L’homme donc, sur sa chaise roulante, prie Dieu, entre dans la piscine d’eau bénite avec sa chaise roulante, la traverse en psalmodiant, et en ressort…avec des pneus neufs à sa chaise roulante. Mimi, ce qu’elle peut faire, c’est nous donner des pneus neufs. Car, la vérité pour arriver à accélérer, sera dure à dire en période électorale. La vérité c’est qu’on ne peut développer un pays sans travailler. Nos populations sont persuadées que pour avoir une maison, ou une voiture et même avoir un trousseau pour l’école des enfants, il suffit de se munir d’un portable et d’envoyer des SMS à Pape Cheikh Diallo ou à Boub’s. Le miracle pour Mimi sera réalisé quand elle tiendra ce langage de vérité aux sénégalais, et qu’elle mettra sa réputée intransigeance au service de cet objectif.

Elle a deux atouts pour elle, délivrés dans un portrait fait sur la Rfm, ce mercredi. D’abord, elle a été sprinteuse. Pour accélérer la cadence, ça peut servir. Ensuite, elle a été arrière gauche dans l’équipe de football féminin « Les Gazelles », réputée pour ses tacles sur des ailières qui tentaient de la déborder. Cette qualité sera primordiale avec tous les malins qui voudront tenter de la déborder.

Mimi est politique, nous a-t-on dit. Bien. Sera-t-elle politique et en même temps réaliste ? On voudra parfois des souplesses de sa part quand certaines échéances approcheront. Et si elle reste arcboutée sur ses principes qu’elle a, chevillés au corps, alors elle sera encore la cible non pas des politiques, mais des politiciens qui veulent seulement se faire aimer de nous.

Or, nous, ce qu’on aime, c’est rêver, avoir sans bosser, aller voir des voyants, demander à ce que l’argent soit non pas gagné, mais distribué, cœur de la trouvaille sémantique du « deuk bi dafa Makhy », et du célèbre « l’argent ne circule plus. ». Et si à quelques encablures des locales pas du tout gagnées par ses amis, elle doit continuer à les tacler sur les ailes d’un budget exsangue, eh bien, on fera appel à un nouvel accélérateur. Et là, il ne nous restera que les yeux pour pleurer…

Pour changer la situation, il faudrait penser à commencer à changer les Sénégalais dans leur ADN, et ce n’est pas là « affaire de politique ». Ce n’était pas la mission d’Abdoul Mbaye.

Mais que reproche-t-on au juste à Abdoul Mbaye pour l’avoir remercié, alors qu’il n’a même pas bouclé ses 2 ans à la tête du gouvernement ? Que d’hypothèses avancées ! Les météorologues politiques ont émis l’hypothèse de ses propos tenus sur Tfm, laissant entendre qu’il ne militait pas à l’Apr, qu’il ne pouvait faire de miracles sur les baisses des denrées alimentaires, que réaliser tout ça avec seulement 3% de croissance est long.

En période pré-électorale, ces propos sont suicidaires et taquinent le fusible qu’est naturellement tout premier ministre dans notre Sénégal si présidentialiste. Parce qu’à ce moment, vous vous heurtez, non pas seulement à ‘implacable vérité, mais aux hommes qui, autour du président, ont fait de cette proximité, la base de leur carrière d’homme politique, qui sous nos latitudes, n’est pas un sacerdoce mais un métier, en plus d’être porteur de privilèges et d’avantages auxquels on s’habitue si vite n’est-ce pas…

Mais dans le fond c’est la nature du régime, présidentialiste au demeurant où tout est ramené au président qui enlève à nos PM, tous leurs pouvoirs. Même les populations en rogne, en appellent toujours à l’arbitrage du Président de la République. Dans ce gouvernement passé, le Premier ministre n’avait nommé presque personne. Comment dans ce cas son autorité pouvait-elle s’exercer ? On ne pouvait quand même pas dire qu’Aminata Touré était sous l’autorité de ce dernier, le chef du gouvernement.

