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Jeu, Nov
samedi, 22 mars 2014 00:00

LOCALES - Macky contre Khalifa : L’amère bataille des Sall

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Le Président Macky Sall a décidé que les conseillers des villes soient issus de ceux des communes. Cette formule, décriée par l’opposition, réduit les chances de réélection des maires de Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque et Thiès, qui ne sont pas de son parti. Mais au fond, au-delà des Locales, le leader de l’Apr tente d’étouffer les ambitions présidentielles éventuelles de Khalifa Sall, qu’il aurait rencontré d’ailleurs en janvier dernier pour trouver un compromis en direction des Locales.

Le président de la République a tranché le débat sur le mode de scrutin qui avait bloqué la Commission technique de revue du Code électoral. Macky Sall a également décidé que les conseillers issus des communes désignent le président de Conseil de ville pour Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque et Thiès.

 Il est vrai que c’est une poire à deux pour les conseils départementaux, mais il y a, en sourdine, une astuce politique en ce qui concerne les villes, qui va faire débat. Et des dégâts pour les élus sortants des cinq villes citées ci-haut. Loin de sous-estimer les enjeux électoraux à Thiès, Pikine, Guédiawaye et Thiès, il faut convenir que, naturellement, Dakar, la capitale, retient l’attention de l’opinion. Et pour cause. Le parti au pouvoir ne lésine pas sur les moyens pour arracher la mairie ; la perdre donnerait à l’opinion et au pouvoir, quoique la Présidentielle et les Locales n’aient pas les mêmes dimensions, un avant-goût et un esprit défaitistes pour 2017. Mais c’est aussi parce que le maire sortant, même s’il est du Parti socialiste, un allié de la majorité, voit en son éventuelle reconduction, une voie tracée qui mène au fauteuil présidentiel.

Des Locales… nationales
C’est justement là, les premiers coups politiques qui se jouent entre Macky Sall et Khalifa Sall à propos de ce Code électoral à polémique. Pour le Président Sall et son parti, rater ce rendez-vous du 29 mars face à Khalifa Sall et le Parti socialiste serait s’exposer à un concurrent qui, s’il n’est encore que local, pourrait avoir les cartes à faire valoir au niveau national. Cependant, il va falloir à Khalifa Sall avoir l’onction de son parti, un instrument dont il ne peut se passer- il y pense aussi- pour espérer déjouer l’épine de l’élection indirecte des conseils de ville qui ne lui assure guère une réélection. Qui ne le rassure pas.
En fait et en réalité, Khalifa Sall n’a pas été élu par Dakar. Il a été plutôt trié du lot de conseillers qui l’ont désigné. Et tout se jouera justement sur le nombre de conseillers émanant des communes de plein exercice, autrefois communes d’arrondissement. La liste qui aura plus de conseillers aura la latitude de désigner le président du Conseil de ville. Le Socialiste devra donc s’appuyer sur sa commune, Grand Yoff, et les autres de Dakar pour espérer rempiler. C’est en cela seulement qu’il prendra la voie de contournement de sa mise à mort bitumée par Macky Sall. Et si son parti le soutient.   
La formule idéale pour Tanor et le Ps, c’est d’aller aux Locales sous la bannière de Benno bokk yaakaar (Bby). Mais, entre les lignes, à condition que Macky Sall concède la réélection de son candidat, légitimée par ses résultats jugés «bons», «absolument très bons», selon Moustapha Diakhaté, membre du parti présidentiel et du Conseil municipal de Dakar. Pas seulement puisque, invité de l’émission Opinion de Walf Tv, Abdoulaye Bathily disait : «(Khalifa Sall) est un maire qui a développé un esprit Benno. Il faut dire les choses honnêtement. Et je ne vois pas parmi les maires des grandes villes quelqu’un comme lui et qui ait fait autant.» C’est sans doute évident pour son représentant dans le cercle «intime» de Khalifa Sall, Cheikh Guèye. 
Ce sera sans compter avec la ferme résolution du leader de l’Apr de se faire légitimer par une ville de Dakar. Tout concorde que le Socialiste n’entend pas sacrifier son fauteuil au nom d’une quelconque loyauté de son parti au Président, à la Niasse. Tout comme le chef des Apéristes ne s’amuserait pas, au nom d’un pacte  de non agression politique avec Ousmane Tanor Dieng, à fermer les yeux sur un homme «coté à la bourse» des potentiels candidats à sa succession. Il s’agit de Locales… nationales, presque présidentielles !

Le «deal» avorté entre Macky et Khalifa Sall
C’est dans ce tempo de facto local, mais aux relents de Présidentielle, que se jouent de secrètes manœuvres entre deux personnes. Un peu dans le sens de ce que le président du groupe parlementaire de Benno bokk yaakaar, Moustapha Diakhaté disait : «Khalifa n’est pas le maire du Ps, mais de Benno bokk yaakaar. Maintenant, personnellement, je souhaite qu’on aille aux Locales sous la bannière de Benno bokk yaakaar et je crois que dans les négociations,  il est possible qu’on fasse des concessions.» Ce sont ces «concessions» qui se négocieraient entre Macky Sall et Khalifa Sall. Une rencontre entre les deux en janvier dernier est sur toutes les lèvres. Un «deal», confie-t-on, pour éviter un combat frontal. Le chef de l’Etat aurait, à cette occasion, sollicité du maire de Dakar un soutien, en contrepartie d’une réélection et sans candidat de son parti. Macky Sall lui aurait même suggéré de faire «une déclaration publique» en ce sens. Khalifa Sall lui aurait rétorqué que ce serait «prématuré». Un «deal» qui a avorté. La faute à des calculs de haute politique des deux côtés. C’est alors une guerre ouverte, susurre-t-on, dans les actes posés par les deux camps. D’aucuns mettent la sortie du maire socialiste sur l’Acte 3 de la décentralisation dans ce cadre. «L’Acte 3 de la décentralisation vient de mettre un trait sur 200 ans d’histoire de la Ville de Dakar et 300 ans pour Saint-Louis et Rufisque», se désolait Khalifa Sall. Une réforme qui met aussi, peut-être, un trait sur ses chances de rempiler. Dans tous les cas, ça a tout l’air d’une rébellion ouverte pour signifier au chef de l’Etat, non seulement son opposition à la réforme, mais à cette intention de réduire ses chances en refusant l’élection directe des conseils de ville dont Dakar. Une riposte de Macky Sall par  la construction de l’ambassade de Turquie sur la Corniche sans l’aval de la mairie de Dakar ? Certains le pensent fortement. Khalifa Sall ferait aussi un clin d’œil à Ousmane Tanor Dieng en criant tout haut- fait rare de sa part : «J’ai déjà dit à mon parti que son opinion (sur l’Acte 3) ne m’engage pas du tout.»
Pourtant, le secrétaire général du Ps était bien clair sur cette question. Invité de Grand jury du 3 mars 2013, il dit : «Khalifa Sall a mon soutien total. Bien sûr, il est notre candidat et celui de l’opinion. Il a un bilan que tout le monde apprécie, et il a fait de bons résultats (…).» Il n’empêche que le maire socialiste et en sursis avec l’élection indirecte des présidents de Conseil de ville. Comme les maires sortants de Pikine, Guédiawaye, Rufisque et Thiès et les potentiels autres candidats.

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source: http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6670-locales-macky-contre-khalifa-lamere-bataille-des-sall

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Lu 26663 fois Dernière modification le samedi, 22 mars 2014 18:48

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