BILAN DES DEUX ANS DE LA DEUXIEME ALTERNANCE - La politique sociale, l’étai de Macky Sall pour rempiler en 2017
Écrit par SENETOILE NEWSL'OBS - Dans le programme «Yonnu Yokkuté», le volet social occupe une place prépondérante. De la Couverture maladie universelle à la baisse du loyer et de la fiscalité sur les salaires, en passant par l’octroie de la bourse de sécurité familiale aux pauvres et aux vulnérables, Macky Sall a fait un grand bond vers sa réélection en 2017.
Tel un régime socialiste, Macky Sall a orienté sa politique vers le volet social. C’est pour, dit-il, réduire les inégalités sociales qui existent, à la limite du possible. En 2013, le président de la République, comme promis pendant la campagne électorale, a lancé la Couverture maladie universelle, la bourse de sécurité familiale et baissé le loyer et la fiscalité sur les salaires.
Des actes dignes d’un régime socialiste. Mais si certains programmes sont salutaires tels que la baisse du prix du loyer et de la fiscalité sur les salaires, les programmes comme la bourse de sécurité familiale et la Couverture maladie universelle présentent des contradictions, voire une certaine démagogie de la part du pouvoir en place. On serait même tenté de dire que Macky Sall cherche sa réélection auprès du monde rural.
Baisse du loyer, la révolution sociale
La baisse des prix du loyer a ôté une grosse épine du pied des locataires. Depuis que la loi sur la baisse du loyer a été publiée dans le Journal officiel dans un numéro spécial en date du 22 janvier 2014, désormais, les prix des loyers des baux à usage d’habitation, à l’exclusion de ceux dont la fixation a été obtenue suivant la méthode de la surface corrigée, sont baissés comme suit : 29% sur les loyers inférieurs à 150 000 francs ; 14% sur les loyers compris entre 150 000 et 500 000 FCfa et 4% sur les loyers supérieurs à 500 000 FCfa. Cette mesure, une véritable révolution sociale, a permis à des milliers de familles, surtout dakaroises où le loyer est anormalement cher, d’augmenter leur pouvoir d’achat. Selon une enquête de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), les locataires simples représenteraient 17,5% des ménages au Sénégal, dont 44,7% à Dakar où 0,5% des ménages serait locataire-acheteur. Pour ce qui est du logement et de la répartition des ménages selon le statut d’occupation, le monde rural serait «mieux loti», 92,8% des ruraux étant propriétaires, tandis qu’à Dakar, seuls 47,3% des ménages seraient propriétaires. Aujourd’hui, même s’il existe encore quelques poches de résistance de la part des bailleurs, la loi a fait ses effets. Selon l’article 3 de ladite loi, «toute violation de la présente loi expose son auteur à des sanctions prévues par la loi N° 81-21 du 25 juin 1981 réprimant la hausse illicite du loyer des locaux à usage d’habitation». Un numéro vert gratuit a été mis en place pour permettre aux populations de dénoncer tout bailleur récalcitrant.
Baisse de la fiscalité sur les salaires, la ruse de Macky Sall
A l’occasion de la traditionnelle cérémonie de remise des cahiers de doléances des centrales syndicales, au Palais de la République, le 1er mai 2012, Fête du Travail, Macky Sall a pris l’engagement de baisser la fiscalité sur les salaires des travailleurs. «Ce n’est pas possible pour cette année, mais je vous dis que la baisse de la fiscalité sur les salaires sera effective dès le premier janvier 2013», avait-il promis. Chose promise, chose faite. Le 1er janvier 2013, les travailleurs ont bénéficié d’une baisse allant de 15 000 à 90 000 FCfa. Les commerçants, eux, sont déchargés de 5 milliards de FCfa. Mais que leurre, car l’Etat incite simplement aux imposés de s’acquitter de leur devoir. Donner par la main droite, pour ensuite retirer par la main gauche. On pourrait dire que c’est par un tel procédé que Macky Sall est passé pour amener les salariés à payer leur impôt de leur bon gré, quitte à faire perdre 25 milliards de FCfa à l’Etat rien que sur les impôts sur les salaires. Néanmoins, la baisse de la fiscalité sur les salaires a augmenté le pouvoir d’achat des travailleurs. L’Etat a mis en place un système d’imposition simple et libératoire pour les personnes physiques titulaires de revenus fonciers annuels inférieurs à 6 millions de FCfa. Les droits d’enregistrements fonciers sont passés de 15 à 10%. En optant pour cette stratégie, Macky Sall cherche à développer une politique de logements sociaux, l’une de ses priorités. Dans cette «amnistie» fiscale, les entreprises n’ont pas bénéficié des fruits doux de Macky Sall. Mais bien au contraire. Il veut passer de 25 à 30% du taux des impôts sur les sociétés. Par la même occasion, il a augmenté la pension de retraite de 10%. C’est toujours dans le but d’augmenter le pouvoir d’achat des populations face à la vie chère. Car, devant la hausse des prix des denrées de première nécessité, les efforts du gouvernement ne se ressentent pas beaucoup.
