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Dim, Déc

Enseignement des mathématiques, sciences physiques… dans les collèges et lycées ces disciplines scientifiques en péril

Enseignement des mathématiques, sciences physiques… dans les collèges et lycées ces disciplines scientifiques en péril

Enseignement des mathématiques, sciences physiques… dans les collèges et lycées ces disciplines scientifiques en péril

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 En dépit d'une politique éducative centrée sur les filières scientifiques, les professeurs en Mathématiques, Science physique, Science de la vie et de la terre (Svt) se font de plus en plus rare dans les établissements moyens secondaires. Le déficit de professeurs dans ces disciplines persiste, et est devenu un casse-tête chinois pour les autorités académiques. Sud Quotidien se penche sur les facteurs d'une filière scientifique en décadence. Association de professeurs, étudiants, les responsables de la faculté de Sciences et Techniques (Fst) et de la Fastef (faculté des Sciences et Technologies de l'Education et de la Formation) se prononcent sur la question  

 

Le déficit des professeurs dans certaines disciplines, notamment en Mathématiques, Sciences physiques, Science de la Vie et de la Terre (Svt) est devenu un casse-tête chinois pour les autorités académiques. Pendant qu’un surplus de 1 287 enseignants est noté dans 16 disciplines dont 522 en Lettres, Histoire-Géographie et 166 en Lettres- Anglais, les élèves enseignants dans les disciplines scientifiques se font désirer dans les établissements moyen-secondaire. Le problème, semble-t-il, persiste jusqu’au niveau supérieur où la faculté des Sciences et Techniques (Fst) enregistre un déficit d’enseignant (voir par ailleurs).

Les résultats du dernier recensement du personnel enseignant réalisé par le ministère de l’Education nationale dans la période du 15 au 28 novembre 2012 ont mentionné un déficit de 99 professeurs dont 66 en mathématiques et 11 en Science physique et un surplus de 1 287 enseignants dans les autres filières non scientifiques. En attendant de résorber ce déficit avec la création d’une licence mathématique, spécialité enseignement dans les universités publiques, le mal demeure. 
 

 

 
A Fatick, l’Inspecteur d’Académie (IA), Amadou Moustapha Ndiaye, avait signalé un déficit d’une cinquantaine de professeurs dans le moyen-secondaire, notamment en mathématiques, Philosophie ou en Espagnole.C’est le cas aussi du lycée Waoundé Ndiaye de Bakel où les élèves, en grève, dénonçaient le manque de professeurs de mathématiques, de sciences physiques, de philosophie, de français et d’anglais.  Une situation inquiétante que le membre du bureau national de l’association des professeurs en Science physique explique par un certain nombre de facteurs de rejet de ces filières scientifiques.

Abdoulaye Djiby Tall s’est rendu compte que « les bons professeurs de mathématiques et de sciences physiques trouvent autre chose plus importante que d’enseigner et vident les classes ». Autre facteur explicatif de cette situation de délaissement est « la perception des élèves sur les  filières scientifiques qu’ils considèrent comme des disciplines pour les génies », dira M. Tall. Avant de poursuivre : «nous avons créé les conditions de diabolisation  de ces filières. On constatait que les élèves n’arrivaient rarement à avoir la moyenne. Par conséquent, ils se disent ne pas pouvoir réussir ».
 
«Les disciplines expérimentales, notamment les Sciences physiques et Svt nécessitent un certain nombre de matériels. Il y a plus de théorie que de pratique. Les élèves ne connaissent pas d’expériences. Ces facteurs peuvent expliquer que les élèves ont tendance à rejeter les filières scientifiques »,  a t-il ajouté.  Pour inverser la tendance, M. Tall, par ailleurs, Inspecteur de l’Enseignement moyen secondaire en Science Physique préconise une discrimination positive pour que nos enfants s’intéressent davantage à l’enseignement des sciences, de même que nos enseignants. Il explique que «le Président Senghor, à l’époque, donnait des bourses aux élèves et étudiants qui faisaient le Latin et le Grecque pour la promotion de la langue française ».  C’est pourquoi, dira M. Tall, que «régler la question de la problématique de la formation des enseignants, de l’équipement et de l’évaluation des élèves est une condition sine qua none pour booster les filières scientifiques ».
 
LES ETUDIANTS SE PRONONCENT «ETRE INGENIEUR PLUTOT QUE D'ENSEIGNER»
 
Les étudiants de la faculté des Sciences de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar ne sont pas allés par quatre chemins pour exprimer leur choix sur le métier de l'ingénierie plutôt qu'être enseignant. 
 
Les étudiants de la faculté des Sciences et Techniques de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) ont trouvé les raisons de ne pas embrasser le métier d'enseignant. Pendant que le déficit persiste dans certaines disciplines, notamment en Mathématiques, Sciences Physiques, Sciences de la Vie et de la Terre (Svt) dans les collèges et autres lycées, les étudiants n'envisagent pas d'épouser le métier de l'enseignant. «Je préfère être ingénieur. Les concours de l'Ecole supérieur polytechnique (Esp) et de l'Asecna nous donnent des opportunités de faire autre chose», a soutenu Waly Faye, étudiant en licence 2 du département de Physique-Chimie. 
 
