«La seule chose qui a changé depuis son accession à la magistrature suprême, c’est la distribution des fonds politiques. Contrairement à son prédécesseur, le Président Macky Sall n’est pas adepte du «en veux-tu, en voilà». Macky Sall a retenu la leçon et réfléchit bien quand il s’agit «d’engraisser» ou de donner des moyens matériels et/ou financiers à certains cadres de son parti ou des alliés qui lui ont juré fidélité. Une démarche de prudence qui a fini de nuire à la sincérité de ses relations avec quelques uns de ses amis d’hier», confie cet habitué de l’espace présidentiel.

Mais même s’il ne se fait pas remarquer par ses largesses, Macky Sall, politique très futé, ne ferme pas pour autant les portes du Palais aux politiques. La cadence du défilé des personnalités politiques est plus soutenue que jamais. Et le Palais est devenu un laboratoire où s’élaborent les stratégies de combats politiques à venir et dont le point de chute est une réélection du Président Sall en 2017.   

Transhumance. Dans l’optique des élections municipales du 29 juin 2014, Macky Sall tient à s’assurer le soutien de tous. Il continue de tisser sa toile en s’entourant d’esprits avisés qui seront à même de lui peaufiner les meilleures stratégies possibles pour une victoire éclatante au soir du 29 juin. «Il y aura de grosses surprises après les élections du 29 juin. Les décisions de transhumance les plus inattendues seront rendues publiques. Les dénouements dans certaines affaires politico judiciaires auront des conséquences indéniables sur la configuration du paysage politique sénégalais d’ici à la fin de l’année. Et même les chefs religieux qui étaient jusqu’ici de simples observateurs, vont s’impliquer davantage», rassure ce fin observateur de l’espace présidentiel. Politisé, le périmètre présidentiel l’est à plus d’un  titre. Le président de la République qui, au début de son magistère avait voulu mettre de l’ordre dans les entrées et sorties, a vite rangé son projet au fond de ses tiroirs. C’est lui-même, selon notre source, qui autorise ou fait directement appel aux politiciens de son camp à qui il accorde de très longues audiences. Et cela, plusieurs fois dans la semaine lorsque les circonstances l’exigent. Ensemble, ils dressent les plans susceptibles de faire gagner les prochaines locales, mais aussi et surtout la présidentielle de 2017.

Reprise des conseils ministériels décentralisés. En fin connaisseur de la chose politique, Macky Sall souhaite rééditer le coup de 2012, en «battant campagne» aux côtés des responsables de partis ou de coalitions pour mener à bien la campagne électorale des Locales de juin prochain. N’en déplaise à ceux qui estiment qu’il n’en a pas le droit ! D’ailleurs, c’est dans cette optique que lors du premier Conseil des ministres de l’année 2014 (jeudi 2 janvier), il avait demandé au Premier ministre et à ses autres collaborateurs d’étudier les modalités de reprise des conseils de ministres décentralisés. Aussi, le mois de mars 2014 avait-il été retenu par son staff pour un redémarrage desdites réunions, en commençant par la région de Sédhiou. Suivront ensuite Thiès, Kaffrine, Kédougou et Dakar. Mais l’effectivité de ce programme a buté sur le calendrier international du Président Sall, avec surtout la préparation du Groupe consultatif de Paris les 24 et 25 février 2014, les exigences des concertations pour la mise en œuvre de l’acte III de la décentralisation administrative et les préparatifs de la fête du 4 avril 2014. Mais Macky Sall entend, avant la tenue des Locales, qu’il vient de confirmer après l’étude de plusieurs scénarii liés à un second report, déplacer son gouvernement dans ces régions. Ce sera l’occasion pour lui d’apporter son appui à ses troupes en vue des joutes qui se profilent à l’horizon, surtout à Thiès et à Dakar, où une victoire en juin aurait un impact politique certain sur la prochaine présidentielle. Ainsi, le chef de l’Etat entend reconduire pour les Locales, la même stratégie qu’en 2012, mais il compte également, en prélude à la présidentielle de 2017, démarrer courant 2015, une très longue précampagne, pour sa propre réélection cette fois-ci. C’est pour les nécessités de ce calendrier contraignant, nous affirme notre interlocuteur, qu’il a finalement accepté de faire tenir les Locales en juin 2014, abandonnant son vœu d’un second report et rejoignant même l’opposition sur certaines de ses propositions relatives au mode de scrutin qui, par moments, constituait le nœud des concertations au sein de la commission de revue du code électoral.

NDEYE FATOU SECK

SOURCE:http://www.gfm.sn/actualites/item/12703-locales-2014-macky-en-pr%C3%A9campagne.html