La Couverture maladie universelle, la charrue avant les bœufs
Autre promesse de campagne, la Couverture maladie universelle. Le 20 septembre 2013 à Dakar, Macky Sall a joint l’acte à la parole. Il a procédé ce jour-là au lancement officiel de la Couverture maladie universelle, appelant les populations du monde rural et les travailleurs du secteur informel à adhérer massivement aux mutuelles de santé, aux personnes déjà membres d’une mutuelle de santé à régulariser les cotisations des membres de leurs familles. Pour le chef de l’Etat, les mutuelles de santé constituent, pour le moment, la stratégie la plus efficace pour faire bénéficier de la Couverture maladie universelle aux 80% de citoyens (monde rural et du secteur informel) qui ne bénéficient d’aucune couverture du risque maladie. Macky Sall a remis ce jour-là un chèque de 50 millions de FCfa à chacun des présidents des Unions régionales de mutuelles de santé de 11 régions sur les 14. Ce financement s’inscrit dans le cadre de l’appui de l’Etat à l’amélioration de la gouvernance et de la gestion de ces structures de solidarité pour leur permettre d’être plus performantes afin de retenir leurs membres, d’attirer et de fidéliser de nouveaux adhérents. Macky Sall a pris certaines mesures pour accompagner la Cmu, telles que : la création de la Caisse autonome de protection sociale universelle (Capsu) par le ministère de l’Economie et des Finances au courant du premier trimestre de l’année 2014, la mise en place de mécanismes de financements innovants faisant appel à la contribution du secteur privé, des collectivités locales, des Ong, des partenaires au développement et à la taxation de produits néfastes pour la santé. L’effectivité de la gratuité du ticket de consultation et de l’hospitalisation pour les enfants de moins de 5 ans dans les structures sanitaires était prévue pour le 1er octobre 2013. Le chef de l’Etat s’est engagé à mettre à disposition les ressources nécessaires à l’application de ces mesures qui s’inscrivent dans le cadre du Plan stratégique de la couverture maladie universelle 2013-2017, dont l’objectif est de porter la couverture maladie à 75% de la population en 2017. Le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, Représentant de l’Oms au Sénégal, a indiqué que la Cmu nécessiterait du «temps, des ressources et une conjugaison d’efforts coordonnés d’acteurs, travaillant en parfaite synergie». Le ministre de la Santé, Eva Marie Coll Seck, a reconnu la lourdeur d’un tel projet dans un système de santé sénégalais malade. «La Cmu est chère, les soins sont chers (…) nous avons un gap. Il nous faut 25 milliards de FCfa par an», alertait-elle. Alors que pour cette première phase, seulement 5 milliards sont en place. La prudence est de mise : «Nous allons le faire progressivement, car nous ne voulons pas nous engager, si nous ne sommes pas sûrs d’apporter le financement correspondant», a reconnu Ewa Marie Coll Seck. Mais quand Salif Sadio, chef rebelle, va jusqu’à débourser 3 600 000 FCfa pour la réparation du scanner de l’hôpital de Ziguinchor, c’est tout simplement ahurissant. Et pendant ce temps, on loue les bienfaits du plan de la Couverture maladie universelle 2013-2017 (Cmu). Ce n’est qu’une politique démagogique. Or, l’Etat peine à réfectionner et à équiper des hôpitaux qui n’existent que de nom, à doter des localités de centres de santé, à payer la dette des hôpitaux..., à satisfaire la revendication des médecins qui sont tout le temps en grève. Alors, il y a des préalables à ce vaste programme pourtant ambitieux. Comment dérouler un tel programme sans mettre dans de bonnes conditions les médecins, sans relever le plateau technique médical, sans avoir des médecins spécialisés... ? La Cmu marche vers l’échec comme le «Plan Sésame». Parce que tout simplement, elle a été mise en œuvre prématurément. Environ 80% de la population sénégalaise, composée des travailleurs du secteur informel et du monde rural, ne bénéficient d’aucune couverture maladie.
