ne peut pas avoir un candidat face à Macky Sall en 2017» compte tenu des relations que leur parti, et particulièrement leur leader, entretient avec le chef de l’Etat. La proposition du Directeur de cabinet de Moustapha Niasse ouvre ainsi les débats de la réunion du Bureau politique. Et c’est Cheikh Bamba Sall qui prend la parole pour soutenir l’idée de Bouna Seck. Les cadres abondent dans le même sens et excluent une candidature de l’Afp en 2017. Pour Mamadou Ndao, Conseiller technique numéro1 du ministre du Commerce, Alioune Sarr, par ailleurs, coordonnateur de la Cellule des cadres de l’Afp, «il faut accompagner Macky Sall jusqu’après 2017 et après, l’Afp pourra avoir un candidat».

Mais la proposition de Bouna Mouhamed Seck est loin de faire l’unanimité. Des voix se sont élevées pour dire non. Selon des responsables, il n’est pas normal d’exclure l’Afp de la course en 2017. Même s’ils estiment que le débat sur la candidature en 2017 est prématuré, il n’en demeure pas moins pour certains responsables que leur parti doit être de la partie. Des responsables comme Santi Agne ont clairement réfuté l’idée de ne pas présenter un candidat en 2017 même s’ils reconnaissent que le débat est prématuré. Nos sources rapportent que Santi Agne a soutenu devant l’assistance que la candidature de l’Afp en 2017 sera déterminée par le contexte. D’autres responsables ont manifesté leur opposition et finalement, l’Afp a mis de l’eau dans son vin. Le parti redéfinit sa position dans sa résolution finale. 

       Malick Gakou, l’absent le plus présent

L’autre fait marquant de la réunion du Bureau politique est le nom de Malick Gakou, numéro2 de l’Afp, qui était sur toutes les lèvres. La supposée brouille Gakou-Niasse est revenue dans les débats. Et c’est pour parler de la succession de Niasse à la tête de l’Afp. Comme pour arrondir les angles, Mata Sy Diallo conseille à Niasse : «N’acceptez pas qu’on vous mette en mal avec qui que ce soit. On n’a jamais parlé de succession dans le parti.» Venu de Gossas, Goumabala dira la même chose : «Les gens veulent vous mettre en mal avec votre numéro2 et il ne faut pas l’accepter.»

SOPHIE BARRO 

NIASSE SUR SA SUCCESSION

«Tant qu’il me restera un souffle de vie, je serai à la tête de l’Afp»

Il est apparu en grande forme comme pour montrer qu’il est toujours là et qu’il ne se laissera pas enterrer vivant. Moustapha Niasse est encore à la tête de l’Afp pour bien des années. Les propos de Malick Diop, rappelant que la succession de Moustapha Niasse n’était pas à l’ordre du jour, ne lui ont pas suffi. Niasse a tenu à dire, lui-même, que ce n’est pas demain la veille son départ à la tête de l’Afp. «Tant qu’il me restera un souffle de vie, je serai à la tête de l’Afp. Je suis là pour former les jeunes.» Plein d’entrain, il ironise : «Même avec une canne, je ne laisserai pas l’Afp.» C’est clair.

C.BADIANE

SOURCE:http://www.gfm.sn/actualites/item/12085-moustapha-niasse-leader-de-lalliance-des-forces-de-progres-je-ne-cautionnerai-aucune-candidature-de-lafp-face-a-macky-sall.html