Mais dans tous les cas, il fallait bien que quelqu’un payât et Abdoul Mbaye était le bouc émissaire idéal, puisque le Président de la République ne pouvait en aucun cas partir. Quand ça ne fonctionne pas, il est bien sûr obligé de se défausser sur quelqu’un qu’on appelle fusible et qui se trouve être Abdoul Mbaye. La fameuse déclaration dans cette interview et selon laquelle, si Abdoul Mbaye était mêlée à cette histoire de Habré, n’était en réalité qu’un prétexte, puisque Macky, ancien ministre de l’Intérieur, est plus informé que cela.

La principale raison, c’est que bientôt 2 ans et la mayonnaise a du mal à prendre et on ne voit pas du tout la voie du "Yoonnu Yokkuté", pour reprendre le slogan de campagne de Macky Sall. Il ne reste plus que 2 ans et 1 an de campagne d’après Idy. La vérité aussi, est que les médias n’ont pas été indulgents avec Macky Sall à qui ils ont demandé ce qu’ils n’avaient pas demandé à Wade en si peu de temps car si on se rappelle bien, Wade n’avait pas fait grand chose dans les premières années de son mandat. On se souvient du « Laisser Pabi travailler » qui revenait tout le temps.

Quoi qu’il en soit, Abdoul Mbaye, parti, Mimi occupe désormais le fauteuil. Et tous les médias ont repris en chœur la phrase fétiche : "Cette nomination est placée sous le sceau de l’accélération". Abdoul Mbaye était peut-être un peu trop lent. Mais il faudra à Mimi plus que de l’accélération, de l’accélération réfléchie. Puisqu’on l’a connue débordante d’énergie, intransigeante, répondant au coup par coup à ceux là qui ont voulu torpiller sa mission, communiquant à outrance à tel point que d’aucuns se sont même demandé si elle n’était finalement pas excessive, zélée, pressée avec la conséquence d’un dossier Karim Wade finalement pollué par ses détracteurs qui ont utilisé "leurs médias" et "leurs journalistes" comme elle l’avait si bien résumé Mimi pour faire passer des contrevérités, manipuler.

Tenez, une affaire qu’on était sur le point d’oublier, éclipsée qu’elle étest par le remaniement ministériel, c’est bien le dossier Tahibou Ndiaye. Une affaire qui est en fait le signe que l’on peut transiger avec ceux qui prennent les biens de la République, et s’arranger avec les valeurs de la République. Cet ancien directeur du cadastre, au cœur du système de prédation foncière établi par Wade et ses compères, s’est vu délester de toute sa prétendue fortune.

Il nous fait ensuite pleurer dans tous les médias, donnant même des interviews pour dire qu’il est ruiné et qu’il est devenu pauvre comme avant 2000. Quelle souffrance. Il a transigé sur quels montants ? Mystère et boule de gomme ! Quels sont les terrains qu’il a rendus ? Sait-on tout ce qui s’est passé dans les locaux de la Crei, desquels il est ressorti aussi libre que l’air vicié que ces affaires ont distillé dans notre atmosphère démocratique ? Qui peut croire qu’un homme qui est prévenu depuis 6 mois qu’on va lui tomber dessus, n’a pas eu le temps de se prêter à une vaste entreprise de dissimulation de son patrimoine ?

Dans nos journaux nous avons eu droit à toutes sortes d’infos et de contre-infos. Certains journaux nous ont d’abord dit qu’il s’était arcbouté comme un forcené à son patrimoine, refusant de céder sur le moindre centimètre carré, d’autres nous ont signalé son abattement et ses dispositions à tout rendre à condition de retrouver la liberté, bref, on a eu droit au chaud et au froid. D’où le malaise, et ce sentiment qu’on nous mène en bateau.

Cette traque des biens mal acquis devient risible. Mais en attendant que Mimi de Lourdes fasse ses miracle, la croisière s’amuse dans un grand feu d’artifices avec des Sénégalaiseries de toutes les…douleurs.

Nettali

source :http://www.nettali.net/spip.php?article32155