Bourse familiale, le paradoxe d’une politique sociale
Le 4 septembre 2013, Macky Sall lançait officiellement le Programme national de bourses de sécurité familiale (Pnbf), à Taïba Ndiaye, dans le département de Thiès (Ouest). Pour le Président, c’est un investissement «prioritaire dans la construction d’un Sénégal solidaire, prospère et émergent».Le Programme national de bourses et de sécurité familiale est une initiative visant à donner des bourses trimestrielles de 25 000 francs aux ménages les plus démunis du pays. Pour la phase de lancement, ce programme a enregistré 50 000 bénéficiaires pour un coût de 5 milliards de FCfa. «Ma vision à travers ce programme est de faire de la société sénégalaise, une société de paix, de solidarité et de justice sociale, où les inégalités sociales seront réduites à leur plus simple expression. Ce programme a débuté cette année avec une première enveloppe de cinq milliards de francs pour toucher 50 000 familles dans les départements de Tivaouane, Saint-Louis, Mbour, Ziguinchor et Dagana. Mais dès l’année prochaine, sur le budget 2014, nous avons déjà inscrit 10 milliards pour toucher 100 000 ménages. Et mon ambition c’est d’atteindre 250 000 familles, soit une population de 2,5 millions de personnes d’ici à 2017», avait décliné Macky Sall. Dans sa volonté d’aider les familles pauvres, Macky Sall a indiqué que les «inégalités se constatent (mais) les solidarités, elles, se construisent en se fondant sur une redistribution des équitables des ressources nationales».Le président de la République tient beaucoup à ce programme.«Cette ambition que je nourris pour le peuple sénégalais trouve sa source dans la Constitution. C’est pourquoi je ne ménagerai aucun effort pour renforcer notre politique de protection sociale articulée sur trois axes : la jeunesse, les femmes et le monde rural», avait-il indiqué.Avec environ 275 FCfa par jour et par famille, ce programme est encore très loin de sortir ces familles du seuil de pauvreté fixé à 2 dollars américains (au moins 1 000 FCfa) par jour et par personne.
Paradoxalement, l’inscription des étudiants, dont la plupart sont issus du monde rural, de L1 à L3 est fixée à 25 000 FCfa. S’y ajoute la suppression des bourses de nombreux étudiants issus du monde rural. L’incidence de la pauvreté monétaire est estimée à 46,7% en 2011, selon une enquête de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). La pauvreté est plus élevée en zone rurale avec une proportion de 57,1% contre 41,2% dans les autres zones urbaines et 26,1% à Dakar. Des études montrent que les écarts sont plus accentués dans les régions du Sud qui présentent encore des taux de pauvreté très nettement supérieurs, à l’image de celui de Kolda qui affiche 76,6%, Kédougou 71,3%, celle de Sédhiou 68,3% contre 66,8 % pour Ziguinchor.
CHIMERE JUNIOR LOPY
source:http://www.gfm.sn/actualites/item/12641-bilan-des-deux-ans-de-la-deuxieme-alternance-la-politique-sociale-letai-de-macky-sall-pour-rempiler-en-2017.html
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