Etudiante en première année de Licence en Physique-chimie, Penda Diagne a estimé que « le déficit des professeurs dans les filières scientifiques est une situation désolante. Pour elle, au regard des conditions de travail de nos professeurs, je me vois encore mal d'embrasser ce métier. Ils sont toujours en grève pour des revendications pécuniaires. Suffisant pour que je tente le métier d'ingénierie ».
 
Safiètou Diop embouche la même trompette que sa camarade de Faculté en déclarant que «les enseignants ne sont pas payés. Comment veux-tu que je sois enseignant après tout ce qu'on voit surtout les grèves. J'ai embrassé les filières pour faire autre chose que d'être d'enseignant ».
 
Cet étudiant en licence 2 du département de Physique-Chimie trouve les raisons du désamour entre étudiant de la Faculté des Sciences et Techniques et le métier de l'enseignant dans le recrutement au niveau de la Faculté des Sciences et techniques de l'Education et de la formation(Fastef).
 
« Je vois ici beaucoup d'étudiants en master qui n'ont pas été sélectionnés, alors que le déficit d'enseignants dans les filières scientifiques persiste. Le métier d'enseignant est très difficile», a souligné Waly Faye.
 
Contrairement à ses camarades, Moussa Diop envisage d'embrasser le métier d'enseignant. Cet étudiant en préparation du Concours de la Fastef estime toutefois : « il faut un minimum de paramètres, notamment des livres, des laboratoires équipés. Je ne le vois pas dans les collèges et lycées surtout à l'intérieur.  On sait que les mathématiques sont difficiles ».

SOCIETES D'ASSURANCES, BANQUES, MINISTERES, INDUSTRIES - CES STRUCTURES QUI «VIDENT»  LE PERSONNEL EDUCATIF
 
Pourquoi il n'y a pas d'assez professeurs dans les disciplines scientifiques ? La question mérite bien d'être posée au regard du nombre d'étudiants qui frappe à la porte de la Fst et de la Fastef. Le professeur Hamidou Dathe trouve la réponse dans le fait que ces professeurs des filières scientifiques s'adonnent à d'autres activités après une bonne expérience obtenue dans les établissements. Ils laissent ainsi les craies pour se lancer dans les sociétés d'assurances, les banques, les ministères et autres institutions à la quête d'un meilleur revenu. Selon Hamidou Dathe, ces structures font appel à ces professeurs. 
 
L'Assesseur de la Fastef va dans le même sens en soulignant que les étudiants en mathématiques sont beaucoup sollicités dans les secteurs de l'Industrie, des Banques et autres qui ont un bon traitement salarial. «Ils sont nombreux à avoir leur diplôme, mais ne viennent pas concourir à la Fastef. Ils viennent enseigner que quand les portes sont fermées au niveau de ces secteurs» Pour inverser la tendance et maintenir les mathématiciens et physiciens dans les classes, Hamidou Dathe préconise une motivation supplémentaire et conséquente de ces professeurs. «Il s'agit de dégager les  voies et moyens de maintenir les enseignants et attirer les élèves vers ces filières. Nous avions à l'époque le programme de formation des relèves », dit-il.
 
LES POLITIQUES EDUCATIVES  - L'URGENCE D'ELARGIR L'OFFRE SCIENTIFIQUE
 
Seuls 4% des bacheliers sont orientés dans les filières scientifiques. C'est l'avis du professeur Cheikh Bécaye Youm dans son discours inaugural à l'occasion de la cérémonie officielle de remise des prix du Concours général 2014. Le constat frappe aux yeux et interpelle les autorités au plus haut sommet. C'est le président de la République lui-même qui s'est prononcé sur cette question en indiquant cette baisse des effectifs dans ces filières est une préoccupation majeure des pouvoirs publics. 
 
Pour Macky Sall, «la prise en compte de ces filières dans notre système éducatif demeure une priorité absolue pour l'émergence du Sénégal ». C'est à cet effet qu'il annonce « l'élargissement de l'offre scientifique et technique qui va se traduire par la création de lycées d'excellences, professionnels, scientifiques, entre autres, sur le territoire national ». 
 
En attendant la matérialisation des promesses
 
Pour donner un coup de pouce aux filières scientifiques et technologiques, le Président a annoncé un financement estimé à 15 milliards pour moderniser des laboratoires universitaires et scolaires. Déjà 1 milliard est inscrit dans le budget du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (Mesr). Macky Sall a informé que « l'enveloppe du grand prix du chef de l'Etat passe de 25 millions à 50 millions FCfa pour encourager les carrières scientifiques ». Tout en renouvelant son souhait de doter le Sénégal d'un centre de recherche nucléaire.
 
source :http://www.sudonline.sn/ces-disciplines-scientifiques-en-peril_a_20331.html